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EAN : 9782848658209
251 pages
Sarbacane (06/01/2016)
4.09/5   202 notes
Résumé :
Ils sont sept. Sept qui se rencontrent en manif, dans la révolte, dans le désordre, et se lient d'amitié, refusant la vie calibrée et matérialiste que le monde leur impose. Parce qu'ils ont de la colère et de l'amour en reste, ils choisissent de vivre ensemble, joyeusement, en squat et en meute, avec leurs propres règles. Et au coeur de la meute, il y a Jeanne et Basil, qui découvrent l'amour, celui qui brûle et transporte, au milieu des copains - et dans l'intensit... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (79) Voir plus Ajouter une critique
4,09

sur 202 notes
Lors d'une manifestation, au cours de laquelle les flics, nerveux, n'ont pas hésité à balancer de la lacrymo, pourtant bousculée par la foule grandissante et en furie, Jeanne remarque aussitôt un jeune homme. Soudainement figée, elle l'observe, le coeur battant fort. Ses mains, ses gestes, ses cheveux en vrac, sa désinvolture agaçante... Basile, interpelé par son ami Tonio, voit, dans la foule, cette jeune fille immobile. Sa longue silhouette, ses cheveux fauve, sa petite cicatrice sous l'oeil. Ses yeux plantés dans les siens avant que Tonio ne l'entraîne avec lui pour éviter que les flics ne leur tombent dessus...
Alison, effrayée mais tenace, continue d'avancer parmi les manifestants. Mais les flics chargent, avancent en grand nombre. Aussi suit-elle, dans leur sillage, un jeune couple, près de qui elle a marché pendant des kilomètres... Lucie a malheureusement lâché la main de Jules et c'est à la terrasse d'un bistrot, les yeux rougis, secouée, qu'elle s'inquiète pour lui. À la table d'à côté, Tonio, en compagnie de Jeanne et Alison, lui propose de venir avec eux. Viendront bientôt se joindre à eux Jules, Basile et Marc... Parce qu'ils partagent tous à peu près les mêmes idées, c'est presque naturellement que tous les sept allaient décider d'habiter ensemble…

Jeanne, Alison, Lucie, Basile, Jules, Marc et Tonio... Soudés comme jamais. Une belle et grande amitié qui commence lors d'une manifestation. Si certains suivent les cours de la faculté et crèchent en cité U, si d'autres travaillent, plus ou moins, créchant à droite à gauche, ils vont très vite décider de squatter une maison. C'est à coup de débrouilles, de vols, de jardinage qu'ils s'en sortent. Si chacun arrive avec ses failles et ses blessures, ses manquements, tous soufflent le même vent de révolte. Si l'amitié s'invite comme une évidence, l'amour, lui, se fait plus timide entre Jeanne et Basile. Sur fond de manifestation, de colère, d'indignation, Marion Brunet nous dresse une galerie de personnages, tous avec la même volonté de changer les choses, très attachante, pétillante, exultante. L'auteure aborde avec intelligence et subtilité divers thèmes tels que la société de consommation, la révolte, la famille, l'amitié, l'amour mais aussi le deuil. Un roman poignant et fort, servi par une plume percutante...
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Dans 'La Belle de Fontenay', JB Pouy fait dire à Enric :
« Des jeunes qui [manifestent] même s'ils ne savent pas trop quoi défendre, s'ils ont de bonnes bouilles, des visages qui espèrent, c'est toujours dangereux, c'est toujours des esprits prêts à aller de l'avant. [...] J'espère toujours que potentiellement, ils peuvent foutre un bordel d'enfer. Ce qui, a priori, me ravit. »

Bien d'accord ! Et c'est sans doute pour ça que j'ai vite adopté cette petite bande de 7 rebelles des deux sexes - 6 jeunes et 1 moins jeune.

Jeanne et Alison rencontrent Basile et ses potes au cours d'une manif, ils sympathisent. Pourquoi ne pas rejoindre leur squat ? Les deux filles ont envie de sortir du rang, la perspective d'une vie tracée et rikiki à l'image de celles de leurs parents les débecte.

Un roman à découvrir dès le lycée. Rébellion, anarchisme, vie en squat, abandon d'études qui 'ne mènent à rien' (et un petit boulot où on est exploité, ça mène à quoi ?), histoire d'amour et d'amitiés... Voilà de quoi faire rêver les ados qui ont envie de tout n!quer, ils se défouleront par procuration. Mais pas seulement ! La force de cet ouvrage est de montrer également le point de vue parental, ainsi que les revers de la médaille d'une vie 'libre', sans adultes, apparemment idyllique - ceci sans ton moralisateur.

Excellent ! Ma fille de quinze ans, qui lit à reculons depuis quelque temps, a autant aimé que moi. ♥
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Un livre percutant, émouvant, poignant.
Percutant oui, on prend des coups, aux côtés des sept personnages, Jeanne et Basile, Jules et Lucie, Marc, Tonio, Alison. Ces sept-là ne se connaissaient pas tous, mais vont former une bande très solidaire après une manif.
Jeanne et Basile ont le coup de foudre. Il y a aussi des coups de matraque, un certain réalisme dans les manifs, leur mode de vie qui refuse les évidences d'une société trop étouffante pour eux. Des coups de gueule, des révoltes de Marc et des autres, de Tonio au Pôle Emploi.
Il y a aussi des coups de coeur amicaux, amoureux.
Ce livre est réaliste, mais aussi plein d'émotions, de nuances, et les sept personnages sont bien différents, chacun a son parcours, sa personnalité.
A lire ! Coup de coeur !
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Les sept personnages du roman se rencontrent dans une manif où Jeanne et Alison font leur première expérience des violences policières. Quoi de mieux pour la naissance d'une grande amitié? Ils partagent les mêmes idéaux, les mêmes colères, ils voudraient «une vie différente». Ils vont s'installer ensemble dans un squat.
Il y a des moments touchants, Marion Brunet nous fait bien comprendre la révolte de ses personnages, et leur vie communautaire ne manque pas d'intérêt.
Mais je reste un peu mitigée, pas complètement convaincue.
Peut-être qu'on suit trop de personnages, on a l'impression de les survoler, ils n'ont pas le temps de prendre en épaisseur et de devenir vraiment attachants malgré leurs qualités. La tournée des réveillons de Noël de chacun d'entre eux est assez révélatrice de ce défaut du livre - qui trop embrasse mal étreint - les rapports familiaux n'ayant pas le temps d'être approfondis sont assez caricaturaux, stéréotypés.
Et puis il y a un décalage entre le côté un peu trop sage et convenu de la narration, trop en ordre, et le sujet. Ça manque de rage, de tripe, de feu. On ne RESSENT pas assez je trouve la colère et l'espoir d'un monde meilleur.
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"Dans le désordre"c'est l'histoire d'une rencontre entre 7 personnes qui vont se retrouver dans un squat pour y vivre leur liberté, leur combat et donner un coup de pied dans l'ordre bien-pensant de "ces petits bourgeois". Mettre un peu de désordre dans ce système qui ne répond pas à ce qu'ils sont, à ce qu'ils ont envie d'être et de devenir. Ce sentiment de liberté, cette envie de faire bouger les choses,mais aussi l'amitié, l'amour tout est partagé par ces sept complices d'âme et d'action.
La violence policière dans les manifestations va non pas mettre un coup d'arrêt à leur idéologie, à leur force, mais un coup irréversible au coeur.
Marion Brunet a ce petit quelque chose qui sait accrocher le lecteur, elle arrive à nous faire aimer ses personnages, tous, même ceux que l'on ne voit pas beaucoup.
C'est un livre destiné à un public adolescent mais qui se lit avec plaisir même si l'adolescence est bien loin derrière.
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critiques presse (3)
Ricochet
29 avril 2016
Si on aime à penser Marion Brunet prenant le parti de ses héros, son roman est suffisamment subtil pour laisser libres des interprétations plurielles, complexes.
Lire la critique sur le site : Ricochet
HistoiresSansFin
08 mars 2016
Un récit qui sort des sentiers battus et ne dit pas que les militants sont de dangereux personnages, en marge de la société par simple caprice.
Lire la critique sur le site : HistoiresSansFin
Telerama
03 février 2016
Un roman fougueux et virtuose.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
- Mon copain s'est fait embarquer aussi, glisse Lucie. C'était fou ! Je voulais pas le lâcher mais le flic m'a frappée pour le hisser dans le camion. J'ai pensé qu'il allait m'arrêter, mais non...
- Ah, mais ça c'est parce que t'es une fille.
- Hein ? Depuis quand ils arrêtent pas les filles ?
- Si, des fois ça arrive, évidemment. Mais moins souvent. Parce que les flics sont de gros sexistes : pour eux, t'es pas vraiment une militante qui sait ce qu'elle fait, t'es forcément une suiviste qui baise avec un gauchiste, point barre.
- C'est débile !
- A moins que t'aies le crâne rasé, look black-bloc, et que tu leur jettes des parpaings dans la gueule ! En gros, tu les inquiètes pas parce que t'existes pas. Tu captes ?
- C'est vachement rassurant comme analyse, ironise Jeanne.
- Attends mais pour eux, la guerre c'est la guerre : un truc de couillus. Quelques coups de matraque pour vous apprendre à rentrer chez vous, mais c'est juste préventif... l'idée, c'est que vous devriez rester à la maison pour nous préparer des pâtes, tu vois. Pour le retour des guerriers.
[...]
- Et ça t'amuse?
- Mais non, t'énerve pas... Jeanne, c'est ça ?
- Oui.
- C'est juste pour dire que ces bâtards sont débiles. Je connais des filles plus enragées que n'importe quel mec.
(p. 20-21)
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- [...] J'ai cru que je pouvais faire confiance à ce connard [d'instituteur]. J'ai tout balancé. J'ai expliqué que ma mère se faisait défoncer la gueule tous les jours, et que pour mes frères et moi c'était à peine moins souvent, et que si on y échappait, c'était souvent parce que ma mère s'était interposée pour prendre les gnons à notre place. Parce que le paternel, c'était deux gros poings au bout d'une machine à pas réfléchir. Il avait tellement de rage et tellement pas d'éducation qu'il pouvait pas faire autrement. Il savait rien de rien, mon père. Sauf qu'il avait tout donné pour qu'on quitte l'Italie, tout. Et la misère qu'il trouvait en France, c'était la même, exactement la même, que celle qu'on avait quittée. Bref, cet instit'... Bon, il a sûrement fait ce qu'il a pu, mais... il a convoqué la mère, direct. Elle captait rien, ma mère, elle parlait même pas un italien correct, elle baragouinait un patois vénitien. [...]
Ma mère, quand elle a su pour la convocation, elle a mis sa plus belle robe et elle est allée au rendez-vous en me jetant des regards furieux sur le trajet de l'école, et en me demandant quelle bêtise j'avais faite pour qu'elle soit convoquée comme ça. Et quand le maître a commencé à parler des violences... comment t'expliquer ? J'ai vu tellement de terreur sur son visage, et tellement d'incompréhension - on ne parle pas de ce qu'il se passe à la 'casa', surtout pas à un étranger, comment j'avais pu ? Alors j'ai eu peur. Et j'ai nié.
- Comment ça ?
- J'ai dit que j'avais menti. Que j'avais tout inventé, pour me faire remarquer, pour faire comme mon copain.
- Mais il t'a cru ?
- Oui. C'est ça le plus fou, et le plus triste, dans cette histoire. Il a pas vu les cernes de ma mère, son regard coupable, son silence coupable. C'est comme s'il était soulagé de m'entendre dire ça. Il m'a hurlé dessus, m'a traité de menteur, et il a continué de le faire durant toute l'année... devant les autres élèves. C'était mort : j'étais un menteur. Je suis plus vieux [que toi] tu sais, à l'époque, passer pour un menteur, c'était vraiment la honte.
- Et ta mère ?
- Ma mère, elle a rien dit jusqu'à la maison. Et puis avant d'entrer, elle m'a retenu par le bras et m'a glissé 'Grazie per tuo padre', merci pour ton père. Voilà. C'est tout ce qu'elle a dit. Et elle a continué à prendre des coups, et à serrer les dents. Sans pleurer. Parce que chez moi, c'est pas juste les hommes qui pleurent pas, tu vois. C'est tout le monde.
(p. 83-84)
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- Tu te plairais aux Fauvettes, toi... [...] Un squat rural. Vingt ans qu'ils existent, avec des hauts et des bas, des gens qui passent, d'autres qui restent...
- Ils cultivent ?
- Bien sûr. Répartition du travail selon les compétences de chacun, tâches collectives... une organisation beaucoup plus complexe que la nôtre.
- Tu y as vécu ?
Tonio ne répond pas tout de suite, comme s'il n'avait pas entendu la question. Il va simplement chercher la réponse très loin, au coeur de ses souvenirs. Difficile de savoir s'ils sont bons ou mauvais, lorsqu'il souffle :
- Oui. Mais c'était il y a longtemps. J'y passe régulièrement.
- [...] Pourquoi t'es parti ?
Le visage de Tonio se fend dans un grand sourire.
- Déjà, ils sont végétariens ! Et tu vois, moi, le boeuf, je pourrais le manger encore vivant. Les galettes de boulgour, les lentilles marinées, le riz sauvage qui croque sous la dent, tout ça...
Tonio ricane et ça résonne caverneux. Ses yeux brillent de malice tandis que son rire vire à la toux, encore.
- Au bout d'un an, j'aurais pu bouffer un gosse ! Et puis, c'est pas assez... punk, pour moi.
- Punk ?
- Comment t'expliquer ça ? En fait, eux font le pari de vivre hors de la société. Moi, je préfère vivre dedans, mais à ma façon, quitte à foutre le bordel. Tu vois ?
- Tu veux dire que c'est un îlot de résistance, mais que ça sert à rien parce que personne le sait ? Toi, t'as envie de mettre sous le nez des cons leurs vies de cons !
- Même pas. J'aime les gens, et la plupart de ceux qui ont une vie de cons ne l'ont pas choisie, et n'ont même pas les moyens de s'en rendre compte.
(p. 93-94)
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- Ca a pas l'air de les déranger, les caméras, constate Jules en regardant les étudiants entrer et sortir en grappes.
- Quand tu penses qu'on parle de privatiser la fac et que personne n'en a rien à foutre ...
- Non, je crois pas qu'ils s'en foutent. C'est juste qu'ils ont d'autres priorités.

Eux, les autres. Comme une nouvelle frontière impénétrable. Ils éprouvent la marge avec une certaine jubilation, mêlée à du regret. Marc dirait sans doute : Les barricades n'ont que deux côtés, mais Marc manque de nuances. Sa rage est pure, totale, en accord avec ses idées, et celui qui ne pense pas comme lui devient vite un ennemi de classe,. Un ennemi à combattre, un collabo. C'est ce qui lui donne de la force.
Jeanne, elle, se sent parfois coupée en deux, entre les convictions qui l'animent, l'exaltent
- et le doute, porteur d'immobilisme.
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Jeanne se tait. Parfois, elle se sent comme une éponge.
Une oreille géante. Ca coule en elle, la vie des autres.
Elle pense que sa vie à elle n'a pas été troublée de heurts affreux. Sa vie à elle a été si courte, et sans mort, et sans drames. Elle pense qu'elle n'a rien à raconter.

Au pire : le divorce de ses parents, et sa mère installée loin, pour le boulot d'abord. Sa mère qui a refait sa vie, c'est comme ça qu'on dit, comme si la première était défaite. Dix ans d'écart avec un petit frère qu'elle connaît à peine, la rancœur au début, et puis le lien effiloché, l'absence.
Des brutalités intimes comme n'importe qui d'autre, quand passent les années, se passent les étapes.
Quelques humiliations et des échecs sans conséquences.

Pour Jeanne, ce qui arrive aux autres est toujours pire.
Alors elle écoute, et c'est là son courage, son importance. (...) Elle se dit que peut-être, elle est là pour ça : recevoir le trop-plein, le pas-assez, le vitriol qui a blessé les autres, et leurs larmes d'anciens enfants.
Chacun y trouve son compte, et elle devine sans en saisir tous les contours ce que cela a de terrible.
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La romancière Marion Brunet (Jeunesse et Polar) raconte qu'elle a apprit à raconter des histoires en écrivant pour la jeunesse.
Interview intégrale : https://youtu.be/Vy1WQJ61VbI
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