Analepses et prolepses se succèdent : 1919, 1916, 1979, les lieux où se déroulent le récit s'alternent : Norwich (Norfolk), Aldershot (Hampshire) France (quelque part en Picardie , sur le Front) , Londres.
Septembre 1919 - Cela ne fait pas tout à fait un an que l'armistice a mis fin à 4 ans de barbarie.
Tristan Sadler, est un tout jeune homme de vingt et un ans pour lui, la guerre s'est bien terminée, du moins, en apparence, pourtant le traumatisme qu'il a subi est lourd, la honte qui l'assaille indélébile. Il se rend dans le comté de Norfolk, il va restituer à Marian, la soeur de William - Will-Bancroft, son compagnon d'armes, les lettres adressées à son jeune frère . Lui, n'est plus de ce monde, une fin ignominieuse, un nom qui suscite l'opprobre, et qui ne figurera jamais sur le monument érigé en hommage aux morts de la Grande guerre de sa ville…
Dès les premières lignes du récit, on comprend que Tristan est homosexuel, qu'il a eu, plus tard, une liaison avec Will… Est-ce là la cause de cette vilenie qui l'accable ?
Un roman qui traite, d'abord, de l'homosexualité douloureusement, avec réalisme, sobriété, pudeur, qui met en exergue le sort cruel de ces êtres -là, chassés par leur famille, honnis par la société, même après leur mort, humiliés, déconsidérés, persécutés, et bien sûr, en ces temps barbares, pas de coming out possible, on doit aimer en secret, ne rien révéler aux autres, une vie de frustration ….
Un roman qui parle aussi de la guerre, de la barbarie qui engendre la barbarie, de ceux qui prônent le pacifisme sans être entendus, et qui, en ces temps si peu glorieux, le paient très cher : la plus part du temps, ils vont mourir, les premiers, fusillés, assassinés, ou envoyer sur le front non pas pour combattre mais pour rechercher les blessés, les morts, pris entre deux feux, une condamnation à mort sans sursis. A la guerre, l'ennemi, c'est celui que l'on doit combattre officiellement, et quand on meurt, cette mort est glorieuse, il y a aussi un ennemi terrible, celui qui oeuvre dans ses propres rangs, insidieux, calculateur, intégriste, il est souvent plus terrible, plus meurtrier.
Et puis, il y a aussi en entrelacs, l'évocation de la condition féminine.
Une écriture délicate pour raconter ces drames multiples.
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J'ai beaucoup aimé la richesse des dialogues, les échanges lourds entre Marian, la soeur de Will et Tristan. Mais j'ai malheureusement deviné le secret de ce dernier avant qu'il ne soit révélé, ce qui a rendu moins intéressante la poursuite de ma lecture.
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