Il n'est pas de disposition plus triste que d'être triste quand personne d'autre ne l'est.
Et avec sa réponse était venu un soupir, celui de l'éternelle fatigue de ma mère, celui que j'entendais où que j'aille.
J'ai hoché la tête sans rien ajouter, surtout ne pas trahir mon ignorance.
Il n'est pas de disposition plus triste que d'être triste quand personne d'autre ne l'est.
Nos peines, elles peuvent devenir notre force...
Combien de temps ai-je perdu à condamner ce corps qui a pourtant construit celui d'Oscar ?
Mais ces versions de nous n’existent plus.
N’est-ce pas d’une éclatante évidence? Est-il encore possible que ce soit lui, mon amour torrentiel? Ses cheveux grisonnants mais surtout clairsemés- en fait, pas tant clairsemés que duveteux, une tragi-comédie qui arrive aux hommes vieillissants, les faisant ressembler pendant un temps à des canetons, inoffensifs comme de la barbe à papa- ses cheveux changés, en tout cas, et puis les vêtements, ceux-là mêmes qu’il aimait à l’époque, mais qui désormais lui donnent un air tristounet, ce Francis réel, en somme, que vient-il faire dans mes délires? N’est-il pas aussi ridicule que moi dans mon costume de matrone dépressive?
N’a-t-il pas, autant que moi, douloureusement honte?
Ne sommes-nous pas les tristes, tristes clowns d’un sketch éculé? (p. 205)
Ce qui est étrange, c’est que j’ai beaucoup parlé à Francis, dans ma tête, depuis quinze ans. Il a assisté à la résolution de plus d’un conflit intérieur. (p. 205)
Attendre. Pressentir avec effroi et exaltation qu’on en espère autant qu’au premier jour, que la fièvre ne se guérit pas, qu’on est une chandelle fondue, que le pouvoir a toujours été et sera toujours du côté des autres, que rien, ni le temps, ni les enfants, ni les briques qu’on a farouchement empilées n’ont d’effet sur le sombre désir de dire oui à cet homme absent depuis si longtemps. (p. 37)
Est-il encore possible que ce soit lui, mon amour torrentiel? Ses cheveux grisonnants mais surtout clairsemés - en fait, pas tant clairsemés que duveteux, une tragi-comédie qui arrive aux hommes vieillissants, les faisant ressembler pendant un temps à des cannetons, inoffensifs comme de la barbe à papa...
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