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sur 628 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai découvert l'an dernier Joseph Boyden avec le chemin des âmes, coup de coeur absolu. Il n'est jamais simple dans ce cas de lire un autre livre de l'auteur, et cela a été le cas pour celui-ci. Les souvenirs de l'autre étaient encore très présents dans ma mémoire, même si ma lecture date de plus de huit mois. Et la comparaison n'était pas en faveur de celui-ci.
Il m'a donc fallu un peu de temps pour entrer dans ce roman et oublier Xavier, Elijah et Niska.

L'histoire se situe au Canada, au XVIIe siècle. Les Français commencent à s'établir dans ce nouveau monde, et y apportent maladies, alcoolisme, armes à feu et religion, la leur bien sûr. Que des choses positives, n'est-ce-pas !

Ce sont les Jésuites, qui vont prêcher pour la religion en partant vivre au sein de tribus pour essayer de les convertir à la foi catholique, complètement hermétiques au mode de vie des indiens, à leur communion avec la nature, à la richesse de leurs croyances. C'est toujours la même histoire qui se répète quand un peuple qui se croit civilisé, entreprend de coloniser une terre en méprisant les habitants indigènes, en voulant absolument les convertir à leur mode de vie, sous prétexte qu'il est supérieur à leurs yeux.

Certes, tout n'est pas rose dans ces contrées avant l'arrivée des Français. La vie n'est pas un long fleuve tranquille, et les différentes tribus indiennes ne vivent pas en paix. Les guerres entre eux reviennent régulièrement à coups d'escarmouches et de captures, les captifs étant ensuite soumis à de douloureuses tortures dont j'aurais préféré que l'auteur évite les longues descriptions. Mais, ces indiens partagent quand même une vision du monde, un code de conduite que les Français vont s'acharner à détruire, tout en attisant les haines ancestrales pour leur profit.

Tout cela, l'auteur l'aborde par un récit choral qui fait s'exprimer tout à tour trois personnages, enrichissant ainsi la présentation des faits, par les visions différentes de ceux-ci.
Avec par ordre d'apparition, Christophe jeune jésuite, en mauvaise posture dans ces premiers chapitres, fait prisonnier par une tribu d'indiens Hurons, qui l'admettra finalement dans son village, surnommé le Corbeau en raison de sa soutane noire.
Puis, Oiseau, le chef de ce petit détachement de Jurons, dont la famille a été décimée par les Iroquois et qui depuis se venge en organisant des raids meurtriers contre des petits groups d'Iroquois.
Et enfin, Chute-de-Neige, jeune fille iroquoise capturée par Oiseau après l'extermination de sa famille par Oiseau et ses hommes. Elle deviendra la fille adoptive d'Oiseau, et mettra du temps à accepter cette nouvelle filiation.

A travers les récits croisés de ces trois principaux personnages et l'évocation d'un certain nombre d'autres, en particulier des femmes indiennes des Hurons dont l'aide sera très utile à Chute-de-Neige, l'auteur aborde la vie dans ces contrées, à cette époque de transition. Les Européens sont arrivés, mais sont encore minoritaires. Cependant leur présence va déjà avoir un impact très négatif sur les indiens. Et cela, en premier lieu par les maladies, qu'ils vont leur transmettre et qui vont décimer les populations indiennes, brisant l'équilibre entre les tribus.

J'ai beaucoup aimé la description de la vie des indiens (si l'on excepte les tortures dont j'ai déjà parlé), leur rapport à la nature, leurs rites, leurs rêves, leur attachement à leurs traditions. C'est une civilisation que je trouve infiniment riche et dont il ne reste malheureusement pas grand-chose aujourd'hui, tant elle a été détruite par les nouveaux arrivés, ces hommes blancs.
L'auteur dans ces pages raconte le début de ce déclin, que les indiens perçoivent et contre lequel ils ne peuvent se défendre.
Un roman moins immédiatement prenant, émouvant, superbe que le chemin des âmes, mais qui aura su finalement me captiver.
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Le corbeau, le sauvage et la captive.

Un jésuite mystique, prédicateur envoyé prêcher dans les terres païennes du Nouveau Monde canadien.
Un guerrier Huron, charismatique et suspicieux, peu convaincu du bien-fondé des relations avec les blancs et visionnaire du déclin de son peuple.
Une jeune captive Iroquoise, soutenue par un désir de vengeance, dans la logique absurde des conflits récurrents entre tribus.
Réunis par le hasard, ils vivent une cohabitation imposée, entre attirance et répulsion.

Dans les espaces vierges du Canada du XVIIème siècle, la confrontation combattive de peuples et spiritualités différentes se joue dans le destin de ces trois personnages, dans la curiosité de l'autre, mais surtout dans l'incompréhension et la méfiance. Une partie à trois, construite sur trois narrations, où chacun s'observe, s'affronte en silence, se manipule, se combat, sous une chape de violence larvée.
La barrière du langage, des croyances, du rapport à la Nature, à l'inconscient et au rêve, tout les oppose et les éloigne instinctivement.

La Nouvelle-France de Monsieur de Champlain construite sur des conquêtes et des alliances, les tribus indigènes soumises ou rétives, les épidémies, l'impérieuse machinerie de la christianisation: c'est l'histoire de la colonisation, violente et mortifère.

En dépit de quelques baisses d'intérêt dues à un trop-plein de barbarie, ce fut néanmoins une lecture originale, d'une beauté contemplative, à la fois poétique et aux fulgurances de violence rageuse, un dépaysement assuré dans les coutumes des tribus indiennes.
La référence de quatrième de couverture au Nouveau Monde de Terence Malik est parfaitement juste pour cette épopée vibrante, impitoyable, au souffle des grands espaces amérindiens.

Cruel et magnifique! le livre le plus abouti de Monsieur Boyden.
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J'ai tardé à faire cette critique (13 jours) et je m'en veux : certaines impressions s'estompent déjà. Il faut dire que le confinent ne m'aide pas ; j'ai ces temps-ci la puissance de concentration d'un poisson rouge… Dans le grand cercle du monde est un roman puissant et, malgré ce que je viens de dire, marquant. Joseph Boyden met en scène trois narrateurs à la première personne dont les récits se succèdent et qui, parfois, racontent le même événement, nous donnant ainsi à voir différentes perceptions. Vraiment différentes, ces perceptions, et pour cause ! le père Christophe, un de ces jésuites envoyés en Nouvelle-France pour évangéliser les « Sauvages », est confié par Champlain à un groupe d'Algonquins qui doit l'accompagner en Huronie (idéalement trois semaines de voyage), mais qui l'abandonne en territoire iroquois parce qu'il les retardait trop. le deuxième narrateur, Oiseau, est un chef de guerre huron. Sa femme et ses deux filles ont été massacrées par des Iroquois, les Haudenosaunees, et il est inconsolable de cette perte. Avant que son groupe de chasseurs soit repéré et attaqué à cause de la maladresse du jésuite qui s'entête à les suivre, ses guerriers et lui-même massacrent les responsables de la mort de sa famille, mais recueillent Chutes-de-Neige, une toute jeune fille qui s'était cachée : c'est elle la troisième narratrice. Oiseau en fera sa fille. Christophe sera finalement accepté par les Hurons et le Corbeau vivra un temps au sein de la tribu, effaré, scandalisé et pourtant parfois admiratif des moeurs de ce peuple inconnu dont il réussit relativement rapidement à apprendre la langue.
***
Comme c'était l'usage, le père Christophe envoie, chaque année, le récit de ses « aventures » au supérieur de la communauté des jésuites. Il semble bien que Joseph Boyden s'en soit inspiré et qu'il ait utilisé plusieurs personnages bien réels pour créer ses missionnaires, Jean de Brébeuf, Isaac Jogues et Paul Ragueneau pour ne citer que ces trois-là. On peut trouver les textes des Relations des Jésuites numérisées sur Gallica et sur le site de la BNQ : selon l'épistolier, certaines années sont absolument passionnantes, d'autres d'une étonnante platitude pour le lecteur lambda. L'expression « le choc des cultures » prend tout son sens à travers cette histoire. Bien difficile pour le Corbeau catholique d'envisager que la dévoration du coeur de l'ennemi soit un signe de respect envers lui et émane du souhait de s'approprier ses qualités. Inimaginable pour Oiseau et Chutes-de-Neiges de comprendre que le dieu des Corbeaux accorde une âme (orenda) à l'homme, mais pas aux animaux ni aux plantes… Tout passionnant que m'ait semblé ce roman, j'ai lu en diagonale les récits (nombreux) de massacres et carrément sauté, à partir du deuxième, ceux (encore plus nombreux) de tortures épouvantables. Choc culturel…
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Ontario, 17ème siècle : l'arrivée des Jésuites, sur fond de guerre de clans instrumentalisée par les Français et les Anglais.
Dans ce roman choral, on entend successivement la voix de Christophe, jésuite breton qui s'installe chez les Hurons, celle d'Oiseau, chef guerrier et celle de Chutes-de-Neige, sa fille adoptive, une enfant iroquoise capturée.
Disons-le tout net : j'avais adoré Les saisons de la solitude, je n'ai pas retrouvé dans celui-ci l'écriture poétique, l'ampleur romanesque qui m'avaient plu.
Pire : à plusieurs reprises j'ai eu l'impression de lire un catalogue de croyances, de rites et de traditions, sur lesquels Boyden se serait abondamment documenté pour les ressortir sous forme romancée.
(Lorsque j'avais lu Les saisons de la solitude, je ne savais pas encore que Boyden était un "Pretendian", une de ces personnes qui se prétendent d'ascendance indienne sans l'être. J'admets qu'apprendre cette tromperie a entraîné un petit préjugé défavorable en commençant cette nouvelle lecture...)
Des trois personnages principaux, seul le jésuite, dans sa soutane crasseuse, est doté d'une psychologie fouillée, d'une personnalité intéressante. Témoin de la violence guerrière, des tortures infligées aux captifs, il les met en parallèle avec la violence des Croisades, de l'Inquisition et des bûchers où meurent les "sorcières".
En revanche, les pensées d'Oiseau m'ont semblé répétitives, et celles de Chutes-de-Neige (qui accepte bien facilement son sort) plutôt superficielles. Ayant terminé le livre il y a dix jours, je réalise que j'ai bien peu retenu de leurs chapitres.
Bref, une lecture inégale, qui m'a plu sans m'emporter.
Merci à Anne-So (dannso), Doriane (Yaena) et Sandrine (HundredDreams) qui m'ont accompagnée dans cette lecture commune.
Traduction sans faille de Michel Lederer.
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A travers le roman « Dans le grand cercle du monde », Joseph Boyden nous livre une histoire incroyable dont je ne ressors pas indemne.
L'histoire se passe au début du 17ème siècle, au milieu des grands espaces canadiens. C'est l'époque du colonialisme, des premiers échanges commerciaux entre les blancs et les indiens, de l'arrivée des premiers missionnaires dans le but de convertir ces « sauvages » au christianisme. Avec le « gouverneur » de la nouvelle France, Samuel de Champlain (qui sera fondateur de la ville de Québec), ont lieu les premières relations -notamment commerciales- entre les français et les Hurons-Wendats. Les Iroquois, eux, sont alliés aux anglais.
D'un chapitre à l'autre, trois personnages nous racontent les évènements de cette période : Christophe, missionnaire jésuite français, surnommé par les indiens « le Corbeau » (du fait de sa longue robe noire) qui vient de s'installer dans la tribu des Hurons ; Oiseau, un grand guerrier Huron et enfin, une jeune fille iroquoise Chute-de-neige et qui, lors d'un combat, a vu sa famille mourir et vient d'être capturée par Oiseau, qui en fera sa fille adoptive.
Par l'intermédiaire de ces trois personnages, nous découvrons l'histoire, les traditions, la culture des différentes tribus indiennes du Canada. Début du roman qui sonne presque déjà le glas de ces grandes tribus. Boyden en donnant le point de vue de trois personnages que tout oppose nous permet de comprendre sous tous les angles et dans sa globalité tout le contexte, les pensées et préjugés de chaque peuple. Et c'est sûrement cette vue d'ensemble qui fait la force du roman.
Christophe, hautain face à ces « sauvages » qui se promènent quasi nus dans leur village, leurs croyances impies et leur naïveté face aux « guérisseurs » (tout en maugréant qu'ils ne croient pas aussi facilement en Dieu, ou encore dit le « Grand Génie », les traditions ont la peau dure), leurs fainéantises lorsqu'ils s'arrêtent tout à coup de travailler pour discuter longuement, fumer la pipe ou encore horrifié par les tortures qu'ils infligent à leurs ennemis (même s'il n'oublie pas celles des inquisiteurs). Christophe, dans le but de les convertir, pour le salut de leur âme, va peu à peu apprendre leur langue. Et tout en restant critique devant certaines de leurs coutumes, il va en venir à être également impressionné par leur endurance physique, leur bravoure, les relations étroites qui existent entre eux.
Chute-de-neige, haineuse vis-à-vis de ce Wendat qui a tué sa famille, et notamment son père, désire dans les premiers mois venger leur mort. Mais comme Christophe, les mois passants, elle finit par s'intégrer dans ce village, notamment grâce à certaines femmes comme Dort-longtemps ou encore Petite Oie, la guérisseuse.
Oiseau, lui, a perdu sa femme qu'il chérissait tant et ses filles quelques années auparavant lors d'un combat. Adopter Chute-de-neige est un peu comme une vengeance. Mais l'adopter signifie aussi qu'il a le devoir de prendre soin d'elle. Il n'apprécie pas l'affront du Corbeau quand celui-ci refuse de fumer la pipe avec lui (signe des différences des cultures) et cela ne le gênerait pas que ce dernier se fasse tuer ou fait prisonnier par leurs ennemis. Histoire de se débarrasser de ce poids encombrant, d'autant plus lorsque ce dernier commence à faire quelques adeptes de son « Grand Génie ». Moqueur devant la tenue des jésuites, peu adéquate pour le lieu ou encore leur manque de virilité et de force physique, il n'en est pas moins impressionné que ce gringalet breton réussisse à apprendre leur langue et s'adapte à quelques coutumes indiennes.
Si Oiseau est respectueux des traditions de ces ancêtres et souhaite les conserver, il se sent tiraillé. L'obligation qu'ils soient forts et nombreux face aux Iroquois implique d'être alliés aux français, dont ils ont besoin notamment des fusils (bois brillant) qui les terrifient encore mais dont ils comprennent l'importance.
Il voit peu à peu le lourd prix que cela coûte. Plus qu'un troc amer, des changements inexorables s'opèrent et fragilisent son peuple. Ainsi, l'arrivée du « Peuple de fer » a amené aussi les maladies qui déciment les tribus, et l'alcool qui contamine les guerriers.
Les hurons vivent dans de grands villages contenant parfois des milliers d'âmes, dans des « maisons-longues ». Ils cultivent les trois soeurs (maïs, haricot et orgeat), font du troc avec d'autres tribus (peau, légumes, etc.), ils chassent cerfs et lapins. Ils croient en la présence d' « orenda » en chaque chose (cette force vitale qui existe selon eux dans les hommes mais aussi dans les arbres, les animaux,…). Tous les douze ans a lieu la ‘'cérémonie des morts'' où ils vont retrouver les membres de leur famille décédés pour les célébrer et pouvoir enfin les pleurer. Car d'ordinaire ils ne montrent pas leurs faiblesses, leurs larmes. Au contraire, ils doivent montrer tout leur courage et bravoure. Même lors des tortures les plus atroces infligées par leurs ennemis, qui peuvent durer des jours, ils ne doivent pas ciller, faiblir et encore moins supplier.

Ce roman confirme l'incroyable plume de Joseph Boyden. Avec ces origines mêlées (irlandaises, écossaises et indiennes) et son inscription chez les jésuites alors qu'il était adolescent, on comprend que cette période puisse le toucher comme il a su nous toucher en nous la racontant.
Une plume (un peu indienne donc) capable de nous restituer tout un pan historique majeur, capable de représenter la vie de cette tribu, les physiques musculeux de ces hurons, ces magnifiques indiennes, la nature dont ils savaient célébrer la beauté et qu'ils respectaient ; capable aussi de nous faire comprendre avec horreur comment tout s'est déroulé, comment tout le mal s'est immiscé peu à peu pour détruire ces différentes tribus indiennes.
Comme sur leurs canoës, j'ai navigué d'émotions en frissons. Je souriais des moqueries des indiens devant les jésuites ou pour ces histoires d'amour, j'aimais ces divers personnages si attachants (Christophe*, Oiseau, Renard, Petite Oie, Porte-une-Hache, etc.), je tremblais durant ces rudes hivers lorsque les vivres viennent à manquer, j'étais glacée d'effroi face à toutes ces scènes de torture, difficilement soutenables pour mon coeur fragile, j'avais la nausée et les larmes devant cette implacable histoire…
Cette histoire nous ouvre un peu plus les yeux sur ce qui se passe encore aujourd'hui, un peu partout dans le monde, entre les différentes nations, comme peut-être depuis la nuit des temps. Est-ce un peu cela le grand cercle du monde ?

*Boyden s'est inspiré de la vie de Jean de Brébeuf, jésuite français, qui a vécu quinze ans chez les Hurons (mais si vous avez envie de lire ce roman, un conseil : ne consultez sa biographie qu'une fois avoir lu cette histoire)
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Joseph Boyden nous replonge dans le monde amérindien mais il s'agit cette fois du XVIIe siècle et des premières incursions des Jésuites chez les Hurons alors que Champlain dirigeait la politique commerciale en Nouvelle France.
Alors que le père jésuite Christophe « corbeau», capturé par un chef Huron, tente laborieusement d'inculquer les bienfaits de la foi catholique ad majorem dei gloriam au peuple huron, le chef Oiseau apprivoise lentement Chute-de-neige, jeune captive iroquoise qu'il adopte comme sa fille : ces trois personnages tissent à trois voix le fil d'un roman qui exalte les valeurs amérindiennes, la nature, la magie et la violence des affrontements avec les iroquois, dans un monde bouleversé par l'arrivée de l'homme blanc et de son « bois brillant ».
Joseph Boyden nous parle d'un temps délicieux où la valeur d'un guerrier se mesurait au silence qu'il opposait aux tortures raffinées que ses vainqueurs lui faisaient subir, tortures soigneusement distillées pour durer plusieurs jours et offrir au guerrier la chance de montrer sa bravoure : un peu comme les taureaux dans l'arène sauf que pour les taureaux, ça dure 20mn… âmes sensibles donc, s'abstenir !
Alors que les affrontements entre Hurons et Iroquois existaient, semble-t-il, depuis toujours, l'arrivée des armes européennes précipita l'issue de la guerre au profit des Iroquois et fit basculer l'équilibre fragile qui maintenait les nations indiennes.
J'ai beaucoup aimé ce roman admirablement documenté où l'on sent l'amour de l'auteur pour un monde aujourd'hui disparu, celui de ses ancêtres
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Pour son dernier roman Joseph Boyden nous projette quelques siècles en arrière lors de l'arrivée des Français au Canada au XVII eme siècle.

L'histoire est racontée à trois voix.

Celle du père jésuite Christophe, appelé le Corbeau par les indiens ; il part vivre dans une grande tribu d'indiens voulant se plonger dans leur coutumes et apprendre leur langue pour les délivrer au mieux du mal et leur faire connaitre le grand Génie. C'est un homme habité par sa mission, aux intentions pures, fort devant l'inimitié et l'incompréhension qu'il rencontre.

Celle d'Oiseau, valeureux guerrier Huron, à la vision claire sur l'avenir : l'installation inéluctable des étrangers.Féroce face à ses ennemis, il est aussi un homme brisé par la mort de sa femme et de ses enfants.

Celle de Chutes de Neige, une jeune fille iroquoise que Oiseau a ramené dans sa tribu pour l'adopter après avoir massacré ses parents et qui trouve difficilement sa place dans la tribu.

Beaucoup de recherches pour ce livre, on est littéralement happé par l'histoire de ces indiens , leurs coutumes avec le culte très fort des morts, la description du Festin des Morts est un des grands moments du roman, on suit le travail des femmes dans les champs lorsqu'elles plantent les trois soeurs et on assiste impuissant aux épidémies liées à l'arrivée des hommes blancs et qui déciment encore plus que les luttes tribales la population indienne. On ferme les yeux et on tremble lors des cérémonies de tortures des prisonniers .

Et puis il y a aussi quelques personnages secondaires qui sont particulièrement marquants comme Petite Oie, femme mystérieuse , un peu guérisseuse, un peu sorcière ...

Donc un livre dense, dont la lecture peut parfois être difficilement soutenable mais Joseph Boyden en nous entrainant dans cette période si critique et mouvementée de son peuple montre une fois de plus son immense talent .
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Joseph Boyden, écrivain canadien de descendance anishnabe, continue d'explorer avec talent la question de l'identité indienne dans son dernier roman. A travers les récits de trois personnages clés, à la fois témoins et acteurs des affrontements fratricides entre hurons et iroquois et des premières tentatives d'évangélisation par les jésuites français, l'auteur raconte la fin d'une civilisation balayée par la maladie et la cupidité. Au début du roman, Bird, redoutable chef de guerre huron, obsédé par le mort de sa femme et de ses enfants, assoiffé de vengeance, massacre une famille de chasseurs iroquois. Il épargne la plus jeune, Snow Falls, qu'il adopte. Christophe, un jésuite français rejoint la tribu de Bird, bien décidé à apporter le salut aux indiens. A travers ses yeux, le lecteur découvre le mode de vie des hurons, leur sens développé de la famille et du commerce, leur spiritualité et leurs moeurs guerrières où la torture occupe une place importante.
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Trois personnages, trois voix qui alternent et se mêlent dans les vastes étendues canadiennes du XVIIe siècle.
Celle de Christophe, le père jésuite, qui a quitté sa Bretagne natale pour évangéliser les Sauvages et leur porter la parole sacrée du Christ.
Celle de Chutes-de-Neige, jeune iroquoise, qui a vu sa famille massacrée par un Huron.
Celle d'Oiseau, l'Indien responsable de ce massacre, qui décide de faire de Chutes-de Neige sa fille adoptive.
Leurs points de vue alternent au fil des lunes et des saisons, rythmées par les prières des prêtres, les travaux des champs, la pratique des rites ancestraux. Les événements racontés sont les mêmes, mais chaque personnage les voit avec ses croyances, ses idéaux, ses rêves et ses désirs, qui évidemment, s'opposent les uns aux autres. Certains passages particulièrement cruels peuvent faire frémir, mais c'est surtout cette étrange cohabitation qui donne à réfléchir, alors même qu'elle semble impossible, ces êtres que tout oppose parvenant finalement à se lier même sans le vouloir, tout en se montrant obstinés à ne pas changer.
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Quel souffle possède cet excellent roman qui retrace le début de la chute de la nation indienne ! Nous suivons trois personnages principaux dans le décor magnifique du Canada au XVIIème siècle : Oiseau le chef des Hurons, Christophe le jésuite français et Chutes-de-Neige la jeune iroquoise kidnappée. Les Hurons sont agriculteurs et commerçants, ils se lient avec les Français par intérêt. Les Anglais et Hollandais arment les Iroquois pour avoir la terre et les français font de même mais dans une moindre mesure. Au début chacun voit son propre profit, le commerce malhonnête des français (une marmite contre 100 peaux de castors), l'évangélisation des Indiens pour le père Jésuite et la victoire sur les Iroquois pour les Hurons. L'histoire montre que tout cela finira mal car les mauvaises récoltes et les maladies amenées par les colons décimeront presque entièrement les Indiens.
Les personnages sont très attachants et évoluent au fil du temps (Oiseau, Chutes de Neige …) et nous aimerions les connaitre. Les us et coutumes sont très bien expliqués notamment leurs relations avec la nature, l'adoption des enfants dont ils ont tué les parents (peut-être afin de réduire la consanguinité ou l'extinction des tribus), la cérémonie des morts, les rêves qui sont au centre de leur vie, leurs attachements familiaux, la magie, la culture des « Trois Soeurs ». Les scènes de torture me font penser aux jeux de Rome avec les exécutions comme une soupape à la violence de l'homme.
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