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Critique de pixton


Extrait de la chronique :

"Le corps exquis" est une histoire d'amour et de mort, dans leur caractère le plus primaire, le plus impitoyable qui soit. Comme si l'auteur voulait répondre à cette double question : des tueurs en série sont-ils capables d'aimer ? Et si oui, quel serait l'objet de leur amour ? Je vous vois tiquer. Vous dites « oui mais non, un tueur en série ça n'aime rien ni personne, c'est d'ailleurs ce qui le caractérise. » Bon, admettons. Mais en vérité, qu'est-ce qu'on en sait ? Pourriez-vous affirmer que jamais un tueur en série n'est tombé amoureux ? Beaucoup de sociopathes ont donné des interviews. Mais notre malheur, c'est qu'ils adorent raconter n'importe quoi, mêler le vrai au faux afin de contrôler leur interlocuteur. Ce qui fait qu'on n'en sait fichtre rien, et qu'un écrivain doué pourrait nous faire croire à cet idylle impossible. du talent, elle en a à revendre Poppy, et elle est parvenue à imaginer le genre d'amour qui unirait deux prédateurs. C'est effrayant de réalisme, en vérité. Cauchemardesque.

L'histoire se passe a Nouvelle-Orléans. J'adore James Lee Burke, donc j'adore cette foutue ville, où je n'ai jamais fichu les pieds mais que j'ai pourtant l'impression de connaître. Poppy nous en dévoile la façade la plus glauque, la plus trouble. Sa ville grouille de paumés, d'ados en perdition, drogués, prostitués, proies idéales pour les psychopathes qui y sont bien installés, à l'abri du danger. La police est corrompue à l'extrême, écoeurante, à un tel point qu'on se demande si l'auteur ne règle pas quelques comptes personnels. Mais le décor n'est qu'à peine esquissé, juste ce qu'il faut pour donner de la substance au livre, pour ne pas empiéter sur le corps du sujet : cette histoire abominable d'un amour contre-nature, qui repousse les limites de l'extrême. le récit suit une trame limpide, nous relate les trajectoires de quatre personnages tous fêlés à leur manière, qui vont finir par se croiser. Aussi simple qu'efficace.

Si vous trouvez que "cinquante nuances de gris" est un bouquin osé, que vous êtes émoustillé par les films érotiques de M6 ou si « esprits criminels » vous file des cauchemars, oubliez ce livre, ne vous aventurez pas à le lire : votre santé mentale n'y survivra pas. le corps exquis fait partie de ces bouquins qui s'imprègnent durablement dans votre psyché, une agression littéraire à classer dans votre bibliothèque à côté d'Enfer clos (Claude Ecken), American psycho (Brett Easton Ellis), Haka (Caryl Férey) ou certaines nouvelles de Hubert Selby Jr. La preuve irréfutable que les mots ont un pouvoir, une force sans commune mesure, ce qui explique les critiques négatives, voire agressives, que vous trouverez ici ou là sur les blogs. Pour apprécier ce livre, il faut accepter l'idée que l'homme n'est ni bon, ni juste, que certains individus ont une structure mentale qui nous échappe, et que l'amour n'implique pas obligatoirement une femme et un homme sains, aux dents blanches, qui mangent des légumes vapeur bio et font du sport trois fois par semaine.

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