La fille de l'archer

Puisque cela plaît aux Dieux !


Né en 51 à Paris, Serge Brussolo, après avoir suivi des études de lettres et de psychologie (ça peut aider quand on ambitionne de devenir écrivain) et avoir exercé divers petits métiers (ça aussi, ça peut considérablement aider), est publié pour la toute première fois en 78 et obtient dès l'année suivante le ‘Grand prix de la science-fiction française', qu'il recevra à nouveau en 81 après la publication de son recueil de nouvelles ‘Vue en coupe d'une ville malade'. Publié au départ dans la collection ‘Présence du futur' chez Denoël, puis également très rapidement dans la collection ‘Anticipation' des éditions ‘Fleuve Noir', cet auteur extraordinaire, dont l'imagination débordante fait de lui le créateur français le plus étourdissant de mondes, d'êtres et de situations aussi baroques qu'abscons, un maître de l'étrange et du fantastique plus qu'un auteur de science-fiction (ses romans ne relèvent vraiment guère du genre au sens strict du terme), est passé depuis allégrement au roman policier, historique et même de littérature générale, puis carrément aux livres pour la jeunesse, avec le même élan et le même talent qui font de lui aujourd'hui l'un des auteurs français les plus prolifiques (plus de 150 romans et recueil de nouvelles à l'heure actuelle) de la littérature populaire. Grand amateur des romans feuilletons d'antan, il a su recréer l'ambiance particulière de ce genre au travers de récits toujours extrêmement originaux qui n'ont tout simplement aucun équivalent en France. Tranchant et éclectique, il nous propose une oeuvre hors-normes qui ne pourra que vous passionner si vous aimez fréquenter les chemins qui sortent de l'ordinaire !


La fille de l'archer - au Fleuve Noir - Dépôt légal : Juin 2012


Au XV° siècle, dans la France de Charles VI, le Roi fou, Wallah, 15 ans, un garçon manqué, fille de Gunnar, un ancien célèbre archer qui se meurt -tous deux font partie d'une troupe de saltimbanques dont Gunnar assurait la protection-, elle-même excellente archère, se retrouve, après une représentation qui a mal tourné, ce qui a obligé le groupe a se disperser, dans une forêt dans laquelle l'aborde une sorcière avec laquelle elle conclue un pacte : désormais, à chaque fois qu'elle le voudra, ses flèches toucheront leur but immanquablement, quelles que soient les conditions ; il lui suffira de visualiser la victime ; mais chaque flèche ainsi décochée lui coûtera un an de sa vie. le seigneur qui les avait chassés, et qui a assisté par hasard à la conclusion du pacte, lui propose de le débarrasser d'un vieil ennemi en échange de sa clémence à l'égard de toute la troupe...


Premier volet de 290 pages de ce qui devrait devenir une série (mais avec SB on ne sait jamais s'il y aura bien une suite : nous attendons toujours celles de ‘Hurlemort', un autre roman moyenâgeux de Mars 93), ‘La fille de l'archer' présente le personnage et la mêle à deux intrigues (celle évoquée ci-dessus et une autre tournant autour d'un Baron qui a fait les croisades, y a massacré et pillé, mais surtout y a été maudit, est revenu s'installer dans son château, perdu dans les montagnes enneigées, et autour et à l'intérieur duquel un monstre, fait de l'addition de tous ses péchés -dixit la malédiction maure-, tente de le dévorer) qui, malheureusement, ne sont ni extraordinairement originales, ni fantastiquement passionnantes : en-dehors du pacte, il n'y a aucun autre élément fantastique dans ce récit. Or, c'est bien dans les domaines du fantastique et de la science-fiction que le grand Serge excelle et à chaque fois qu'il écrit un livre qui ne relève pas vraiment de l'un de ces deux genres, un certain ennui guette, ce qui est le cas ici !

lecture agréable et dépaysante, à quand une suite ?

Généralement lorsque j'ouvre un livre de Serge Brussolo, je pars pour un voyage que je regrette rarement. Cette fois-ci, je retrouve son Moyen-Age qu'il installe au travers de troubadours et de la populace qu'ils se chargent de divertir. le portrait dressé est sombre et ne donne clairement pas envie de se retrouver à la place de la pauvre Wallah. Avec son père malade, la jeune fille parcourt les routes en compagnie d'une troupe de troubadours. Ils usent de tours derrière lesquels l'illusion supplante le mystère. Pourtant, ce dernier sera bien présent lorsque Wallah aura l'occasion de se soustraire à la prostitution au travers d'un don particulier, qui sera source d'un dilemme concernant son avenir. Je l'ai suivie avec plaisir dans sa quête ponctuée de questions dont les réponses n'ont pas été toutes apportées et qui laissent clairement espérées un tome deux. Si ce dernier ne voyait pas le jour, il est clair que la lecture de cette histoire entraînerait une certaine frustration...

Néanmoins, j'ai apprécié la fin car le côté injuste de l'existence ressort au travers d'une ultime ironie du sort dans l'issue d'une intrigue. L'auteur n'a rien perdu de son talent pour conter des histoires, qui emportent le lecteur. Ne reste plus qu'à guetter un tome deux... non sans impatience et espoir.