Marc sonna. Nicole ouvrit aussitôt. La chaleur du corps généreux de sa grand-mère le submergea. Elle le tint longtemps serré. Un autre jour, il aurait été gêné de cette longue étreinte. Pas aujourd’hui. Ils en avaient tous les deux conscience. Nicole le relâcha enfin.
[…] Cette affaire me fascinait, j’étais persuadé que j’allais découvrir quelque chose de nouveau, un indice que tout le monde avait laissé filer. J’entassais les notes, les photos, les heures d’enregistrement … Un boulot de dingue … J’ignorais encore à l’époque que je construisais, méticuleusement, les fondations de ma névrose.
Elle s'avança encore, tourna la tête derrière son épaule pour bien vérifier qu'elle était seule. Elle l'était. Personne ne l'observait par les verrières de la serre. Elle se pencha vers son jardin secret, poussa les iris et dévoila quelques tiges, discrètes, des petites fleurs jaunes, quelques pieds de chélidoine. Mathilde de Carville aimait contempler ces quatre pétales jaune, doré, en croix, groupés en ombrelle. "L'herbe aux verrues", comme on l’appelait autrefois ; mais Mathilde préférait l'autre visage de la chélidoine, la croix des pétales dissimulait une plante mortelle, peut-être la plus toxique de toutes, une concentration unique d’alcaloïdes dan son suc...
Son péché mignon.
Dieu lui pardonne.
Deux orphelins perdus dans un cimetière sans tombes.
Dire que je n'ai ni regrets ni remords serait exagéré, mais j'ai fait du mieux que je pouvais .
Pocket, p.235
"Sais-tu que Walt Disney lui-même avait rêvé en Floride d'une ville idéale, Celebration, sans voitures, sans ségrégation, sous un dôme pour contrôler le climat ? Mais il est mort avant et le projet a été dénaturé par ses héritiers..."
Pocket, p.114 :
"Pourtant, pensait Mariam, un seul détail, un grain de sable, pouvait tout faire basculer, pouvait bousculer ses plus intimes convictions ; sa vie entière.
LE battement d'ailes d'une libellule."
Pocket, p.92 :
[Elle trouva l'inspiration vers la fin janvier 1981. A cette époque, vous vous en souvenez sûrement, une chanson de Charlélie Couture passait en boucle sur les radios, une chanson sinistrement de circonstance : "Comme un avion sans ailes"...
Excédée par la lenteur de la procédure et la frilosité du juge Le Drian, Lucile Moraud fit afficher, le 29 janvier, à la une de "L'Est républicain", une photographie en pleine page de "la miraculée", dans sa cage de verre au service pédiatrie de l'hôpital, où elle patientait depuis plus d'un mois dans l'indifférence générale, et sous-titra, en gras, trois lignes de la chanson :
"Oh, libellule,
Toi, t'as les ailes fragiles,
Moi, moi, j'ai la carlingue froissée..."
L'expérimentée journaliste fit mouche. Plus personne ne put entendre le tube de Charlélie Couture sans penser à la petite miraculée, à ses ailes fragiles, à la carlingue froissée. Pour la France, l'orpheline des neiges devenait "Libellule".]
Pocket, p.49 :
"Terrible ironie, c'est l'holocauste des passagers, de ses parents, qui lui avait sauvé la vie. C'est ce que dirent les médecins pour expliquer le miracle.
Car c'était bien un miracle !"
Les douleurs ne s'additionnent pas, elles se superposent, c'est une grande chance.