Radical machines

Ce livre est un électrochoc poétique. Une série de textes futuristes, alarmistes, extra-lucides qui font la lumière sur ce que nous sommes en train de vivre et ce vers quoi nous tendons. On s'en prend plein la tronche, c'est sans concession. La rythmique est soignée, le vocabulaire, la syntaxe et le langage nous chamboulent les préjugés. Ne cherchez pas un joli poème empli de sagesse. Lucidité, véracité et férocité peuplent ces pages. Parfois on se surprend à le lire à voix haute, ça passe mieux ainsi. Les images sont puissantes, déconcertantes, purement poétiques, délestées de tout cliché. No futur, punk is not dead, normal, il porte un masque à gaz, comme sur la couverture. Cette image issue d'une performance rock Arthur Rain intrigue tout en posant le décor de manière explicite. Ce grand auteur est élu à l'Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique depuis 2010. Cela fait réfléchir sur l'académisme littéraire franco-français. Bravo l'artiste.

Né à Ciney en 1956, élu en 2010 à l'Académie royale de langue et de littérature françaises de Belgique, Eric Brogniet récolta, en tant que poète, le prix Mal-Pol Fouchet en 1986 pour "Le feu gouverne", le prix Louise Labé en 1994 pour "L'Atelier transfiguré" et le prix Maurice Carême en 1997 pour "Dans la chambre d'écriture". Son recueil "Radical Machines" rappelle que la littérature a toujours été "attentive à l'évolution technologique". Pour Eric Brogniet, "de I'homme-machine de Descartes et La Mettrie, on est aujourd'hui passé à la machine-homme de Deep Mind, filiale de Google". Et le poète d'écrire : "Rien jamais ne guérira en vous la blessure et la merveille de vivre".