Je me demande souvent comment on a pu, comment j’ai pu ne pas voir ce qui se déroulait sous mes yeux dans mon pays, ce qui allait arriver. J’ai passé mon enfance au milieu des Noirs. Les villages blancs de mon enfance étaient toujours des enclaves entourées de Noirs. Il est impossible que je n’aie pas vu. Je devais bien savoir ! La tension devait être insupportable, tout le temps, tous les jours, nuit et jour.
Mais, avec l’habitude, sans doute une tension constante finit-elle par devenir la normalité. C’est le critère par lequel on juge tout. Et au cœur du problème était posée la question toute simple – simple ?! – du noir et du blanc.
Noir et blanc, blanc et noir, tout le temps. Le résumé de tous les maux de l’Afrique du Sud.
Or nous n’y voyions pas un problème, pas à l’époque, pas quand j’étais enfant. C’était notre mode de vie d’alors, un modèle imposé par Dieu. A moins que…?