Medusa

Avec Méduse, Jessie Burton revisite l'histoire de l'une des figures les plus méconnues de l'antiquité avec une sensibilité contemporaine, une lecture qui dépeint un drame mais surtout la force d'une femme à se réapproprier son histoire.

Dans ce récit, Méduse n'est plus simplement la créature monstrueuse de la mythologie grecque, mais une jeune femme dont la beauté est devenue une source de malédiction. Bannie sur une île isolée après avoir été maudite par Athéna et victime de la brutalité de Poséidon, elle souffre de solitude mais aussi du poids des jugements que l'on porte sur elle. Jusqu'à ce qu'elle rencontre Persée, à qui, cachée de son regard, elle va pouvoir confier son histoire...

Je lis de plus en plus de textes qui donnent un regard moderne à nombre de classiques et notamment des récits mythologiques. La force de ce livre réside dans sa capacité à réhumaniser Méduse, ce que le mythe lui a toujours retiré. Elle n'est qu'un trophée pour Persée alors qu'elle est une femme qui a été v*ol*e par un dieu et punie par une déesse pour cela. L'histoire ne lui a jamais attribué le statut de victime, ne se focalisant que sur sa monstruosité.

Le récit est court mais suffisamment percutant pour donner à réfléchir sur des problématiques de notre société à travers le prisme de cette histoire antique. C'est sans fard que Jessie Burton aborde la question de la culture du vi*l, du blâme des victimes et de l'importance d'entendre leur voix. le récit d'une femme qui est parvenue à reprendre le pouvoir sur sa vie alors que tous voulait la voir brisée.

Vous vous en doutez, je vous conseille sans hésiter ce roman qui contribue à alimenter la déconstruction sur la culture du vi*l, encourage la liberté des femmes à se réapproprier leur histoire, tout en restant fidèle à l'esprit du récit mythologique.

On ne sait plus où donner de la tête dans la profusion de fictions mythologiques qui sont publiées depuis quelques années. J'aime surtout me concentrer sur celles qui ont fait l'objet de recherches minutieuses en amont et qui parviennent à nous immerger totalement. le livre dont je vais vous parler en est un bel exemple.

Tout le monde connaît Méduse comme un monstre. Longtemps représentée hideuse, les récits les plus récents en font une femme à la beauté ensorceleuse. Là où tous se rejoignent, c'est sur sa chevelure de serpents et son regard qui change en pierre les mortels qui le croisent. Mais qui s'est un jour intéressé à ses origines ? A-t-elle toujours eu cette apparence ? Jessie Burton s'est inspirée de quelques courts vers d'Ovide pour faire de ce personnage une jeune fille punie par les dieux (comme beaucoup de créatures mythologiques).

Ce roman se passe en huis clos : lorsqu'il démarre, cela fait quatre ans que Méduse vit recluse dans une grotte dressée sur une île isolée. Ses deux soeurs ailées en sortent pour aller chasser mais l'héroïne non. Elle est terrifiée par la réaction des gens devant sa nouvelle apparence. de plus, Athéna a décrété qu'il arriverait malheur à tout homme qui poserait les yeux sur elle. Par conséquent, elle intime à Persée de rester dehors lorsqu'il se présente devant son antre, et c'est ainsi que les deux personnages vont tisser des liens.

Chacun se livre, d'abord avec prudence. Méduse revient longuement, à la première personne, sur son passé que ce soit en paroles ou en réflexions intérieures. Elle réfléchit beaucoup sur les Hommes, le destin, la vie et se remet beaucoup en question pour chercher un sens à ce qui lui est arrivé. A ses côtés, nous évoquons des thèmes essentiels dont se sont rarement souciés les auteurs des siècles passés : le harcèlement, le consentement, le viol, etc. La Méduse de Jessie Burton a une destinée profondément injuste. Je me suis beaucoup attachée à elle qui conjugue merveilleusement bien la véracité des récits antiques avec la modernité de la plume de l'autrice. En dialoguant avec Persée, la jeune femme s'autorise à rêver d'amour bien que cela paraisse impossible. Tiraillée entre ses désirs et les ordres divins, cette héroïne me restera longtemps en mémoire.

Les 190 pages de ce livre défilent à une vitesse folle. On a beau savoir ce qui attend les personnages, on reste sous tension en enchaînant les chapitres. J'aime les libertés prisent sur la fin : elles font sens dans le désir de l'autrice de faire de son héroïne une grande figure féministe.
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Un roman qui réécrit le Mythe de Méduse, qui dénonce les injustices dont elle a été victime et le tragique de son destin. Une réinvention de sa rencontre avec Persée, dont l'issue n'est pas celle des contes et des légendes.

J'en ressors avec un avis en demi-teinte.

J'ai apprécié ce récit à la première personne qui nous plonge dans l'intimité de cette jeune fille à qui, non seulement le pire arrive, mais qui, trahison suprême, se retrouve punie pour le crime dont elle a été victime.
A travers ce mythe sont évoqués des thèmes graves, en particulier la prédation sexuelle et le sort cruel que la société peut réserver à certaines qui en sont victimes. La difficulté de la parole. La résilience.

En revanche, mon regret est que l'autrice m'a parfois perdue par des propos trop « démonstratifs », parfois brouillons. La relation complexe à la Beauté des villageois, là où Méduse a passé son enfance, est évoquée pour moi de façon confuse. de même pour la difficulté de Méduse à être pleinement elle-même. Parfois c'est clair, parfois je n'ai pas compris d'où çà sortait.
Bref, j'ai eu l'impression que la volonté de faire passer avec force conviction des messages (que par ailleurs je ne peux que cautionner) conduisait parfois à un manque de subtilité qui nuisait à la qualité du récit… et à la « cause » du coup.

Ceci étant dit, j'ai envie de saluer cette mise en lumière d'une figure féminine dont on a vite fait de ne retenir que l'aspect supposé monstrueux. Comme une invitation à s'interroger sur les figures que les puissants de l'époque nous présentent comme des Monstres et autres chasses aux sorcières…

Dans la lignee de "circé" de Madeline Miller, une réécriture féministe du mythe de Méduse qui remet en perspective le "mauvais" rôle donné à bon nombre de figures féminines de la mythologie grecque, dont la seule faute fut d'oser de se refuser à un dieu.

Cette adaptation jette un regard nouveau sur ces figures féminines trop longtemps caricaturées, et qui font échos aux problématiques encore rencontrées par les femmes d'aujourd'hui.

Mes souvenirs de mythologie grecque sont un peu anciens, et même si les réécritures de ces histoires fleurissent ces dernières années, je n'avais encore jamais sauté le pas. Et je n'avais jamais lu non plus de roman de Jessie Burton. Je me suis donc lancée dans "Méduse" sans aucune arrière-pensée, attentes, ou avec en tête une comparaison possible.

Si je ne devais citer qu'un atout de ce roman, c'est la plume, que j'ai trouvée très belle. C'est fluide, avec de très beaux passages assez poétiques, des sentiments évoqués de manière juste et touchante par moments. On s'attache à cette jeune femme exilée dans son île sauvage.

Mais se contenter de parler de l'écriture, ce serait un peu réducteur. En moins de 200 pages, il ouvre la réflexion sur la place assignée aux femmes par la société, et notamment sur la beauté, vécue (ou subie) différemment selon qu'on soit un homme ou une femme. Sur le poids du destin, et sur le pouvoir à travers les dieux et les rois qui peuvent décider du sort d'un être, en se passant de son consentement. J'ai trouvé ça intéressant en tant qu'adulte, mais surtout tout à fait accessible pour le public visé.

Mon seul regret est qu'il soit très court : si on peut trouver que cela laisse peu de temps pour un développement vraisemblable de la relation entre Méduse et Persée, je dois dire que ça ne m'a pas gênée sur le moment - cette réflexion m'est venue après l'avoir terminé, pas en cours de lecture. Par contre j'ai trouvé la fin un peu rapide.

J'ai vraiment beaucoup aimé le format semi poche hyper souple de ce roman.

Concernant le contenu j'ai passé un super moment avec ce court roman que j'ai lu d'une seule traite.
J'ai aimé la manière dont l'autrice s'approprie cette figure mythologique qu'est méduse et la manière dont elle contextualise le récit.

On se rend compte de la jeunesse de Méduse et les épreuves qu'elle a vécues, dans une réécriture sans concession, dans laquelle sont mises en lumière l'instabilité des dieux et leur cruauté.
J'ai aimé découvrir sa psyché et la voir évoluer, de son enfance durant laquelle elle se conforme à la perception qu'ont les autres d'elles, la manière dont l'inéluctabilité semble suivre ses pas, vers le destin qu'on lui connaît.
On y comprend l'origine de ses traumatismes, la manière dont elle essaie de se reconstruire et d'avancer, jusqu'au moment où le personnage de Persée fait son entrée.

J'ai aimé la manière dont se tisse un lien entre eux, la manière dont ils sont victimes de la jalousie et la perversité divine.
Le dialogue qu'ils mettent en place, malgré certains non dit, est original et permet de mettre en lumière des thématiques importantes.

J'ai aussi aimé le lien fort qui l'unit à ses soeurs, alors qu'elle tente de s'extraire de son rôle de petite dernière vulnérable.
C'était une lecture intense, efficace, forte, qui déploie les bases de l'empowerment de Méduse, par les choix qu'elle fait et la manière dont elle se réapproprie son corps qui jusqu'ici ne semblait pas être le sien.
La fin est originale et j'ai aimé ce qu'elle laisse imaginer.

Avec son ton définitivement féministe et j'ai adoré la manière dont l'autrice vient s'appuyer sur le mythe d'origine pour en faire ressortir des valeurs intemporelles mais toujours d'actualité.
Un livre à mettre en toutes les mains.

Alors qu'elle observe l'horizon depuis son rocher désertique au milieu de l'océan, Méduse voit débarquer sur son île un jeune homme. Elle qui n'a vu personne à part ses soeurs depuis 4 ans y voit un signe du destin : ce bel homme pourrait bien être l'amour auquel elle aspire avec hargne depuis qu'Athéna l'a maudite... Mais cet homme n'est autre que Persée. Pourrait-il la comprendre et l'aimer comme elle le désire et le mérite ? Ou sera-t-il sa perte ?

Une réécriture mythologique qui remue le coeur, une mise en lumière de l'histoire de Méduse bienveillante, cette femme maudite pour le crime d'un autre et qui ne cherche qu'à exorciser ses vieux démons, qui désire être aimée et à s'aimer. Un véritable baume et une lecture inoubliable !

Pour jeunes adultes

Une réécriture du mythe de Méduse et Persée poignante. Dans le mythe d'origine, rappelons le, Méduse a été abusée par Poseidon puis transformée en gorgone par Athéna.

Ici nous incarnons Méduse qui va faire la rencontre d'un jeune homme échoué sur l'île sur laquelle Méduse et ses soeurs se sont exilées. Elle se cachera de lui à cause de son apparence dans un premier temps mais aussi parce qu'Athena lui a dit que plus aucun homme ne pourrait poser les yeux sur elle.

Les deux jeunes gens vont chacun se raconter leurs histoires chaque jour et leurs âmes vont se rapprocher, raisonner tellement elles se ressemblent mais leur destin est lié par la tragédie.

C'est une histoire mélancolique, triste, poignante, tragique mais aussi féministe. Tout du long, Méduse s'accroche à ce qu'elle était jusqu'à accepter ce qu'elle est. C'est un très beau récit fait d'espoir malgré les épreuves qu'a pu rencontrer Méduse par le passé et s'adresse à toutes les femmes à qui on a pu faire du mal gratuitement. Il peut y avoir de la lumière au bout du chemin.

Et cette revisite mérite une médaille en OR !

J'avais découvert le plume de Jessie Burton à travers The Confession et je dois dire que l'essai est marqué avec cette presque novella.

C'est une revisite du mythe de Medusa. Où les dieux et leurs comportements inacceptables ne sont pas glorifiés. Elle n'est pas la méchante de l'histoire, ce qui lui est arrivé explique sa prudence.

Une jeune femme de 18 ans dont 14 en exil. Oui Poseïdon est un stalker violeur pédophile. Et oui Athena a puni la victime. La fameuse double peine qui commune malheureusement.

Persée accoste et ils se racontent leurs vies, chacun d'un côté d'un rocher. La fin est différente du mythe, c'est pour ça que Medusa peut être la conteuse.

Cette histoire fait mouche et nous rappelle certains travers de notre société patriarcale. Elle est engagée. Et c'est important de déconstruire certains aspects de la mythologie gréco-romaine et de lui donner un regard plus féminin.

Je le conseille vivement en tout cas. Nous sommes toutes des gorgones.