Pour dire celui qui précipite dans ses solitudes brûlées la
perfection du feu et de la cendre, je maintiens la fin dans
l’ébranlement, le départ dans le terme.
Le monde est muré. La ville est murée. Sans répit la folle cogne
son outil de fer contre la peau du cercle. Son loisir est la haine.
Je ne dénonce pas. Mais dans l’absolu des menthes et des sauges
bleues, entre la mort en habits de laine et l’été intime des
plantations, j’éveille les musiciens, je rassemble les jeteuses de sort,
j’applique une fraîcheur d’argile sur la cicatrice qui pourrit.
( poème n° 22)
Avec les sources
l’âpreté des sueurs
soleil figé
à la tempe du ciel
Nous oublions les creux
où l’obscur fait son lit
le sillon où l’avoine
s’éteint
Au plus haut du voyage
mûrissent les effusions
Nous interrogeons toute demeure
toute demeure nous interroge
(poème n° 87)
Pour conjurer le froid qui assourdit
qui pénètre qui brûle
j’évoque l’imagerie salvatrice
la voix qui révèle en nommant
j’assimile le feu
sous toutes ses formes
(poème n° 26.)
La Maison de la Poésie. Eric Brogniet.