À la fin des années ‘90, la réputation de
Graham Masterton n'est plus à faire. Après l'immense qualité que l'on a pu apercevoir avec ses années folles, cette décennie où la folie de l'écossais l'a permis de se hisser en tant que Maître incontestable de l'horreur – usurpé par un américain. «
Les gardiens de la porte » arrive en plein milieu du cycle des magies – Rook –, puisqu'il fut paru en 1999 sous le titre original de The door Keepers.
Et si la réalité que nous vivons n'était la pas la seule qui existe ? Et si une multitude de Terre existait ? Celons la légende, il existerait à Londres six portes qui mèneraient vers d'autres mondes parallèles. C'est suite au décès de sa soeur, que Josh – vétérinaire de profession – va voir son esprit cartésien remit en cause.
Habitué à nous dans les joutes du Fantastique, Maître
Graham Masterton, sur son arbre perché, tenait dans sa main une plume effilée. Que vous êtes jolis avec votre fable, pourrions-nous nous exclamer. À ces mots, Maître
Graham Masterton nous lâcha un conte tri-Fantastique, tri-Horreur et tri-Science-Fiction, pour notre plus grand bonheur.
Après avoir été déçu de l'orientation littéraire prise par le Maître – du thriller moins pas très jouasse, une série Rook trop mignonne et une faiblesse scénaristique («
Walhalla ») –, le roman «
Les gardiens de la porte » s'inscrit dans un renouveau, tel un Phénix renaissant dans un feu purificateur.
On y redécouvre, pour notre plus grand plaisir, l'imagination fertile de l'écossais, grâce à des notes affinées de ses qualités d'écriture. Ainsi, on y retrouve l'humour cher à l'auteur, des frissons cauchemardesques (claustrophobie, à une moindre mesure : le vertige), le paranormal, de l'horreur – hum, cette scène de spiritisme très goûtue –, un gars désespéré. Autant d'ingrédient, qui a la sauce
Graham Masterton, donne toute sa saveur au récit. À noter que l'écossais étant réputé pour ses scènes chaudes, n'en n'a finalement pas incorporé – et merci, car à la longue c'est chiant (petite dédicace à
Clive Barker).
Je trouve un peu dommage qu'il oriente sa vision de mondes parallèles (souvenirs au passage de Sliders) vers le Fantastique. J'ai été un peu déçu – je dirais plutôt frustré – par cette fin un peu trop rapide, une petite cinquantaine de pages supplémentaires n'auraient pas été de refus. On y retrouve un historien ou autres personnes cultivées qui aide le personnage principal dans sa quête contre le mal. Autre fait qui me reste un peu sur le coeur, c'est qu'on ne connaît pas l'identité faciale du cagoulé.
Bon sang, mais quelle symphonie géniale que ce mélange Science-fiction/Fantastique/Horreur. Je dirais même heureusement que j'ai été pas mal occupé ailleurs, ce qui m'a permis de déguster ce livre, sinon je l'aurai dévoré.
«
Les gardiens de la porte » (titre qui aurait dû être renommé intelligemment : « Les gardiens des portes » puisqu'il y en a six) est une oeuvre majeure dans la bibliographie de
Graham Masterton, voire même dans le domaine de l'imaginaire. Comme j'ai aimé retrouver la Folie du Maître dans son écriture et son intrigue – lui seul capable de trouver de telles abominations – qui lui faisait cruellement défaut dans d'autres livres que j'ai pu lire de lui. Mais bon sang ! Si seulement il en écrivait d'autres romans de ce niveau (avec «
Démences », « Le
rituel de chair », «
Sang impur », «
Tengu » ou bien encore « Le
maître des mensonges »).