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Citations sur Je rêvais d'un autre monde (36)

Tous les adolescents en rupture scolaire ne sont pas radicaux ! Mais peu de radicalisés arrivent à s’investir dans leur apprentissage, puisqu’ils perçoivent leurs enseignants comme des personnes payées par les sociétés secrètes pour les endoctriner. Persuadés d’avoir plus de discernement parce qu’ils sont élus, les radicalisés craignent que l’Éducation nationale les prive de leur libre arbitre. Cette rupture de confiance envers les adultes-repères crée une baisse d’investissement scolaire qui retentit sur les notes. Il n’est pas rare que d’excellents élèves passent du 18 au 5 de moyenne générale en quelques semaines de relation avec le groupe radical. Ceux qui avaient déjà des difficultés scolaires ont du mal à ne pas tomber dans l’absentéisme pur et dur. Tous ont l’impression de perdre leur temps ou, pire, de se mettre en danger en écoutant de « fausses vérités ».
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On ne combattra pas Daesh uniquement avec des bombes. On ne peut pas « sortir » les jeunes de l’idéologie de Daesh si l’on ne part pas de leur motif d’engagement et des procédés utilisés par les rabatteurs français. Pour bien lutter contre cette chaîne de la mort, il faut déjà en comprendre le processus, observer les petits pas, distinguer les différentes étapes et rendre visibles les fils invisibles des recruteurs. Puisque les jeunes cherchent une réponse à leurs questions existentielles, qu’ils se sentent baignés dans une sorte de cohérence entre leurs besoins et leur engagement, il faut les amener à se rendre compte du décalage entre le mythe présenté par le discours radical (par exemple, régénérer le monde en possédant la Vérité), leur motif personnel (par exemple, être enfin utile) et la déclinaison réelle de l’idéologie (devenir complice de l’extermination de tous ceux qui ne sont pas comme eux).
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Le jeune enchaîne les liens YouTube d’autant plus facilement qu’il se sent en sécurité dans sa chambre. On lui apprend maintenant que ces sociétés secrètes placent dans les publicités des œuvres d’art, des morceaux de musique, des images subliminales pour détourner les gens de la seule force capable de les combattre : le vrai islam, détenu non pas par la masse endormie des musulmans mais par les « véridiques », ceux qui se sont réveillés et qui ont accédé à la Vérité. C’est là que l’islam entre en scène.
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Les recruteurs s’adaptent à son profil : ils proposent différentes raisons de « faire le djihad ». Ils adaptent leur discours aux aspirations cognitives et émotionnelles de chaque jeune, faisant miroiter de l’humanitaire à celui qui veut être utile, un monde utopique à celui qui trouve la société injuste, la mort à celui qui est dépressif, la vengeance à celui qui a été discriminé, la protection à la fille qui a été violentée, etc. Le jeune évolue alors vers une idéologie reliée à une identité collective. L’aspect « religieux » est néanmoins très important dans la radicalisation djihadiste car, au-delà de la justification idéologique qu’il légitime, l’islam se présente comme un récit qui permet non seulement de donner un sens à sa vie mais aussi de vivre en groupe. Comme le dit l’anthropologue franco-américain Scott Atran, « l’aspect religieux, certes, constitue la cause qui fédère ces compagnons dans un premier temps, mais ce qu’ils recherchent, c’est la force du lien ».
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Daesh n’est pas une secte, même si les recruteurs francophones recourent parfois à certains procédés de groupes sectaires. C’est un mouvement totalitaire qui a un projet de purification interne (envers les autres musulmans) et d’extermination externe (envers tous les non-musulmans, croyants ou pas). Il tue les gens non pas pour ce qu’ils font mais pour ce qu’ils sont. « Un régime politique peut produire un monde plus ou moins juste, garantir plus ou moins de liberté au peuple, mais le totalitarisme ne se préoccupe plus d’édifier un monde, il ne vise qu’à la réalisation d’une idée. L’État est au service du mouvement », affirmait Hannah Arendt. C’est exactement ce qu’il se passe en Syrie et en Irak : Al-Baghdadi s’est autoproclamé calife pour établir l’État islamique, mais cet « État » ne vise qu’à la réalisation d’un projet de conquête du monde pour y imposer sa conception de la charia.
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Le vêtement couvrant n’attire pas tous les jeunes pour les mêmes raisons. Il donne l’illusion de la protection, de la fusion, mais permet aussi de se distinguer des « autres ». C’est cet aspect qui attire Farid, pendant son adolescence, car il n’arrive pas à se projeter au sein de la société. Depuis son entrée au collège, rien ne l’intéresse, mis à part la perspective de s’échapper des cours… Lorsqu’il rencontre les salafistes, le kamis prend une importance fondamentale : « Leur apparence vestimentaire, c’est la première chose que je repère chez eux. Je suis instantanément attiré par le kamis, il devient un objectif en lui-même.
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Le kamis était ma nouvelle peau. » Revêtir une nouvelle peau donne le sentiment de se régénérer :  À partir du moment où j’ai porté les kamis, j’ai eu l’impression d’être un autre, d’avoir une nouvelle identité. » Farid n’arrivait à lire aucun livre recommandé par le milieu scolaire. En revanche, il se met à dévorer des ouvrages théologiques. Lui qui rejette tout apprentissage se passionne pour la langue arabe : « Le basculement dans la religion m’a motivé. En fait, je voulais vraiment être en rupture avec ma vie d’avant.
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Contrairement à ce que l’on pense, la jeune fille n’a pas besoin d’être vierge pour faire partie de « ceux qui détiennent la vérité ». Au contraire, l’embrigadement propose une « nouvelle naissance », une sorte de régénération personnelle. Peu importe ce que l’on a vécu avant, la nouvelle vie commence maintenant, lorsqu’on est élu par Dieu.
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Lorsque nous suivons le jeune en déradicalisation, une vraie « désintoxication » du jilbab ou du niqab s’opère alors. Les filles sont souvent « attachées », au sens propre du terme, à ce qu’elles considèrent comme leur « meilleur ami » ou leur « doudou »… Ce vêtement incarne une fonction différente pour chacun. Isabelle l’investit d’abord comme une enveloppe protectrice. Lorsqu’elle va tenter de l’ôter pour porter un simple foulard (hijab), à notre demande, la panique l’envahit, comme si l’extérieur pouvait lui faire du mal. Elle va devoir apprendre à protéger son corps autrement et trouver un autre moyen pour définir ses limites corporelles.
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Les salafistes piétistes, opposés à la violence, l’emploient aussi. Omar, jeune converti, a d’abord adhéré au salafisme : « On nous répétait sans cesse ce verset : “Les juifs et les chrétiens ne seront satisfaits de toi que lorsque tu suivras leur voie.” On te rabâche aussi un autre verset : “Ils ne cesseront de vous combattre jusqu’à vous faire quitter votre religion.” En fait, ces deux versets se rejoignent sur leur finalité : le monde extérieur veut tout faire pour te faire quitter ta religion… »
Le kamis est utilisé pour se distinguer de ceux qui sont dans le faux et se reconnaître entre soi : « Du coup, tu es persuadé que tous ceux qui ne sont pas convertis vont tout faire pour te détourner de ta religion. C’est pour cette raison qu’on te dit de ne pas t’habiller comme eux, de ne pas parler comme eux, de ne pas penser comme eux…
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