Moi, je bois à grandes rasades, comme après un déménagement au mois de juillet, avec la satisfaction de ne plus rien attendre de cette journée.
C'était l'heure bénie où les maisons s'illuminent sans que l'on pense encore à tirer les rideaux.
À présent, devant mon gâteau de solitude, il n' y avait plus de pensées.
Nous avions d'abord partagé un été d'attente et de rendez-vous, et je ne sais pas, de l'attente ou des rendez-vous, ce qui m'avait semblé le plus délicieux.
- Il est pas vieux, il est juste moins jeune.
- Exact.
- Il est gentil avec toi ? Il t'aime ?
- Il est super gentil avec moi.
- Il t'aime ?
- Je vais quand même pas le lui demander. Des plans pour qu'il disparaisse.
- T'as raison. Ça se demande pas. Mais ça se sent, par exemple.
Francis et moi étions-nous seulement destinés à nous rencontrer, ou condamnés à le faire ?
Quand on en parle, les choses deviennent réelles, et révèlent leur ridicule.
Ce moment où la porte se referme et où ils sont tous partis m'est habituellement précieux. C'est comme si on avait agité un linge à vaisselle sous un détecteur de fumée et qu'après le chaos et le mouvement, l'alarme s'arrêtait net.
Elle connaissait mes pulsions de solitude, je connaissais ses envies de fugue, et ne rien empêcher était la consigne qui résumait notre amitié.
Ma mère a toujours dit que le sarcasme et l'ironie étaient signe d'intelligence. Peut-être que c'était pour me rassurer sur son compte.