Nous voici à même de sentir la violence des vents d'Est et d'Ouest qui font cyclone sur la Chine.
" votre père est généreux . Il vous envoie mille pièces d'argent . Lorsque l'enfant sera né , payez sa mère et qu'elle retourne dans son pays .
Vous vous êtes amusé assez longtemps . A présent , revenez à vos devoirs .
Ecoutez le commandement ! Epousez celle qui a été choisie pour vous . La fille de Li s'énerve de ce long retard ...."
Je suis comme un pont fragile , reliant à travers l'infini le passé et le présent .
Je serre la main maternelle . Je ne peux pas la laisser échapper , car sans moi
ma mère serait seule . Mais mon mari tient les miennes , il les tient
solidement . Je ne pourrai jamais laisser fuir l'amour .
Et l'avenir alors , ma soeur , que sera-t-il ?
" On ne peut vous demander d'être attirée vers celui que vous apercevez pour la première fois ; il en est de même de mon côté . On nous a obligés , l'un comme l'autre à ce mariage . Jusqu'ici , nous étions sans défense . Mais à présent nous voilà seuls ; nous sommes libres de nous créer une vie selon nos désirs .
" J'ai demandé dans mes prières de pouvoir contempler ton frère mort plutôt que de voir partir vers l'Occident " , dit la mère de notre héroïne , la dernière née de cette famille
antique . ( préface : Marc Chadourne )
La jeune femme était à la mort (…). Un voisin suggéra de l'envoyer à l'hôpital étranger, mais ma mère ne considéra pas la chose comme possible. Nous ne connaissons rien des étrangers. Et puis, comment pourraient-ils se rendre compte de ce qui ne va pas chez une Chinoise ? Les médecins étrangers comprennent les maladies des leurs, qui sont des gens tout à fait simples et barbares en comparaison des Chinois, extrêmement compliqués et cultivés.
« Je veux vous considérer, en toutes choses, comme mon égale. Je n'userai jamais de la contrainte. Vous n'êtes pas mon bien, un objet en ma possession.»
(…)
Voilà le discours que j'entendis le soir de mes noces ! Tout d'abord, j'étais trop étonnée pour comprendre. Son égale ! Mais comment ? Ne suis-je pas sa femme ? Quel autre que lui pourrait me diriger ? N'est-il pas mon maître par la loi ?
"C'est mon mari qui a opéré en moi ce changement, si bien que j'ose, en dépit de ma frayeur, plaider contre mes ancêtres en faveur de l'amour"
"Telle était ta destinée. Tu fus élevée dans ce dessein."
"En tout cas, je t'ai dressée à te soumettre, de même qu'une fleur subit le soleil et la pluie. "