Citations sur Ce qu'elles ne savaient pas (La gueule du loup) (28)
« Je poserai mes mains
Dans la chair de ton sol
Collerai ma joue aux troncs qui te jalonnent
Goûterai tes fruits
Jusqu’à devenir autre
Jusqu’à devenir même
Et me changer en île »
« Tu reprends la main. Forcément. C’est tellement compliqué, d’inverser els tendances. Et qui le voudrait ? Que je sois bouffée tout cru par ma propre amertume, je le mérite. Pas capable de prendre une décision … et pourtant. Vas-y Mathilde, jette-nous dans la gueule d’une baleine ! »
« Y en a toujours eu des bizarres, des Vazahas – avec des goûts étranges. Ça, c’était pas nouveau. Des vieux, des très laids, et même des jeunes plutôt mignons qui n’osent pas faire certains trucs avec leur copine, et qui te touchent en rougissant. Mais un Blanc, riche et élégant, tellement soigné … comment tu pouvais deviner ? »
Juste cesser de sentir la course folle du temps lui grignoter la vie.
C'est pour ça qu'elle a toujours peur de se planter, de faire les mauvais choix, et de regretter. Du coup, parfois, elle ne vit pas.
Toute façon, nous deux, c’est une vieille histoire… rien ne peut y mettre fin.
Si Lou chérit cette histoire, c’est parce qu’au fond, elle aurait rêvé d’avoir la même chose que cet homme – mais pour bloquer la bobine… quitte à végéter dans le rien quelques temps. Juste cesser de sentir la course folle du temps lui grignoter la vie. C’est pour ça qu’elle a toujours peur de se planter, de faire les mauvais choix, et de regretter. Du coup, parfois elle ne vit pas. Pas comme Mathilde et ses mille vies en une seule, toujours à galoper au-devant du fil.
Elle s’égare. Son imagination lui souffle des bouts de poèmes exaltés. Sa mère le lui répète assez souvent, pourtant : de la demi-mesure en toute chose, Mathilde ! Et puis quoi encore ? Un demi-bonheur ? Des demi-amis ? Et pourquoi pas une demi-vie tant qu’on y est ?
Son père lui a raconté une histoire, un jour : celle d'un homme - ou d'un dieu ? - qui avait pu tenir dans ses mains la bobine du fil de sa vie. Cet imbécile l'avait déroulée à toute vitesse, courant de bon moment en bon moment, évitant les coups durs, les souffrances, accélérant le mouvement de sa propre existence. Évidemment, en un temps record, il avait épuisé son quota et se retrouvait comme un con aux portes de la mort. L'idée générale, c'était quoi déjà ? Qu'on n'a pas beaucoup de vrais bons moments dans une vie ? Qu'il faut vivre le mauvais pour pouvoir profiter du bon ? Un truc dans ce genre, un message subtil, typique parents. Si Lou chérit cette histoire, c'est parce qu'au fond, elle aurait rêvé d'avoir la même chance que cet homme - mais pour bloquer la bobine... quitte à végéter dans le rien quelque temps. Juste cesser de sentir la course folle du temps lui grignoter la vie.
"C'était hier. Tout juste hier que Lou collectionnait les sphères gagnantes et s'en fourrait plein les poches. Elle ne comprend pas : comment ça peut passer si vite? Elle a constamment au cœur l'angoisse des minutes qui meurent. Qui deviennent des heures, des jours, des semaines et parfois elle ne peut énumérer au-delà parce que ça la charcute trop. Comme une main ennemie qui plongerait dans sa poitrine pour lui cogner les ventricules. Blam! Blam! Son problème, c'est lorsqu'elle vit l'instant, elle a déjà conscience qu'il vient de mourir."
Bon, je vais te dire. Ça m’angoisse pas, ça me fascine. Des fois,ça me colle le vertige. Mais dans l’ensemble, le vertige, j’aime bien : c’est un peu comme l'ivresse, tu vois ?