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sur 74 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
En bordure de Buenos Aires, dans le bidonville d'El Poso se trouve une villa de fortune, un refuge aux airs de maison close et de couvent. Là, autour de Cleopatra, prostituée transgenre à qui la Vierge Marie apparaît régulièrement, les enfants perdus du quartier et les laissés pour compte d'une société homophobe et puritaine tentent de construire leur utopie miniature. Lorsque Qüity pénètre dans la villa, c'est en tant que journaliste et accompagnée de son ami photographe, Daniel. Elle n'en repartira qu'après la destruction du rêve, au bras d'une Cleo miraculée, prête à devenir une icône du martyre des habitants des bidonvilles.
Dans l'univers de misère et de violence d'El Poso, Gabriela Cabezón Cámara installe la scène d'un opéra-cumbia baroque, où le vulgaire et l'ordure côtoient le sublime. Elle y célèbre la résistance farouche et désespérée de ses personnages, dont le mysticisme queer évoque les héros aussi impurs que divins de Genet ou de Mishima. Par leur excentricité et leur capacité de résilience, Cleo, Qüity et leurs compagnons illuminent la réalité sordide d'une société hypocrite qui a abandonné ses plus démunis, et dont Pleines de grâce révèle les contradictions dans un grand tumulte irrévérencieux et extatique.
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« Pleines de grâce » de Gabriela Cabezon Camara - Quant à moi, je suis pleine de doutes !

A Buenos Aires, dans une villa miseria (bidonville argentin), vit Cléopatra, une femme trans* capable de converser avec la Vierge Marie. Suite à une terrible agression, elle lui est apparue par miracle et depuis, sur ses ordres, Cléopatra tente de transformer le bidonville d'El Poso en une communauté autonome.

Quand Qüity, jeune journaliste à la dérive issue des beaux quartiers, entend parler d'elle, elle pense enfin tenir l'article du siècle. Très vite, Qüity, oublie les raisons de sa venue et s'engage corps et âme dans l'organisation de la collectivité, au point de devenir la maman de substitution d'un petit Kevin.

Mais un jour, les autorités locales décident de raser la villa miseria d'El Paso. Cléopatra et Qüity, enceinte de cette dernière, doivent fuir le pays.

*Dans le roman, Cléopatra est décrite comme travestie. Je pense que le terme trans est plus juste étant donné que malgré qu'elle ait conservé ses attributs masculins, sa poitrine a été refaite. N'hésitez pas à me dire si je me trompe.

Qüity
« Ma petite aimait déjà les discours de la plus queer de ses mères, elle semblait danser tandis qu'on l'écoutait. Et moi, elle me plongeait dans la perplexité, comment pouvait-elle citer L'Odyssée presque mot pour mot ? Impossible qu'elle l'ait lue dans sa putain de vie misérable. D'où, bordel, sortait-elle des trucs comme ça ? La Vierge existait et elle était branchée classiques et putes pauvres ? »

Cleopatra
« Qüity, mon amour, il m'est tout arrivé, plus rien ne peut m'humilier. Et encore moins cette crise de moralisme qui te prend depuis qu'on est à Miami : toi qui m'as trouvée bien excitante en voyant de très près la pute que j'étais, tu ne peux pas me sortir ces conneries maintenant, mon coeur. »

MON AVIS

Ce petit roman d'à peine 200 pages est clairement un OVNI. Quand j'ai vu la couverture flashy en rayon, j'ai craqué dessus sans trop savoir dans quelle lecture je m'embarquai. Et au final, je ne sais pas trop quoi en penser. Bizarrement, bien que cette lecture ait été très agréable, j'ai du mal à me positionner.

Est-ce que j'ai aimé lire ce livre ? OUI

Est-ce que les personnages sont attachants ? NON, mais ils sont très intéressants.

Est-ce qu'il y a une intrigue, du suspense ? OUI et NON. C'est surtout le récit d'un moment de vie. D'ailleurs, le synopsis laisse très peu de place aux surprises. Je dirai même que la seule surprise réside dans la fin du roman. L'intrigue se trouve entre les lignes du speech, dans les « pourquoi ? » et les « comment ? ».

Est-ce que le style d'écriture m'a plu ? Encore une fois, OUI et NON. J'ai vraiment aimé que ce soit un ouvrage à deux voix, car on découvre vraiment deux versions des faits. Qüity raconte l'histoire et Cléopatra l'ajuste avec son point de vue. Et chacune à son propre style. Celui de Qüity est dur, mélancolique et cru, quant à Cléopatra, il est franc, rapide et divertissant. En revanche, il y a beaucoup de références à la culture argentine et par moments, j'ai trouvé les tournures de phrases compliquées, m'obligeant à reprendre plusieurs fois un paragraphe pour bien assimiler les dires.

Qu'as-tu ressenti à la fin de cette lecture ? Je pense que le problème vient de là. Je suis restée un peu sur ma fin. C'est ce qui fait que je ressors perdue. J'ai apprécié 90% de cet ouvrage, l'univers, le style, les personnages, mais j'ai été désappointée par la conclusion de l'auteure. Si je la compare au reste du roman, je ne l'ai pas trouvé au niveau.

Bref, pour conclure, je ne saurai dire s'il faut que vous lisiez ou non ce roman. Je vous conseille de prendre plusieurs avis et de voir si l'envie grandit en vous. Enfin, je dirai que ce choix ne peut pas être autre que personnel. Il va dépendre de l'attrait que vous avez pour le milieu queer, de votre tolérance aux propos sans nuances et de votre ouverture d'esprit.
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Un livre singulier qui nous plonge dans les bidonvilles de Buenos Aires, El Poso, où une travestie du nom de Cloe parle à la Vierge et répand sa parole auprès de ses voisins et amis. L'écriture est dure, l'ambiance est âpre, l'amour est sans concession, le sexe partout et la mort plane sur tout ce beau monde. Il faut avoir le coeur bien accroché pour survivre dans cette jungle humaine, où rien n'échappe à personne et où la vie ne tient qu'à un fil. Les narratrices nous entraînent dans leur histoire, par un jeu d'aller et retour entre elles et entre le passé et le présent, c'est foisonnant, parfois dur à suivre, l'histoire se construisant par couches successives, avec un détail supplémentaire ou une autre vision de la même scène. Outre sa construction narrative, ce livre est aussi intéressant et déroutant par la vision qu'il montre des travesties sud-américaines et de la vie qui est la leur, faite de viols, de prostitution et de drogues.
Une lecture qui résonnera longtemps en moi.
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Mlle Alice, pouvez-vous nous raconter votre rencontre avec Pleines de Grâce ?
"Vous me connaissez, forcément cette couverture canon ne pouvait que m'attirer, mais ce résumé aussi, je ne pouvais pas passer à côté de roman, il m'attirait comme un aimant."

Dites-nous en un peu plus sur son histoire...
"Cleopatra, une prostituée travestie de Buenos Aires, a vu la Vierge. Depuis, elle discute régulièrement avec elle comme avec une copine. Qüity, journaliste à la dérive, est intriguée par cette histoire qui changera sa vie plus qu'elle n'aurait pu l'imaginer..."

Mais que s'est-il exactement passé entre vous ?
"J'ai tellement de choses à dire sur un si petit livre ! Il y a la plume, la narration et l'histoire, la sainte trinité de l'écriture. La plume de l'auteur est percutante, très crue et dépouillée, j'ai adoré. Ça vous met une claque, on ne peut pas le dire autrement. En revanche, j'ai eu beaucoup de mal avec la forme de la narration, surtout dans les premiers chapitres. Il m'a fallu quelques pages pour arriver à rentrer dedans quand même. On passe du passé au présent sans arrêt, d'un personnage à l'autre, écrit à la première personne, on ne sait jamais qui parle dans les dialogues, il faut s'accrocher...

L'histoire maintenant... Et là encore, je suis passée par tous les sentiments. En premier lieu, elle est très différente de ce que j'imaginais, et de ce que laissait entendre la quatrième de couverture mais une fois ma déception surmontée, on est quand même obligé de s'accrocher à ces personnages atypiques qui se délitent... Et puis, elle est tragique cette histoire, on le sait dès le début et un peu comme dans Roméo et Juliette, on attend le drame inéluctable tout en espérant qu'il n'arrivera pas. En bref, c'est plein de fantaisie, d'amertume, d'espoir et de misère à la fois."

Et comment cela s'est-il fini ?
"Dieu sait si j'ai adoré la loufoquerie de Cléo tout au long du roman mais cette fin, c'est juste trop. Pour moi, ça décrédibilise le reste. Je n'ai pas compris."
Lien : http://booksaremywonderland...
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Ok minou. Maintiens ta respiration, genre pendant deux cent putains de pages. C'est parti pour le grand manège, les étoiles de merde qui font vriller plus que briller, l'étourdissement absolu, les couleurs queers à profusion, un gros magma sans presque pas de points, à l'instar de beaucoup de cul, de violence, de théologie à l'iconographie argentine aux références adaptées à chaque situation.

Si t'as pas mis ton maillot tu vas te retrouver à poil pour affronter la grande difficulté d'avoir le souffle coupé, dû à la profusion lexicale qui vient te perforer les poumons comme la musicalité des balles qui sifflent dans ce bidonville de Buenos Aires.

C'est cinglé. Puissant ET putain d'cinglé. Ça dépasse les textes sulfureux et torturés dans lesquels il est devenu si facile de se complaire. J'ai encore lu à l'envers ; j'ai découvert Gabriela Cabezòn Cámara en commençant par la fin, par son deuxième roman. Et encore, je dois cette découverte grâce à une suite logique de retrouvailles qui m'ont fait comprendre pourquoi j'étais devenu libraire.

Chic sans jamais l'être et pourtant on la saisit tellement cette grâce ; à travers Cleopatra qui veille sur l'enfant, pute trans devenue célèbre depuis qu'elle s'est faite violer par tout le commissariat et à la suite de quoi la Vierge Marie lui est apparue pour lui parler en espagnol et lui donner quelques croissants. Elle gère le bidonville. Depuis les flics ont courbé l'échine et la sanctifie également. Cléo éternue ses idées comme ces petits morceaux de C qui restent bloqués contre la cloison nasale et qui annoncent les futurs tickets pour quelques minutes de grande lucidité.

Mon. Dieu.
J'ai envie de me baigner dans ce récit, de m'en récurer la peau pour, d'en marteler mes os. Ce texte c'est ma zone d'inconfort préférée. La petite faiblesse qui me gagnera.

C'est ta prochaine roulette russe, t'en fais ce que tu veux.

Boum.
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Du baroque au bas rock

Une incroyable histoire d'amour. Entre deux femmes. L'une est journaliste, Qüity, l'autre est transsexuel, Cleopatra. On accepte d'emblé leurs différences et leur intimité, attiré par ce rapport que les sociétés tendent à effacer.

La violence à l'état brut. On la retrouve indéniablement, dans une culture qui baigne dans un océan d'injustices et de dangers. La pauvreté est claire dans sa crasse, juxtaposant le pure et l'insalubre, le trivial et le sacré, offrant presque une dimension iconoclaste. Puisqu'il est question de la grâce, de la beauté du vice, et de l'incontestable Vierge toute puissante. On prend l'idée au sérieux, puis en dérision, avec un sourire parfois désolé, parfois cynique.
Le désir d'un monde meilleur est si fragile que l'on y place une peine plutôt qu'un espoir, et c'est en ce détail que la fin est prévisible. Quoi que jusqu'à la dernière phrase, on peut être surpris, et c'est dans ce twist final que l'on tombe dans la profondeur du sujet: la foi.

Ca parait lourd, mais c'est digeste et excentrique. C'est raconté de manière spontané, souvent au discours direct, avec quelque alternance de point de vue. Comme elles parlent, comme elles s'insultent, comme elles respirent, et elles transpirent leur vie percutante.
Lien : https://manoncolas2.wixsite...
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Ce que vous lirez will blow up your mind.
Un récit mêlant danse et exil, entre les voix de Qüity et Cléo et la Vierge des Gueux. Une épopée qui mélange cultures et conflits d'intérêts dans une ode à la vie. Incontournable de modernité.
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La quatrième de couverture me vendait une histoire banale d'une journaliste un peu paumée qui cherche son grand scoop. Mais dès les premières pages on s'embarque dans une aventure remplie de drogues, de sexe, de misère et de foi. Parfois l'écriture est tellement franche et sèche qu'on a du mal à suivre mais c'est ce qui rend toute l'expérience unique. J'ai adoré Qüity et Cleopatra, deux femmes "pleines de grâce" et pleines de vie avec leur amour pas vraiment courant et pourtant si puissant, j'ai vibré dans la villa et ses milliers de carpes. C'était un bon roman pour commencer une année qui promet d'être riche en combats sociaux.
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C'est l'histoire, racontée à posteriori, de Qüity et Cleo. Qüity, la narratrice principale, revient sur son arrivée et sa vie dans le bidonville d'El Paso, aux alentours de Buenos Aires. Elle est interrompue par Cleo, sa compagne, ancienne prostituée transgenre miraculée et prêcheuse de la vierge, qui vient corriger et ajouter son point de vue au récit de Qüity.
Si le sujet de ce roman et ses personnages m'ont beaucoup touchés, je suis peu habituée à ce style d'écriture et j'ai eu un peu de mal à m'y retrouver.
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Ce roman est court mais il est intense et cru dans ses propos et les actions décrites, il nécessite de s'accorder du temps pour l'absorber et le digérer. C'est une histoire qui est difficile d'approche dans un premier temps mais qui se laisse apprivoiser au fil des pages et dévoile un monde peuplé de personnages grandioses aux parcours tragiques.

Il y a beaucoup de beauté mais également beaucoup de désespoir bien que ce soit rehaussé d'une fine touche d'optimisme suivant le point de vue duquel on se place.

Court roman donc, qui dit beaucoup de choses et le fait bien, cependant à ne pas mettre entre les mains de personnes sensibles et fragiles au moment de sa lecture puisque on y parle de viol, de pédophilie, de torture, de mise à mort, de drogues entre autres sujet qui peuvent heurter la santé mentale de certain.es lecteur.ices.



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