L'auteur, le livre (336 pages, 2021) :
D'habitude on n'est pas trop fan des polars dits "historiques", mais celui-ci se passe à Lyon et à une époque pas si lointaine : à la toute fin du XIX°, en pleine affaire Dreyfus, alors que la III° République commence à s'affirmer.
Gwenaël Bulteau, auteur de noires nouvelles, signe là un premier roman plutôt réussi :
La république des faibles.
le contexte :
Le titre renvoie à un courant de pensée au tournant de ce siècle : quand la République, avec ses idéaux de 1789 et ses Lois, ambitionnait de protéger les faibles (y compris d'eux-mêmes) et, dans le même temps, de se protéger des faibles, en évitant qu'ils ne deviennent des révoltés. de lutter contre la fatalité, le déterminisme, l'hérédité [travaux d'
Annie Stora-Lamarre].
On aime :
❤️ On aime une galerie de personnages bien campés leur milieu professionnel et domestique : c'est un véritable portrait social de la France de l'époque, quand le mot prolétariat avait encore un sens.
❤️ On apprécie cette peinture de la France d'en bas de l'échelle, celle des enfants, des femmes, des petites gens, ...
L'auteur réussit à trouver le ton juste, en évitant pathos et larmes faciles, pour décrire violence et misère ordinaires.
Ces petites gens ne sont guère à la fête et la III° République semble avoir bien du mal à prendre soin des faibles.
Au vu de nos actualités, il n'est pas si évident que nos républiques actuelles aient beaucoup progressé : c'est peut-être là un message, à peine caché, de l'auteur.
❤️ On aime le ton du récit, suffisamment moderne pour notre plaisir actuel, mais qui garde un petit parfum désuet dans le style de l'époque. le bouquin s'avère très équilibré entre peinture sociale ou politique et intrigue policière.
L'intrigue :
En ce jour de l'an 1898, un chiffonnier découvre un cadavre décapité dans une décharge à Lyon.
L'auteur nous invite à suivre plusieurs intrigues, histoire d'explorer le contexte de l'époque, quand les fantômes de 1870 n'ont pas encore disparu et que se profilent déjà ceux de la prochaine guerre.
Avec, en filigrane, un portrait nuancé mais globalement peu flatteur de la police de l'époque (toute ressemblance blablabla).
Tous les fils de ces intrigues, fort instructives, finiront par se nouer pour un final intéressant.
Pour celles et ceux qui aiment les enfants.
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