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4,08

sur 2979 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Rarement une lecture ne m'aura autant marqué. J'avais déjà adoré le K du même auteur, et cette nouvelle lecture ne m'a absolument pas déçu, bien au contraire. Je place directement cette lecture dans mes classiques, ainsi que dans la liste des 5 livres que j'emporterais sur une île déserte.
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Un lieu isolé et perdu au milieu de nulle part. Un jeune militaire est affecté là pour son premier poste pensant resté pour quelques mois. Puis le temps passe ... passe ... Il y passera toute sa vie à attendre un événement qui arrivera trop tard.
Un très belle réflexion sur la vie et son déroulement.
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Chef d'oeuvre !
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J'ai toujours eu l'intime conviction que c'est les livres qui nous choisissent et je viens d'en avoir la certitude. J'ai remarqué le désert des tartares une première fois il y' a un an chez mon bouquiniste, attendant avec patience un lecteur, à la même place, sur la même étagère. Mais à chaque passage, mes envies allaient ailleurs…J'en avais entendu parler bien sur, mais je pensais que c'était un livre qui raconte une guerre; ce n'est pas que je n'aime pas ce genre de livres, mais je n'étais pas d'humeur. Il y' a deux semaines, ma main, je ne sais pourquoi, s'est tendue vers lui. En lisant le résumé, le choix de ma prochaine lecture a été fait et ce fut le moment parfait. Dans ce récit, Dino Buzzati nous raconte le destin d'un lieutenant affecté à un fort, un fort qui s'avère être presque abandonné. Toute sa garnison est en attente, l'attente de la guerre, de la gloire, de la reconnaissance. L'univers est lourd oppressent, angoissant…Un récit allégorique qui nous renvoie à nos choix, nos attentes, notre destin. Je me suis toujours posé cette question : où fini l'obstination et où commence l'acharnement ? Une fois engagés dans une voie, peut –on revenir ? Faut-il continuer ? Attendre jusqu'à quand ? Je ne pense pas que Dino Buzzati veuille nous donner des réponses, mais nous amener à y réfléchir. Ce livre peut avoir autant d'interprétations que de lecteurs, autant d'émotions que de sensibilités : il est universel… Après avoir refermé la dernière page, je me suis dit que peu importe le choix, la fatalité et le destin sont plus fort que nos espoirs et nos attentes, il faut juste les accueillir avec dignité. Lecture marquante, un livre à lire et à relire.
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L'idée du "Désert des Tartares" serait venue de l'image de l'attente routinière de l'événement chez les journalistes de "la corriere della serra" dont Buzzati, faisait partie.

Le sergent major Tronk, spécialiste du règlement, est l'incarnation de cet ordre tatillon qui enferme l'individu dans un carcan d'interdits et de devoirs dont il accepte, sans la contester, la règle.
Et au nom de la règle tous les tromperies sont permises.
"Ici,c'est comme en exil, il faut bien trouver une sorte de dérivatif, il faut bien espérer quelque chose. quelqu'un s'est monté la tête; on s'est mis à parler des Tartares. Dieu sait qui a été le premier à en parler...".
Il vaut mieux faire semblant d'y croire, comme bien d'autres...
Comme Prosdocimo, qui s'obstine à présenter son séjour, comme provisoire après 15 années.
Le mirage est trop fort et chacun semble y succomber.
Drogo, plus que les autres, nous donne l'exemple de cette victoire progressive de l'illusion sur la réalité. D'ailleurs, l'illusion de l'héroïsme se confond, pour lui avec l'illusion de départ :
" peut-être pour se prouver à lui-même qu'il était vraiment libre et tranquille".
Il croit ou - feint de croire - que l'ennemi finira par arriver,que quatre mois avaient suffi pour l'engluer...".
Il croit -ou feint de croire- qu'il pourra toujours quitter le fort quand il le voudra.
Un envoûtement insidieux s'est emparé de lui dans la forteresse Bastiani, comme Hans Castorp, le jeune bourgeois de la montagne magique
de Thomas Mann a été pris par l''enchantement du sanatorium de Davos.
Victimes d'une illusion qu'ils contribuent à entretenir, d'un mensonges dont ils sont dupes, d'un malentendu qui brouille la réalité.
Les personnage du désert des Tartares et Giovanni Drogo, plus particulièrement, semblent se débattre dans un mode d'erreurs...
Illustrations métonymiques, d'une erreur essentielle qui est celle de l'homme et de son comportement face à la vie.
Il ne s'agit pas là de glisser en arrière plan des circonstances favorables à l'erreur, mais de recentrer l'intérêt sur la question ontologique de l'identité de l'homme et de sa place dans l'univers.
Selon Dino Buzzati, l'homme "est une créature erronée
Les tartares, un mensonge? le désert, un mirage? L'attaque, un mythe? Qu'importe car ces figures de l'erreur sont indispensables au précaire équilibre qui unit l'homme au monde.
Buzzati rejoint Camus dans l'illustration du thème de l'absurde et exprime son obsession du temps "qui passe et qui dévore" et de la désillusion qui arrive toujours.
Triste consolation, mais c'est bien au moment de la mort que les hommes comprennent les choses, un peu comme "Le K" du pêcheur Stéfano, qui a fui toute sa vie le poisson monstrueux, alors que celui-ci tenait à lui délivrer la clé de l'existence.
Et Brel chanta Zingras...
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Un des rares livres que j'ai lu plusieurs fois !!
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Je connaissais le nom de l'auteur pour son recueil « le K » que je désire lire depuis moult années mais c'est vraiment par pur hasard que je suis tombée dessus. C'est plutôt le titre, que je trouvais accrocheur, qui m'a décidé d'emprunter ce livre. Et bing ! Bonne pioche !
J'ai été conquise dès les premières pages par l'ambiance mystérieuse et fantastique qu'apporte le fort Bastiani, coincé dans un endroit isolé, entre les montagnes et le désert des Tartares. Et c'est bien ce qui va faire tout l'objet du roman : l'étrange fascination qu'exerce le fort et surtout les terres désolées sur l'esprit de Drogo. Lui, rêvait de gloire en combattant les légendaires Tartares. Il va attendre des mois puis des années, obstinément, dans l'espoir d'atteindre le but qu'il s'était donné.

Alors, il ne se passe pas grand-chose dans ce livre mais je n'ai pas ressenti une seule fois de l'ennui, tellement l'écriture reste accrocheuse de bout en bout. Ce n'est pas un livre d'action, vous l'aurez compris, mis plutôt une longue réflexion sur le poids des habitudes, réconfortant mais mortifère, la fuite du temps et le sens de la vie.
En effet, dans le fort, les soldats sont englués dans une routine complètement absurde, qui semble les protéger du temps qui passe. Rien ne change alors l'effet du temps ne se fait pas ressentir et (attention, transition de la mort qui tue)…

« CEPENDANT, le temps passait, toujours plus rapide ; son rythme silencieux scande la vie, on ne peut s'arrêter même un seul instant, même pas pour jeter un coup d'oeil en arrière. « Arrête ! Arrête ! » voudrait-on crier, mais on se rend compte que c'est inutile. Tout s'enfuit, les hommes, les saisons, les nuages ; et il est inutile de s'agripper aux pierres, de se cramponner au sommet d'un quelconque rocher, les doigts fatigués se desserrent, les bras retombent inertes, on est toujours entrainé dans ce fleuve qui semble lent, mais qui ne s'arrête jamais. »

Alors dit comme ça, ça à l'air d'être un bouquin pour dépressif, mais honnêtement ça se digère bien jusqu'aux dernières pages qui, elles, m'ont achevées ! J'ai eu le coeur serré par les derniers évènements et c'est vraiment dans la dernière ligne droite que l'on perçoit toute la profondeur du texte, à mon humble avis.
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Un livre sur l'attente, sur l'absurdité de la vie. Très beau. Troublant.
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C'est un livre où l'on attend, on attend, et on attend. On attend quoi ? Qu'il se passe quelque chose. Comme dans la vie... Buzzati, je crois qu'on adore ou on déteste... de mon côté, j'adore...
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« Je m'appelle Zangra et je suis lieutenant.
Au fort de Belonzio qui domine la plaine.
D'où l'ennemi viendra qui me fera héros ! »

Impossible de débuter la lecture du « Désert des Tartares » sans songer à la chanson de Jacques Brel, ce qui n'a rien d'étonnant puisque ladite chanson, « Zangra », a été directement inspirée du roman de Dino Buzzati. Voyez plutôt. Nous sommes au fort de Bastiani, citadelle délabrée et située en marge de toute civilisation. En face s'étend le désert des Tartares, immense étendue de pierre blanche où jadis rôdaient de terribles barbares mais où pas un signe de vie n'a été détecté depuis maintenant des siècles. Pourtant le fort est toujours là et la garnison attend. Qu'attend-elle ? Nul n'a l'air d'en être tout à fait sûr et surtout pas le lieutenant Giovanni Drogo, jeune officier tout droit débarqué de la ville et dans les rêves martiaux s'effritent peu à peu aux murailles poudreuses de Bastiani.

La vie au fort est si terne, le temps si long, les jours si gris… Alors pourquoi notre jeune lieutenant refuse-t-il sa mutation quand, après quatre pénibles mois de service, le médecin de la citadelle lui propose aimablement de le faire porter pâle pour retourner à la ville ? C'est que Drogo espère et que, tout au fond de lui, il sait. Il sait que, tôt ou tard, apparaitra sur l'étendue blanche du désert un petit point noir, que ce petit point noir grossira pour devenir une tache, puis cette tache deviendra une armée, une armée hurlante et grouillante qui s'abattra sur les murailles de Bastiani. Alors, Drogo se dressera, seul rempart entre la barbarie et la civilisation, il saura se battre et vaincre, et son nom rentrera pour toujours dans l'Histoire de son pays. Qu'importe quelques mois ou quelques années perdus, Drogo n'est-il pas encore jeune ? N'aura-t-il pas le temps, une fois sa gloire assurée, de goûter les plaisirs de la vie et de l'amour ? Regardez-le, notre beau lieutenant ! Regardez-le sur ses remparts, le manteau claquant sur ses épaules et le poing sur la hanche, magnifique et tragiquement inconscient, il attend l'ennemi qui le fera héros.

Ben, voilà, maintenant j'ai le cafard. Grand merci, monsieur Buzatti, vraiment ! C'est bien gentil de votre part d'écrire des chefs-d'oeuvre, mais pourquoi les faire si tristes, si sombres, si désabusés ? Pas besoin d'avoir la fibre militaire pour s'identifier au malheureux Drogo, tant son histoire est semblable à celles de millions d'autres hommes qui, dans l'attente d'un destin fabuleux mais incertain, laissent leur vie leur glisser entre les doigts. Qui que vous soyez, « le désert des Tartares » vous parlera et vous plombera le moral, car si nous ne pensons pas être des Drogos, nous craignons tous un peu de le devenir un jour… Superbement écrit et franchement désespérant.
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