Citations sur La pensée extrême (14)
“les croyances extrêmes ne disparaîtront pas de l’horizon de notre contemporanéité. Les individus qui la composent, loin d’être des monstres d’irrationalité sont extrêmement logiques”
(...) la massification de l'enseignement supérieur et l'augmentation du taux de diplôme dans les sociétés démocratiques n'accroissent pas mécaniquement la proportion de professions ou de positions sociales prestigieuses. On augmente donc le taux d'aspiration sans faire varier beaucoup celui des satisfactions.
Sans nous en apercevoir toujours bien, nous sommes enserrés de liens sociaux qui limitent et orientent notre accès à l'information en ce qu'ils nous exposent préférentiellement à tel type d'argumentations, d'idées, de croyances plutôt qu'à d'autres. p 207
S'il existait une telle société où les valeurs des individus étaient strictement proportionnées à leurs intérêts, la possibilité de corruption y serait généralisée (...). On pourrait envisager une telle société, mais elle n'aurait guère de chances de se développer durablement. (...) La guerre, en effet, implique (...) qu'un certain nombre d'individus soient capables de faire le sacrifice d'eux-mêmes pour une cause qu'ils jugeront supérieure (la survie du clan, la vérité que défend le groupe d'appartenance...).
Une des formes typiques d'entrée dans le fanatisme, bien repérée par les spécialistes du genre, est l'impression qu'a l'extrémiste de pénétrer dans le temple de la pureté le lavant ainsi de tous les péchés et les humiliations qui précèdent la renaissance, en particulier lorqu'il s'était adonné à la petite délinquance, les violences et incivilités de toutes sortes. p.232
Leur sentiment constant est que l'Occident les a humilés, ils vivent avec l'obsession qu'ils auraient une revanche à prendre. Cette indignité qui serait la leur est alimentée à plusieurs sources, celles de la colonisation, de l'esclavage, de la domination économique et culturelle, et de toute une série de faits d'actualité qui ne les impliquent que parce qu'ils se prétendent rattachés à une famille imaginaire : celle des musulmans opprimés. p 231
Une des formes typique d'entrée dans le fanatisme, bien repérée par les spécialistes du genre, est l'impression qu'a l'extrémiste de pénétrer dans le temple de la pureté le lavant ainsi de tous les péchés et les humiliations qui précèdent la renaissance, en particulier lorsqu'il s'était adonné à la petite délinquance, les violences et incivilités de toutes sortes.
La plupart du temps, la fréquentation de nos semblables nécessite des arrangements permanents avec ce que nous appelons nos valeurs, ce qui est considéré par le sens commun comme une forme de sagesse.
(...) si l'on y met le prix (argent, prestige, gain de temps, gain d'énergie...), la majorité d'entre nous est prête à renoncer, au moins provisoirement, à l'expression de certaines valeurs. Le manque de fermeté morale ne peut pas être attendu systématiquement, mais sur le grand nombre, on rencontrera la corruption ordinaire sans faire beaucoup d'efforts.
(...) notre époque contemporaine a toutes les chances de susciter des vocations, des ambitions qui seront, en moyenne nécéssairement déçues. A ce titre, il se pourrait que la pensée extrême, loin d'être un ersatz d'idéologies et de manières d'un autre âge, soit une expression particulièrement représentative de la modernité. (...) les sociétés démocratiques sont des sociétés qui engendrent, par nature, un taux de frustration supérieur à tous les autres systèmes sociaux. (...) contrairement aux sociétés traditionnelles, le destin de chacun est ouvert. Nul ne peut savoir s'il sera destiné à la réussite économique ou à la déchéance, par conséquent il est permis à tous d'espérer. (...) Le sentiment d'avoir le droit d'obtenir les mêmes choses que les autres et l'envie d'en avoir un peu plus malgré tout constituent deux invariants de l'équation de la frustration.