C’est bien ça, se dit Fanny. La règle des sectes. La fatigue. Les privations. Pour ne pas trop penser. Ni juger…
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Et voilà, se dit encore Fanny, tout est clair. Le crucifix à l’envers… Le Très-Haut retourné qui devient le « Très-Bas », les femmes réunies en secte contre l’Homme, symbolisé par le Christ. Et blasphémé, ici, dans une ancienne église, par le biais d’une messe à l’envers…
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Avant de partir, Fanny avait bien entendu potassé un sérieux dossier sur les sectes, ces mystérieuses résurgences en plein XXe siècle des croyances noires venues du fond des âges. Chaque fois, à la base, il y avait la notion du fanatisme. Le contraire de la raison. Un Mage, un Maître, un Prêtre, un Gourou, un Initié, peu importait le mot, annonçait qu’il avait découvert le secret de l’Univers. Et aussitôt, les croyants affluaient. Il s’agissait d’en faire des troupes dévouées corps et âme jusqu’à la mort. Et ça marchait, à peu près tout le temps. Il suffisait d’appliquer des règles simples. Le premier levier était la culpabilité. Convaincre les disciples qu’avant ils étaient des coupables. De quoi ? De ne pas avoir eu la Révélation eux-mêmes. Après, il y avait le lavage de cerveau, l’assénement incessant, lancinant, de la croyance. En alternant récompenses et punitions. En infantilisant le sujet, en le poussant à un tel sentiment d’insécurité qu’il finissait par appeler comme son dernier espoir de survie l’obéissance totale et aveugle au Maître devenu sa seule raison d’exister. Entraînement collectif, jamais de solitude, jamais de répit, travaux pénibles, séances répétées de lavage de cerveau, nourriture réduite au minimum, toutes les sectes appliquent la même méthode. Et bientôt, dans les cerveaux déréglés, les zones du raisonnement et de la conscience s’étiolent. Tandis que les zones de la croyance, présentes chez tout individu, se développent comme des champignons vénéneux. Ce mécanisme de la programmation des cerveaux, bien connu des psychologues et des savants, c’est celui de l’embrigadement des pays de l’Est, et celui des sectes, à l’Ouest. C’est comme un engrenage terrifiant auquel il est quasi impossible de s’arracher, une fois le premier pas franchi. A moins d’avoir une belle dose de bon sens. Défaut que les Maîtres savent vite déceler. Mais peu leur importe ; il y a tant de crédulité dans le monde… Les sectes n’ont jamais beaucoup de problèmes de recrutement.
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Les Amazones… Elles voulaient conquérir le monde… Instaurer la domination des femmes…
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Le jour venu, quand les dirigeantes le décideraient, les femmes passeraient à l’action, et le monde basculerait. Les hommes seraient réduits en esclavage, juste retour des choses. On les conserverait pour les tâches de nécessité, on sélectionnerait les meilleurs reproducteurs. Des femmes-médecins avaient depuis longtemps étudié les contrôles génétiques à faire. Ceux-là, on s’en servirait comme étalons, recueillant leur sperme. A la deuxième génération, il ne resterait plus que les « bras de travail » indispensables, et les étalons. Tous les autres, les inutiles, les « bourdons », comme dans les ruches, auraient été impitoyablement éliminés. Les
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Ainsi, le monde reviendrait enfin à sa seule solution acceptable, que connaissent depuis des milliers d’années ruches, termitières et fourmilières ; le régime absolu de la femme, et la réduction de l’homme à sa seule nécessité : la fourniture du sperme reproducteur.
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La Bretagne, le seul endroit au monde capable de lui faire oublier que la vie est un marécage grouillant de bêtes immondes prêtes à s’entre-dévorer les unes les autres.
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Mais là, le cauchemar, le sadisme le plus atroce, le dérèglement mental le plus total, et le sang, les mortes, les morts, les mutilés, les torturés. Tout cela au nom d’une « Religion »…
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— Ici, à ta droite, l’Homme. Le Diable. Le représentant des monstres qui depuis l’aube des temps nous tenaient en esclavage. Tout à l’heure, il sera sacrifié. Notre foi a besoin du sang des hommes. Toutes les religions sont sacrificielles.
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Eternité de la race des chefs… Toujours prêts à récupérer les triomphes des autres…