En cette période d'Halloween, on pense forcément à
Tim Burton et à son univers fantasque, peuplé de créatures aussi originales qu'attachantes. P. 40 « J'avais le sentiment que la plupart de ces monstres étaient souvent incompris et qu'ils avaient généralement plus de coeur et d'âme que les humains autour d'eux. » J'aime beaucoup l'idée qu'un monstre puisse receler plus d'humanité que les individus ordinaires. D'ailleurs j'ai toujours un petit faible pour les créatures traquées dans les films, mais ça, c'est mon côté obscur...
Mais je m'égare. Revenons-en aux Entretiens. Organisés en grands chapitres chronologiques (l'enfance, les débuts chez Disney puis la filmographie) et commentés intelligemment par
Mark Salisbury, ces entretiens sont passionnants. Déjà parce que
Tim Burton se confie avec sincérité et simplicité, comme si le lecteur était un ami de longue date. Il n'hésite pas à se mettre à nu, à se moquer de lui-même. C'est un personnage excentrique, à la personnalité chatoyante, au franc-parler, comme je les aime. P. 60 « J'ai toujours ressenti les happy ends obligatoires comme une dérive psychotique. »
Et surtout, c'est fascinant de découvrir une part de l'intériorité d'un artiste qui fait corps avec ses oeuvres. Il s'investit psychologiquement, émotionnellement et même physiquement dans la réalisation de chaque film et reconnaît lui-même que son travail comporte avant tout une dimension cathartique. C'est sans doute ce qui fait de chacun de ses films une création originale, avec pourtant une esthétique reconnaissable entre toutes.
Ce livre donne des clés pour comprendre l'univers du réalisateur : la banlieue colorée d'Edward aux mains d'argent par exemple, provient de l'aversion de
Tim Burton pour les banlieues tranquilles et factices de son enfance. P. 143 « Grandir dans ces banlieues, c'était grandir dans un univers sans histoire, sans culture, sans passions. » ; « J'ai toujours été fasciné par le parallèle qui existe entre la vie en banlieue et les films d'horreur ».
Un excellent moyen d'en découvrir plus sur le monde du cinéma hollywoodien (la pression de la production, l'influence des différents intervenants sur le choix du casting, l'esthétique même du film, l'obligation de gagner beaucoup beaucoup d'argent...) et l'univers très personnel de
Tim Burton.