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Moins connu que l'oeuvre de son compatriote Primo Lévi, le récit d'Édith Bruck met l'accent sur l'une des plus grandes épreuves des rescapés de la Shoah : le retour parmi les vivants. Entre l'impossibilité de communiquer l'indicible et le dégoût que son malheur suscite, Édith choisira la fuite en avant, sauvée par sa beauté et son insatiable envie de témoigner (« Raconte-le, on ne nous croira pas, raconte-le, si tu survis, fais-le pour nous aussi », imploraient les mourants).
La stupeur, la cruauté, le voyage en train, l'attribution d'un numéro (11152), l'impensable tri, la survie dans les camps, la mort qui rôde, la question du mal (« Et comme le mal engendre le mal, de même du bien naît le bien »), les miracles d'humanité (p73)… On a beau avoir lu et relu Semprun, Kertész, Wiesel, Merle ou Spiegelman, on ne pourra jamais s'y habituer. À chaque fois cette question revient, dérangeante : comment des hommes ont-ils pu infliger un tel supplice à d'autres hommes ?
Édith Bruck n'apporte pas de réponse mais sa lettre à Dieu m'a laissée sans voix : « Nous n'avons, nous, ni Purgatoire ni Paradis, mais l'Enfer, je l'ai connu, où le doigt de Mengele indiquait la gauche qui était le feu et la droite qui était l'agonie du travail forcé, les expérimentations et la mort de faim et de froid ». Un peu plus loin, elle interroge le soi-disant tout puissant : « Pourquoi n'as-Tu pas brisé ce doigt ? Dans la Chapelle Sixtine Tu tends le Tien vers Adam – homme en hébreu – sans l'effleurer comme ce médecin qui était le Oui et le Non en prenant Ta place. Tu as permis qu'il Te remplace ! »
On lui demande souvent si elle hait ses tortionnaires. Elle répond qu'elle éprouve de la « pitié, oui, envers n'importe qui, haine jamais, c'est pour ça que je suis saine et sauve (…) »
Bilan : 🌹🌹
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Ces pains allaient enfin être enfournés
pour régaler et assouvir la faim
de cette famille nombreuse....
Quand les gendarmes sont arrivés.
ils ont embarqué parents et enfants.
Des juifs isolés puis exclus
de la vie de leur bourg hongrois .
C'est la petite de 11 ans qui nous
raconte leur voyage vers l'enfer des camps.
La mère qui regrette amèrement ces pains
perdus qu'elle ne partagera jamais avec les siens
part en fumée la première ...
Sans jamais baisser la tête ni les bras,
Ditke avance donc, au milieu des fantômes,
des SS, des kapos, des chiens et des matraques.
Sa soeur aînée l'épaule et la soutient.
L'évacuation des camps ...
Quel avenir s'inventer? Ou aller?

Édith Bruck nous confie son chemin miné
de bombes en tous genres
mais surtout, son incroyable résilience !
La langue est belle, imagée et sobre
soucieuse de retranscrire au plus juste
la réalité de son vécu.

La vitalité et l'énergie d'Edith Bruck
font de ce récit un hymne à la Vie.






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Vous allez certainement trouver le rapprochement que je vais faire un peu bizarre, incongru voire totalement déplacé, mais tant pis, j'ose, parce que dans les deux cas, c'est la vie qui parle, qui palpite, l'énergie qui est là, la détermination, l'ardeur qui dominent. Est-ce parce que je venais de finir le tome 2 du journal de Deborah Levy publié aux Éditions du sous-sol ? En tout cas, j'ai eu l'impression d'un lien, étrange certes car les deux textes n'ont rien à voir, mais d'une parenté tout de même, dans le ton notamment mais aussi dans le dynamisme du récit, le recours à la puissance du détail qui en dit beaucoup, l'insatiable recherche de la liberté, la dimension féministe omniprésente… J'avais parfois l'impression étrange que c'était Deborah Levy qui témoignait de la déportation. Il y a chez ces deux femmes, au-delà de vies et d'expériences complètement différentes, des points communs dans la personnalité qui se traduisent par un style parfois assez proche: des mots directs, crus, sans métaphore et une vitalité, une volonté, une force que l'on sent dans chaque phrase. J'imagine que cet étrange rapprochement n'a pour origine qu'une forme de collision temporelle de lecture entre deux oeuvres mais en moi, ces deux femmes resteront étonnamment liées à jamais. Revenons, après cette étrange expérience, au terrible destin d'Edith Bruck. Elle naît le 3 mai 1931 dans le petit village hongrois de Tiszabercel : elle est l'aînée d'une famille pauvre de six enfants et c'est à l'âge de 13 ans, en 44, qu'elle est déportée, enfermée tout d'abord dans le ghetto de Sátoraljaújhely puis à Auschwitz où elle devient le numéro 11152.
Ce qu'elle se rappelle du jour où tous les juifs du village ont été rassemblés autour de la synagogue, ce sont les cris de sa mère qui hurlait parce que le pain allait être perdu. Ce pain qui avait gonflé et qui était prêt à cuire dès l'aube. Ces cris… (ils me rappellent ceux du boulanger d'Oradour qui se lamentait pour les mêmes raisons…) Ils me feraient pleurer ces cris d'hommes et de femmes qui n'imaginent pas une seconde ce qui va leur arriver. Terribles...
Puis le train, les wagons à bestiaux, avec un seau pour les besoins. La violence quotidienne des nazis, l'absence de nourriture et toujours les paroles tragiques de la mère : « Rappelez-vous, nous dit maman, le bien existe, les saints existent, Dieu existe... » le discours direct, très présent dans l'oeuvre, restitue pleinement la voix des morts et il y a une sorte de décalage étrange entre ces voix vivantes qui apportent beaucoup d'énergie et de vivacité au récit et l'omniprésence de la mort. Oui, « Le Pain perdu » est un texte vivant sur la mort, un texte qui combat la mort par son énergie, sa vigueur, toute la vie dont il témoigne. Le contraste est saisissant d'autant que l'on a le sentiment au début que tout est perçu du point de vue de l'enfant qui s'attache aux plus petits détails pour tenter de comprendre ce qui a lieu. Il y a par exemple l'épisode de la Polonaise qui dit à l'enfant : «  - Viens, je vais te montrer où est ta mère ! … Tu vois cette fumée ? … Tu sens cette puanteur de chair humaine ? Ta mère était grosse ? Alors elle est devenue du savon comme la mienne. » Les camps de travail et d'extermination se succèdent : Auschwitz (où elle sera séparée de ses parents), Dachau, Kaufering, Landsberg, Bergen-Belsen, les marches forcées… La faim, les poux, le froid, les maladies, les suicides contre le fil barbelé et électrifié. Elle se retrouve seule avec une soeur aînée. Il faut tenir, lutter contre l'épuisement. « Est-ce que c'était trois mois ou trois années qui étaient passés ? Chaque jour, à chaque heure, à chaque minute on mourait. » « Nous n'avions plus grand-chose d'humain. » Des hommes qu'on laisse mourir, nus, sur le sol, c'est ce que l'enfant voit. L'un deux lui souffle ces mots : « Raconte-le, on ne nous croira pas, raconte-le, si tu survis, fais-le pour nous aussi. » Jusqu'au matin où personne ne vient faire l'appel, d'autres soldats arrivent, avec d'autres uniformes. « Away, away » crient-ils effrayés par ce qu'ils découvrent. Puis, il faut tenter de retrouver les siens. Et aller quelque part. Mais où ? Comment vivre « égarées dans le monde des vivants » ? S'ensuivent une errance, une recherche de lieu où se poser pour écrire… Des tensions naissent entre les membres de la famille. L'Allemagne, la France, Israël... Edith Bruck a du caractère, elle sait ce qu'elle veut et surtout ce qu'elle ne veut pas : la collectivité, la discipline militaire par exemple. C'est l'Italie qui sera la terre d'accueil et la langue du témoignage. « Il faudrait trouver des mots nouveaux, y compris pour raconter Auschwitz, une langue nouvelle, une langue qui blesse moins que la mienne, maternelle. » Ce sera l'italien.
« Le pain perdu » s'achève sur une « Lettre à Dieu » extrêmement touchante : « Je T'écris à Toi qui ne liras jamais mes gribouillis, ne répondras jamais à mes questions, à mes pensées ruminées pendant toute une vie. » Insupportable silence. Immense solitude.
C'est à la fin de sa vie qu'Edith Bruck écrit ce texte : la mémoire commence à lui faire défaut et sa vue est touchée par une dégénérescence maculaire. Elle doit témoigner de « l'invraisemblable », dire ce « conte dans la forêt obscure du XXe siècle », raconter au plus vite parce qu'il y a cette « ombre » qui plane encore et toujours sur le troisième millénaire.
Un texte bouleversant.
Lien : http://lireaulit.blogspot.fr/
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Édith Bruck est née en Hongrie, et a vécu en Italie la plus grande partie de sa vie.
Le pain perdu, c'est celui que la famille n'a jamais pu manger car les soldats sont arrivés pour leur faire prendre le train qui devait les emmener dans le camp de concentration.
Le pain perdu, c'est la famille disloquée, la mère qui part à gauche, là où est le feu, les filles à droite, et Édith qui s'accroche à sa mère mais que le soldat fait changer de file, Édith qui ne finira pas dans la fumée du camp comme tant d'autres femmes, enfants, vieillards, hommes, arrivés là en même temps, avant ou après elle.

C'est une enfant née le 3 mai 1931 dans une famille juive pauvre, l'enfance heureuse d'une fillette qui travaille bien à l'école ; ce sont les premières manifestations de racisme contre les juifs dans son petit village de Tiszabercel, près de la frontière ukrainienne, un village jusque là plutôt tranquille ; puis a 13 ans en avril 1944, c'est la déportation, le matricule 11152, BirkenaAuschwitz, Kaufering, Dachau, Bergen-Belsen, les camps d'extermination, les privations, la faim, l'épuisement, les morts, les longues marches dans le froid ; la libération en 1945 ; l'exil en Israël, et toujours, ensuite, tenter de vivre après ça.

C'est n'avoir aucun mot pour dire, pas d'échange possible avec ceux qui n'ont pas connu cette horreur, et tant de questions, tant de pourquoi, tant de douleur. C'est le rêve fou d'aller en Israël, la désillusion, puis la vie en Italie, et les mots, toujours, pour dire.
C'est un récit autobiographique à la lecture nécessaire, douloureuse, indispensable. le témoignage des survivants, ceux qui bientôt ne seront plus là, ceux qui encore peuvent nous dire, à nous les générations suivantes ce que fut le mal absolu.

On ne peut que penser aux témoignages de Primo Levi, Marceline Loridan, Charlotte Delbo et tant d'autres en lisant ce livre qui se termine sur une lettre à Dieu, mais quel Dieu, celui qui a laissé faire tout cela ? le pain perdu, à faire lire, encore et encore, pour ne jamais oublier.

Lien : https://domiclire.wordpress...
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Au crépuscule de sa vie, alors que les premiers signes de cécité et d'amnésie la gagnent, Edith Bruck (89 ans) sent le besoin de revenir sur « son long chemin » qui lui semble même « invraisemblable, un conte dans la forêt obscure du XXème siècle, avec sa longue ombre sur le troisième millénaire. » Rescapée d'Auschwitz, c'est un ultime témoignage qu'elle transmet ici dans ce livre court mais puissant, pour que l'horreur de la déportation et des camps de la mort ne soit jamais oubliée.

Sa vie commence dans un petit village de la Hongrie orientale. Edith est la benjamine d'une famille de six enfants. Intelligente, bonne élève, elle aime l'écriture et la poésie. La famille, très pauvre, et de confession juive est mise à l'écart par les autres villageois, puis persécutée par les nazis. Arrestation brutale en pleine nuit, déportation vers Auschwitz, dramatique sélection à l'entrée, conditions de vie inhumaines. L'autrice décrit avec force et réalisme l'horreur du quotidien : la faim, le froid, la violence, les traitements infligés, les maladies, la mort... mais aussi la solidarité entre détenues.
Auschwitz, Dachau, Kaufering, Landsberg, Christianstadt, Bergen-Belsen, Edith et sa soeur Judit, qui ont compris qu'elles ne reverraient jamais leurs parents ni leur frère Jonas, sont transférées à plusieurs reprises à la limite de l'épuisement mais resteront ensemble jusqu'à la libération des camps par les alliés.

C'est alors pour les deux soeurs l'espoir de la liberté, du retour dans leur pays et des retrouvailles avec les autres membres de la famille. Ceux-ci hélas les traitent avec indifférence et ne les écoutent pas. Chacun a sa propre vie à préserver.

" Nos vrais frères et soeurs sont ceux des camps. Les autres ne nous comprennent pas, ils pensent que notre faim, nos souffrances équivalent aux leurs."

Après moultes désillusions et déconvenues, Edith et Judit finiront pas se séparer, chacune suivra son chemin ! Edith dont la maturité et la force de caractère impressionnent mènera, par la force des choses, une vie aventureuse, qui la mènera dans divers pays dont Israel, la Turquie, la Grèce pour enfin trouver sa nouvelle patrie : l'Italie, où elle vit depuis soixante ans. Elle exercera de nombreux métiers, serveuse, danseuse, chanteuse...
On ne peut qu'admirer la détermination, la vitalité et la force d'Edith Bruck pour se reconstruire.

Son témoignage est puissant et force le respect. Pas de pathos dans son livre, mais un style d'écriture sec, beau, factuel et réaliste. Un devoir de mémoire indispensable.


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Vous allez vous dire « encore un récit sur Auschwitz et les camps de concentration », et vous aurez raison. Mais personnellement, en ces temps troublés par l'invasion de l'Ukraine, je pense qu'il est nécessaire de rappeler, encore et encore, ce que l'homme a été capable de faire subir à ses semblables. Et puis ce qui est remarquable dans ce récit, c'est que l‘auteure nous apporte un témoignage sur ce qu'a été sa vie avant et après sa détention dans les camps de la mort.

« La peur, que les parents tentaient de dissimuler aux plus jeunes de leurs enfants, s'exprimait par une impatience, une nervosité, des interdictions de sortir ou de se défier à la course dans les ruelles. » Edith Bruck est née en Hongrie en 131. Enfant, elle se rend très vite compte qu'une différence est faite entre ses deux amies juives, elle- même et les autres enfants. Même si son jeune âge ne lui permet pas de tout comprendre, elle perçoit très bien la menace grandissante qui pèse sur la tête de toute sa famille et de celle de ses amies.

« - Si une nullité merdeuse, une Juive immonde a le courage de porter la main sur un Allemand, si elle le fait, elle mérite de survivre. Dieu vous maudisse ! » Un matin, les militaires les emmènent dans un ghetto, puis les embarquent dans un wagon à Bestiaux à destination d'Auschwitz, où le docteur Mengele décidera du destin de chacun dès leur descente du train. Faim, saleté, coups et humiliations deviennent le quotidien d'Edith et de Judit, sa soeur aînée.

« Nous avons vécu dans l'agonie, au milieu des morts, dans le froid, la faim jusqu'au dernier appel du 15 avril, mais de l'aube à neuf heures, personne n'est venu nous compter. La kapo qui nous mettait en rang à coups de bâton, parce que certaines d'entre nous ne pouvaient tenir debout, avait disparu.
L'abandon total signifiait- il la mort ? » Et puis les Américains, et puis les marches de la mort et une arrivée au milieu de nue part, fantômes faméliques et hagards. Peu à peu, on réapprend à vivre, mais à quel prix ? L'Histoire a fait table rase du passé ; plus de maison, plus de famille ; on fait comment pour se reconstruire ?

Au final, un témoignage touchant qui m'a fait penser à celui de Marceline Loridan- Ivens, dans son désir de vivre hors les murs, loin de la promiscuité et avec un accès illimité à la liberté. Quand on se rend compte, à treize ans, de la violente brièveté de la vie, on ne peut que rêver d'en profiter au maximum, non ? Un récit parfois complexe à lire du fait de la langue mais essentiel à l'Histoire.
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Bonsoir les babeliophiles petit retour sur ma dernière lecture de 103 pages sur ma liseuse.
J'en ressort très mitige, malheureusement.
Je ne sais pas si c'est pas pudeur mais Édith Bruck ne s'est pas trop attardée sur sa déportation dans les camps. Et du coup je n'ai rien ressenti ni colère ni haine envers ces tortionnaires ni empathie pour l'autrice.
Par contre j'ai bien aimé sa vie d'après ses galères,ses joies,ses déboires et personnellement c'est partie etait pour moi beaucoup plus intéressante.
Toutefois,comme je le précise toujours,ceci est purement personnel.
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le jour où j'ai reçu ce livre il y avait Edith Bruck dans l'Heure Bleue sur France Inter. J'ai écouté cette femme, dont je n'avais jamais entendue parler et j'ai lu son récit le lendemain. le pain perdu, c'est celui que la famille n'a pas mangé, puisque pendant la nuit deux gendarmes embarqua la famille, eux juifs hongrois, déportés en 1944. Edith Bruck nous parle de son enfance, pauvre et rude dans cette Hongrie où le s juifs sont de plus en plus mal vus, du départ pour Auschwitz, des camps et puis de la suite de sa vie. Rêve d'une Palestine, pas si accueillante ... Des déceptions nombreuse et cette force de vivre, absolument, parmi toutes les embûches qu'aura connu cette petite fille, devenue dame très âgée et qui témoigne encore de ce que l'on ne peut imaginer et qu'il ne faut jamais oublier.
Dans ses pages il y a la famille, les humiliations, la haine, les coups, la douleur de vivre et la mort. C'est la guerre dans toute son horreur et je me demande si c'est une bonne idée de lire en ce moment ce genre de livre.
Un récit essentiel, qui se lit d'une traite, l'auteure fait son devoir de mémoire sans concession mais d'une écriture vibrante qui nous happe dés les premières lignes.
J'ai de suite acheté un autre titre d' Edith Bruck Qui t'aime ainsi, qui est encore le récit de sa vie. On retrouve des faits de son dernier récit, elle y parle plus des camps, je crois, de ses 3 premiers mariages aussi. C'est plus précis que dans le pain perdu. Mais cela s'arrête avant son départ en Italie. Les 2 récits se recoupent, se complètent et se répondent. On replonge dans l'horreur des camps, l'abjection de certains, et la prévenance d'autres ( plus rares)
Par contre je n'ai pas compris pourquoi les noms de ses frères et soeurs ont été changé entre les deux récits.
Il me reste à découvrir ses poèmes. Edith Bruck est un personnage important dans le monde culturel italien. Un personnage impressionnant qui fut une fillette courageuse et volontaire et une voix impressionnante que les SS et les fascistes n'ont pas réussie à faire taire.
Merci à Babelio et aux éditions du sous-sol pour cette découverte.
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Les esprits chagrins penseront à un énième livre sur les camps ; un énième témoignage qui ressemble finalement aux précédents.
Oui, c'est vrai, d'autres avant Edith Brück ont pris la plume pour dire l'indicible. On pourrait penser que tout a été dit, que désormais, tout le monde sait.
Il n'en reste plus tant que cela de ces hommes et femmes qui ont connu la Shoah. Edith Brück est de ceux-là, derniers témoins vivants d'une tragédie qui aurait dû servir de leçon. Et pourtant, l'histoire plus récente a prouvé qu'il n'en était rien, et qu'il fallait encore et encore dire, raconter, écrire pour sans cesse rappeler aux générations suivantes que rien, rien n'est jamais acquis !
Edith Brück est très âgée, sent que sa mémoire s'en va. A l'instar de son compatriote Primo Levi, elle prend la plume pour témoigner à nouveau sur son vécu. Elle qui après sa sortie des camps a eu du mal à trouver sa voie, à s'installer quelque part, à se stabiliser, rend un hommage vibrant à sa patrie d'adoption, l'Italie tout en étant d'une grande lucidité sur les dangers à venir.
En quelques 170 pages, Edith Bruck nous livre un texte émouvant, avec en particulier les dernières pages poignantes sous la forme d'une Lettre à Dieu, qu'elle nomme le Grand Silence.
Chaque témoignage est unique, aucun n'est de trop, ni inutile ! A commencer par celui-là !

Lien : https://leblogdemimipinson.b..
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Edith Bruck est née en Hongrie en 1931, dans une famille juive pauvre aux confins de l'Ukraine et de la Slovaquie Elle a cinq frères et soeurs, c'est une petite fille gaie qui aime l'école et son village. Sa mère est très religieuse et se réfère à Dieu pour tout. Puis ce seront les premières persécutions, le départ brutal pour le ghetto de Sátoraljaújhely et ensuite la déportation de la famille à Auschwitz. Elle a tout juste treize ans. Un soldat allemand lui sauve la vie en l'obligeant à se séparer de sa mère et à prendre la bonne file.

La suite rejoint bien des témoignages, tout en étant unique comme à chaque fois. Elle a la chance d'être avec une de ses soeurs et elles ne se quitteront pas, camp après camp. Elles connaîtront la faim, le froid, les coups, une marche de la mort mais vont s'en sortir toutes les deux et se jurer de ne plus se quitter. Elle a seize ans.

La libération ne signifie pas pour autant une vie pleinement retrouvée. Personne ne les attend, elles ne sont les bienvenues nulle part. Elles retournent en Hongrie où une de leurs soeurs a échappé à la déportation et a fait un mariage bourgeois. Elle ne veut rien savoir de ce qu'Edith a vécu. La cohabitation n'est pas possible très longtemps.

Edith va commencer une vie d'errance, la Tchécoslovaquie, l'Allemagne, la France, Israël, où elle ne s'adapte pas du tout et ne supporte pas l'aspect militaire de la société. Elle vit de petits boulots, se lance dans la danse et la chanson, jusqu'au jour, où elle arrivera en Italie, où elle se sentira immédiatement chez elle, avec enfin une existence possible.

Edith a une forte personnalité ; sortie des camps elle sait qu'elle ne se laissera plus dicter sa conduite par personne, pas même par sa soeur. Leurs routes vont se séparer. Edith prend des chemins qui ne plaisent pas à sa famille, elle n'en aura cure et suivra sa voie. Elle se débrouille comme elle peut, fait des erreurs, mais va de l'avant. A vingt ans elle s'est déjà mariée et a divorcé trois fois.

C'est parce qu'à 90 ans Edith Bruck a senti sa mémoire défaillir qu'elle s'est lancée dans ce court récit pour ne rien perdre de ce qu'elle a vécu. Elle écrit et raconte sans fioritures, allant droit au but. J'ai été autant touchée par la partie liée aux camps que par l'après-libération, ces longues années où les survivants ont continué à être ignorés, livrés à eux-mêmes dans des sociétés toujours hostiles à leur présence.

A signaler que la collection Points sort également "Qui t'aime ainsi" premier récit édité en Italie en 1959. Ainsi qu'un recueil de poèmes "Pourquoi aurais-je survécu ?"
Lien : http://legoutdeslivres.haute..
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