Mais vous êtes comme tous les autres, toutes ces vieilles gens qui voudraient nous tenir à jamais attachés - attachés par notre corps... nous forçant à accepter les femmes qu'ils nous choisissent... nous forçant d'avoir des enfants.... eh bien je ne me laisserai pas attacher !... je ne vous laisserai pas vous servir de mon corps pour attacher ma vie à la vôtre... je vous déteste !
Et Yuan, en général, n'avait confiance en aucune cause pour remédier à tous ces maux. Il ne pouvait pas non plus haïr violemment et entièrement un homme riche comme le faisait Meng. La graisse qui recouvrait le corps d'un riche, l'anneau qu'il portait au doigt, la doublure de fourrure de son manteau, les bijoux aux oreilles de sa compagne, la peinture et la poudre sur son visage, pouvaient enraciner Meng plus violemment et plus profondément dans ses idées. Mais, contre son gré, Yuan ne pouvait s'empêcher de trouver un air bienveillant au visage d'un homme riche, un regard de pitié dans les yeux de la femme peinte qui faisait l'aumône d'une petite pièce d'argent à un mendiant, même si elle portait un manteau de satin ; et Yuan aimait le rire, qu'il vint des riches ou des pauvres. Meng, lui, devait haïr ou aimer les hommes selon qu'ils étaient Noirs ou Blancs ; mais Yuan, lui, ne pouvait pas dire : "Cet homme est riche donc mauvais et celui-là est pauvre donc bon." Aussi n'était-il guère apte à servir aucune cause, quelques grande fût-elle.
Il avait, jusqu'alors, pensé que sa solitude lui était très douce et qu'il la désirait, mais il découvrait à présent que la solitude n'est douce que lorsqu'on veut se débarrasser de présences désagréables et ennuyeuses, et qu'elle perd toute sa douceur quand on découvre des présences aimées.