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Citations sur Tout est brisé (42)

Dans de telles situations, parfois les gens priaient. Pleuraient. Demandaient pardon pour leurs erreurs, faisaient des serments d’amour, se remémoraient les bons moments, parlaient de la pluie et du beau temps. Lui en était parfaitement incapable. Son grand-père – ou du moins une version de son grand-père – était là, devant lui, mais Jimmy n’avait pas la moindre idée de la manière dont il fallait se comporter.
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Erica avait raison : ce petit garçon paraissait si mignon. Et pourtant, autant qu’il s’en souvienne, il n’était pas heureux. Il se sentait minuscule. Il ne connaissait pas le nom des choses. Il priait pour avoir des amis.
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Il remarqua ses ongles. Autrefois, ils étaient longs et faisaient sa fierté, elle les vernissait le soir par-dessus des magazines en regardant distraitement la chaîne Hallmark. Aujourd’hui, ils étaient rongés. Mais couverts de vernis rouge vif, malgré tout, qui s’écaillait autour des petites peaux.
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Nul doute que n’importe quel aveugle aurait donné cher pour recouvrer la vue, pour avoir accès au monde de lumière et de couleur qui tourbillonnait autour de vous. Et voilà que, lui, il regrettait de ne pouvoir replonger dans l’obscurité. Quelle cruauté…
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L’éclat du soleil l’agressa. Lorsqu’il passait des mots sur une page à la nudité de l’air, sa vue se criblait de points noirs. Ses yeux l’inquiétaient. Depuis toujours. La faute au glaucome de sa grand-mère. Il ne portait pas de lentilles de contact ni de lunettes, mais parfois sa vision avait du mal à rester nette. Comme s’il était une caméra que l’on réglait pour obtenir un effet de floutage. Peut-être qu’être aveugle lui permettrait d’être heureux. Il devrait toucher le monde pour le connaître. Les mots seraient des bosses. Les baisers seraient des prières. Il se laverait dans l’obscurité froide. Il ne serait pas obligé de travailler. Il pourrait rêver.
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Il avait du mal à imaginer que son fils puisse lui manquer, ni qu’elle-même soit capable d’imaginer qu’elle puisse manquer à son fils. Pour elle, il n’était qu’un gros bébé aux cheveux drus et aux joues potelées bonnes à pincer. Elle avait rejeté ou ignoré tout ce qu’il lui avait raconté sur lui. Pourtant, aux yeux de Jimmy, il était impossible d’aimer véritablement une personne sans l’accepter telle qu’elle était. C’est ce que Nick lui avait déclaré au début de leur relation. “Oublie-la”, avait-il dit. “Elle ne sait pas qui tu es. Elle s’en fiche de savoir qui tu es.” Dennis s’était montré beaucoup moins dur, insistant pour que Jimmy donne des nouvelles. “Elle se ronge probablement les sangs”, avait-il dit.
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Elle pestait tout bas contre les patients. Prononcer des mots qu’elle n’aimait pas prononcer, même discrètement, lui était très agréable. Elle se demandait quelle conduite elle pourrait bien adopter en arrivant à St Joachim & Anne. Comment avait-elle pu mentir à son père, lui dire qu’il allait rentrer chez lui ? Assurément, c’était un péché plus grave que le ramener à la maison et le laisser se débrouiller seul pendant qu’elle travaillait.
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Il y a des décisions difficiles à prendre, mais elles sont inévitables.
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Être assistante de direction dans ce cabinet d’urologie ne consistait pas seulement à gérer le cabinet, il fallait se muer en baby-sitter, jouer les infirmières, tout faire sauf peut-être les lacets des gens. Il était temps qu’elle arrête d’embaucher des lycéennes. Cela faisait vingt-cinq ans qu’elle occupait ce poste, et quinze qu’elle en avait assez. Mais candidater ailleurs, c’était trop de tracas.
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Être seule dans cette maison, comme elle l’avait été depuis l’hospitalisation de son père à Lutheran, l’effrayait. Elle avait emménagé avec lui après la mort de sa mère, abandonnant son appartement en sous-sol sur Eighty-Third Street, juste à côté, qui ne lui coûtait que six cents dollars par mois parce que la propriétaire était Mme Ingram, une dame de la paroisse. Il s’agissait d’une vieille maison à charpente de bois, comme on en voyait tout le long de la rue avant qu’ils se mettent à les raser pour construire des immeubles résidentiels.
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