AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,24

sur 629 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ontario, 17ème siècle : l'arrivée des Jésuites, sur fond de guerre de clans instrumentalisée par les Français et les Anglais.
Dans ce roman choral, on entend successivement la voix de Christophe, jésuite breton qui s'installe chez les Hurons, celle d'Oiseau, chef guerrier et celle de Chutes-de-Neige, sa fille adoptive, une enfant iroquoise capturée.
Disons-le tout net : j'avais adoré Les saisons de la solitude, je n'ai pas retrouvé dans celui-ci l'écriture poétique, l'ampleur romanesque qui m'avaient plu.
Pire : à plusieurs reprises j'ai eu l'impression de lire un catalogue de croyances, de rites et de traditions, sur lesquels Boyden se serait abondamment documenté pour les ressortir sous forme romancée.
(Lorsque j'avais lu Les saisons de la solitude, je ne savais pas encore que Boyden était un "Pretendian", une de ces personnes qui se prétendent d'ascendance indienne sans l'être. J'admets qu'apprendre cette tromperie a entraîné un petit préjugé défavorable en commençant cette nouvelle lecture...)
Des trois personnages principaux, seul le jésuite, dans sa soutane crasseuse, est doté d'une psychologie fouillée, d'une personnalité intéressante. Témoin de la violence guerrière, des tortures infligées aux captifs, il les met en parallèle avec la violence des Croisades, de l'Inquisition et des bûchers où meurent les "sorcières".
En revanche, les pensées d'Oiseau m'ont semblé répétitives, et celles de Chutes-de-Neige (qui accepte bien facilement son sort) plutôt superficielles. Ayant terminé le livre il y a dix jours, je réalise que j'ai bien peu retenu de leurs chapitres.
Bref, une lecture inégale, qui m'a plu sans m'emporter.
Merci à Anne-So (dannso), Doriane (Yaena) et Sandrine (HundredDreams) qui m'ont accompagnée dans cette lecture commune.
Traduction sans faille de Michel Lederer.
Commenter  J’apprécie          32103
J'ai découvert l'an dernier Joseph Boyden avec le chemin des âmes, coup de coeur absolu. Il n'est jamais simple dans ce cas de lire un autre livre de l'auteur, et cela a été le cas pour celui-ci. Les souvenirs de l'autre étaient encore très présents dans ma mémoire, même si ma lecture date de plus de huit mois. Et la comparaison n'était pas en faveur de celui-ci.
Il m'a donc fallu un peu de temps pour entrer dans ce roman et oublier Xavier, Elijah et Niska.

L'histoire se situe au Canada, au XVIIe siècle. Les Français commencent à s'établir dans ce nouveau monde, et y apportent maladies, alcoolisme, armes à feu et religion, la leur bien sûr. Que des choses positives, n'est-ce-pas !

Ce sont les Jésuites, qui vont prêcher pour la religion en partant vivre au sein de tribus pour essayer de les convertir à la foi catholique, complètement hermétiques au mode de vie des indiens, à leur communion avec la nature, à la richesse de leurs croyances. C'est toujours la même histoire qui se répète quand un peuple qui se croit civilisé, entreprend de coloniser une terre en méprisant les habitants indigènes, en voulant absolument les convertir à leur mode de vie, sous prétexte qu'il est supérieur à leurs yeux.

Certes, tout n'est pas rose dans ces contrées avant l'arrivée des Français. La vie n'est pas un long fleuve tranquille, et les différentes tribus indiennes ne vivent pas en paix. Les guerres entre eux reviennent régulièrement à coups d'escarmouches et de captures, les captifs étant ensuite soumis à de douloureuses tortures dont j'aurais préféré que l'auteur évite les longues descriptions. Mais, ces indiens partagent quand même une vision du monde, un code de conduite que les Français vont s'acharner à détruire, tout en attisant les haines ancestrales pour leur profit.

Tout cela, l'auteur l'aborde par un récit choral qui fait s'exprimer tout à tour trois personnages, enrichissant ainsi la présentation des faits, par les visions différentes de ceux-ci.
Avec par ordre d'apparition, Christophe jeune jésuite, en mauvaise posture dans ces premiers chapitres, fait prisonnier par une tribu d'indiens Hurons, qui l'admettra finalement dans son village, surnommé le Corbeau en raison de sa soutane noire.
Puis, Oiseau, le chef de ce petit détachement de Jurons, dont la famille a été décimée par les Iroquois et qui depuis se venge en organisant des raids meurtriers contre des petits groups d'Iroquois.
Et enfin, Chute-de-Neige, jeune fille iroquoise capturée par Oiseau après l'extermination de sa famille par Oiseau et ses hommes. Elle deviendra la fille adoptive d'Oiseau, et mettra du temps à accepter cette nouvelle filiation.

A travers les récits croisés de ces trois principaux personnages et l'évocation d'un certain nombre d'autres, en particulier des femmes indiennes des Hurons dont l'aide sera très utile à Chute-de-Neige, l'auteur aborde la vie dans ces contrées, à cette époque de transition. Les Européens sont arrivés, mais sont encore minoritaires. Cependant leur présence va déjà avoir un impact très négatif sur les indiens. Et cela, en premier lieu par les maladies, qu'ils vont leur transmettre et qui vont décimer les populations indiennes, brisant l'équilibre entre les tribus.

J'ai beaucoup aimé la description de la vie des indiens (si l'on excepte les tortures dont j'ai déjà parlé), leur rapport à la nature, leurs rites, leurs rêves, leur attachement à leurs traditions. C'est une civilisation que je trouve infiniment riche et dont il ne reste malheureusement pas grand-chose aujourd'hui, tant elle a été détruite par les nouveaux arrivés, ces hommes blancs.
L'auteur dans ces pages raconte le début de ce déclin, que les indiens perçoivent et contre lequel ils ne peuvent se défendre.
Un roman moins immédiatement prenant, émouvant, superbe que le chemin des âmes, mais qui aura su finalement me captiver.
Commenter  J’apprécie          6535
Ce qu'on appelle Canada était alors une mosaïque de territoires où vivaient, la plupart du temps en violente compagnie, des peuplades de guerriers et de chasseurs. Et puis les bateaux français sont arrivés, avec à leur bord des soldats, des prêtres, des commerçants, et depuis lors, pour les uns comme pour les autres, la vie a changé. Certains se sont enrichis, beaucoup de sang a coulé, la maladie a frappé. L'action se passe chez les Wendat, que les Français ont baptisé Hurons, en guerre contre les Iroquois, une peuplade pour qui l'extrême violence est coutumière. On suit la vie quotidienne des prmiers, agriculteurs, chasseurs, qui commercent volontiers avec l'envahisseur, et vivent sur la défensive des agressions Iroquoises . Un prêtre jésuite halluciné, tout d'abord enlevé par les indigènes, devient malgré tout, un membre à part entière de la communauté, un membre haï, mais respecté.
Commenter  J’apprécie          40
Trois personnages, trois voix qui alternent et se mêlent dans les vastes étendues canadiennes du XVIIe siècle.
Celle de Christophe, le père jésuite, qui a quitté sa Bretagne natale pour évangéliser les Sauvages et leur porter la parole sacrée du Christ.
Celle de Chutes-de-Neige, jeune iroquoise, qui a vu sa famille massacrée par un Huron.
Celle d'Oiseau, l'Indien responsable de ce massacre, qui décide de faire de Chutes-de Neige sa fille adoptive.
Leurs points de vue alternent au fil des lunes et des saisons, rythmées par les prières des prêtres, les travaux des champs, la pratique des rites ancestraux. Les événements racontés sont les mêmes, mais chaque personnage les voit avec ses croyances, ses idéaux, ses rêves et ses désirs, qui évidemment, s'opposent les uns aux autres. Certains passages particulièrement cruels peuvent faire frémir, mais c'est surtout cette étrange cohabitation qui donne à réfléchir, alors même qu'elle semble impossible, ces êtres que tout oppose parvenant finalement à se lier même sans le vouloir, tout en se montrant obstinés à ne pas changer.
Commenter  J’apprécie          190
Outre le fait de nous faire ressentir des émotions, la lecture a également pour but de nous informer, d'enrichir notre savoir et notre culture. Et ce livre illustre parfaitement ces missions.
Suite à cette lecture, j'ai énormément appris et je reconnais que j'ignorais ces pages d'Histoire. Oui, c'est vrai, j'ai entendu parler ou j'ai lu des textes à propos de ces massacres d'Indiens mais jamais à un tel niveau.
Par des descriptions précises, l'auteur nous emmène dans cette région du Canada. Les mots rigoureusement choisis expriment parfaitement le quotidien de ces tribus. Ils nous paraissent proches de la vérité historique puisque l'auteur décrit aussi bien leur mode de vie, leurs luttes, leurs traditions, leurs croyances, leurs rites funéraires, leurs pratiques guerrières. Attention, certains passages sont difficiles et certains même tout à fait insoutenables. Ils témoignent toutefois de l'absurdité de la guerre.
C'est dons un livre foncièrement historique mais au-delà de l'Histoire, c'est également une avalanche d'émotions. Celles-ci sont accentuées par le fait que 3 narrateurs interviennent : Christophe, le père jésuite, Oiseau, le chef huron et Chutes de Neige, la jeune Iroquoise. Chacun leur tour, ils nous relatent leur quotidien mais aussi leurs sentiments. On apprend à les connaitre, à comprendre leurs réactions et surtout à voir l'évolution de leurs relations.
C'est parfois difficile de se trouver face à un peuple aussi tolérant, raffiné, respectueux de la nature et qui peut se révéler cruel, impitoyable. Là, aussi, on comprend l'absurdité de la guerre.
J'ai éprouvé un énorme sentiment d'injustice face à ces personnes, manipulées par les autorités en place puis abandonnées sans aucune considération à leur triste sort.
C'est parfois, long, surtout au début et c'est une lecture qui m'a demandé du temps, de la concentration mais curieusement, le livre terminé, j'ai ressenti une impression d'abandon, une sorte de vide, la tristesse d' abandonner les personnages dans une situation qu'ils n'avaient pas méritée.
Avec ce roman, l'auteur rend un vibrant hommage à ces peuples sacrifiés et nous livre un beau plaidoyer pour la paix.
Commenter  J’apprécie          110
Âmes sensibles, passez votre chemin !
Ayant lu le Chemin des Âmes que j'avais particulièrement apprécié, j'avais envie de découvrir un autre roman de Joseph Boyden. Au début, j'ai été très enthousiaste puisque l'auteur racontait l'histoire des Wendats, dont j'avais visité le musée, à Québec. Mais même si je salue le travail historique que l'auteur a dû effectuer pour raconter avec tant de précisions la venue des religieux français au Canada ainsi que les conflits entre les Premières Nations qui chacune avait pris parti soit pour les Français soit pour les Anglais, j'ai eu du mal à terminer la lecture de ce livre. En effet, les scènes de violence sont particulièrement atroces et cette violence est récurrente. Bien sûr, Joseph Boyden montre bien le clash culturel et religieux entre les Européens et les Premières Nations , les incompréhensions mutuelles, la condescendance des religieux et aussi leur naïveté parfois. le fait que les religieux soient surnommés "Corbeaux" est assez parlant et amusant d'une certaine manière. On apprend beaucoup de choses sur la vie et les coutumes des différents peuples mis en présence dans ce roman, notamment l'adoption des membres du peuple ennemi. Les maisons-longues sont très bien décrites. La difficulté de survivre à l'hiver faute de réserve de nourriture suffisante est très bien montrée également. Joseph Boyden parvient à nous plonger dans cette nature sauvage et hostile où la survie tient à un fil ou plutôt à la solidarité entre les membres du village ; la solidarité qui existe entre Européens et Premières Nations est assez étonnante.
La foi fluctuante de Christophe Corbeau est très forte à la fin du roman et il vit son martyre à l'image de celui de Jésus-Christ. Joseph Boyden semble bien renseigné sur les croyances des uns et des autres. Il nous ouvre à celles des Premières Nations, croyances qui ont des similitudes au final avec un besoin de croire qu'il existe une vie après la mort.
Commenter  J’apprécie          00
Très beau roman se déroulant au Canada au 17ème siècle. Trois voix nous racontent à tour de rôle le récit de cette histoire : un jeune jésuite français venu convertir les indiens au christianisme, un chef de guerre huron et une jeune captive iroquoise (les Hurons et Iroquois étant des peuples indiens ennemis). Chacun prend la parole pour nous montrer son point de vue, ses différences, ses opinions. Ce procédé permet de mieux comprendre et appréhender les visions différentes entre européens et indiens et entre les peuples indiens ennemis. La culture indienne et ses traditions sont très bien décrites et nous font partager un monde plein d'esprits, de magie et aussi de cruauté.
Commenter  J’apprécie          40
Trois voix : celle d'un jésuite français venir convertir les « sauvages » au christianisme, d'un chef de guerre Huron et d'une jeune captive iroquoise nous comptent les grands espaces canadiens du XVIIe siècle à travers le mode de vie, les croyances et les coutumes des tribus indiennes. Si ce peuple est généreux et totalement libre, il est aussi extrêmement barbare envers ses ennemis et impitoyable. D'un autre côté, les Européens venus commercer avec eux et conquérir ce nouveau monde apportent leur flot de maladies qui déciment les peuples et l'alcool, dont ils n'avaient vraiment pas besoin … Une magnifique histoire tragique qui prend aux tripes et me hantera encore longtemps.
Commenter  J’apprécie          70
Faites l'expérience de la vie de peuples Amérindiens, indigènes de cette Amérique qu'on connaît mal, tellement on nous l'a tronquée.
Plusieurs voix, plus regards.
Il y a beaucoup d'horreurs dans ces peuples, la vengeance cruelles, tout autant qu'il y a eu beaucoup d'horreurs dans le christianisme d'antan.
Mais il y a beaucoup de belles valeurs et à apprendre des ces peuples, et il n'y a pas que du mal non plus dans certaines valeurs chrétiennes, ils n'ont pas réussi à cohabiter, à s'entrepénétrer constructivement. On a détruit le meilleur de chacun.
Je parle du passé au présent ou du présent au passé. Ce genre de livre est reconstructeur. En même temps, ça nous donne aussi l'impression d'avoir beaucoup perdu.
Réveille-toi, homme, bête malade...
(Je trouve ce livre trop long. Et l'écriture/style ne transcende pas suffisamment, il faudrait des images, une série, un film, que sais-je, encore.)
Commenter  J’apprécie          30
J'ai tardé à faire cette critique (13 jours) et je m'en veux : certaines impressions s'estompent déjà. Il faut dire que le confinent ne m'aide pas ; j'ai ces temps-ci la puissance de concentration d'un poisson rouge… Dans le grand cercle du monde est un roman puissant et, malgré ce que je viens de dire, marquant. Joseph Boyden met en scène trois narrateurs à la première personne dont les récits se succèdent et qui, parfois, racontent le même événement, nous donnant ainsi à voir différentes perceptions. Vraiment différentes, ces perceptions, et pour cause ! le père Christophe, un de ces jésuites envoyés en Nouvelle-France pour évangéliser les « Sauvages », est confié par Champlain à un groupe d'Algonquins qui doit l'accompagner en Huronie (idéalement trois semaines de voyage), mais qui l'abandonne en territoire iroquois parce qu'il les retardait trop. le deuxième narrateur, Oiseau, est un chef de guerre huron. Sa femme et ses deux filles ont été massacrées par des Iroquois, les Haudenosaunees, et il est inconsolable de cette perte. Avant que son groupe de chasseurs soit repéré et attaqué à cause de la maladresse du jésuite qui s'entête à les suivre, ses guerriers et lui-même massacrent les responsables de la mort de sa famille, mais recueillent Chutes-de-Neige, une toute jeune fille qui s'était cachée : c'est elle la troisième narratrice. Oiseau en fera sa fille. Christophe sera finalement accepté par les Hurons et le Corbeau vivra un temps au sein de la tribu, effaré, scandalisé et pourtant parfois admiratif des moeurs de ce peuple inconnu dont il réussit relativement rapidement à apprendre la langue.
***
Comme c'était l'usage, le père Christophe envoie, chaque année, le récit de ses « aventures » au supérieur de la communauté des jésuites. Il semble bien que Joseph Boyden s'en soit inspiré et qu'il ait utilisé plusieurs personnages bien réels pour créer ses missionnaires, Jean de Brébeuf, Isaac Jogues et Paul Ragueneau pour ne citer que ces trois-là. On peut trouver les textes des Relations des Jésuites numérisées sur Gallica et sur le site de la BNQ : selon l'épistolier, certaines années sont absolument passionnantes, d'autres d'une étonnante platitude pour le lecteur lambda. L'expression « le choc des cultures » prend tout son sens à travers cette histoire. Bien difficile pour le Corbeau catholique d'envisager que la dévoration du coeur de l'ennemi soit un signe de respect envers lui et émane du souhait de s'approprier ses qualités. Inimaginable pour Oiseau et Chutes-de-Neiges de comprendre que le dieu des Corbeaux accorde une âme (orenda) à l'homme, mais pas aux animaux ni aux plantes… Tout passionnant que m'ait semblé ce roman, j'ai lu en diagonale les récits (nombreux) de massacres et carrément sauté, à partir du deuxième, ceux (encore plus nombreux) de tortures épouvantables. Choc culturel…
Commenter  J’apprécie          424




Lecteurs (1440) Voir plus



Quiz Voir plus

Jésus qui est-il ?

Jésus était-il vraiment Juif ?

Oui
Non
Plutôt Zen
Catholique

10 questions
1845 lecteurs ont répondu
Thèmes : christianisme , religion , bibleCréer un quiz sur ce livre

{* *}