J'ai découvert l'an dernier
Joseph Boyden avec
le chemin des âmes, coup de coeur absolu. Il n'est jamais simple dans ce cas de lire un autre livre de l'auteur, et cela a été le cas pour celui-ci. Les souvenirs de l'autre étaient encore très présents dans ma mémoire, même si ma lecture date de plus de huit mois. Et la comparaison n'était pas en faveur de celui-ci.
Il m'a donc fallu un peu de temps pour entrer dans ce roman et oublier Xavier, Elijah et Niska.
L'histoire se situe au Canada, au XVIIe siècle. Les Français commencent à s'établir dans ce nouveau monde, et y apportent maladies, alcoolisme, armes à feu et religion, la leur bien sûr. Que des choses positives, n'est-ce-pas !
Ce sont les Jésuites, qui vont prêcher pour la religion en partant vivre au sein de tribus pour essayer de les convertir à la foi catholique, complètement hermétiques au mode de vie des indiens, à leur communion avec la nature, à la richesse de leurs croyances. C'est toujours la même histoire qui se répète quand un peuple qui se croit civilisé, entreprend de coloniser une terre en méprisant les habitants indigènes, en voulant absolument les convertir à leur mode de vie, sous prétexte qu'il est supérieur à leurs yeux.
Certes, tout n'est pas rose dans ces contrées avant l'arrivée des Français. La vie n'est pas un long fleuve tranquille, et les différentes tribus indiennes ne vivent pas en paix. Les guerres entre eux reviennent régulièrement à coups d'escarmouches et de captures, les captifs étant ensuite soumis à de douloureuses tortures dont j'aurais préféré que l'auteur évite les longues descriptions. Mais, ces indiens partagent quand même une vision du monde, un code de conduite que les Français vont s'acharner à détruire, tout en attisant les haines ancestrales pour leur profit.
Tout cela, l'auteur l'aborde par un récit choral qui fait s'exprimer tout à tour trois personnages, enrichissant ainsi la présentation des faits, par les visions différentes de ceux-ci.
Avec par ordre d'apparition, Christophe jeune jésuite, en mauvaise posture dans ces premiers chapitres, fait prisonnier par une tribu d'indiens Hurons, qui l'admettra finalement dans son village, surnommé le Corbeau en raison de sa soutane noire.
Puis, Oiseau, le chef de ce petit détachement de Jurons, dont la famille a été décimée par les Iroquois et qui depuis se venge en organisant des raids meurtriers contre des petits groups d'Iroquois.
Et enfin, Chute-de-Neige, jeune fille iroquoise capturée par Oiseau après l'extermination de sa famille par Oiseau et ses hommes. Elle deviendra la fille adoptive d'Oiseau, et mettra du temps à accepter cette nouvelle filiation.
A travers les récits croisés de ces trois principaux personnages et l'évocation d'un certain nombre d'autres, en particulier des femmes indiennes des Hurons dont l'aide sera très utile à Chute-de-Neige, l'auteur aborde la vie dans ces contrées, à cette époque de transition. Les Européens sont arrivés, mais sont encore minoritaires. Cependant leur présence va déjà avoir un impact très négatif sur les indiens. Et cela, en premier lieu par les maladies, qu'ils vont leur transmettre et qui vont décimer les populations indiennes, brisant l'équilibre entre les tribus.
J'ai beaucoup aimé la description de la vie des indiens (si l'on excepte les tortures dont j'ai déjà parlé), leur rapport à la nature, leurs rites, leurs rêves, leur attachement à leurs traditions. C'est une civilisation que je trouve infiniment riche et dont il ne reste malheureusement pas grand-chose aujourd'hui, tant elle a été détruite par les nouveaux arrivés, ces hommes blancs.
L'auteur dans ces pages raconte le début de ce déclin, que les indiens perçoivent et contre lequel ils ne peuvent se défendre.
Un roman moins immédiatement prenant, émouvant, superbe que
le chemin des âmes, mais qui aura su finalement me captiver.