Robert de Boron était-il le digne successeur de Chrétien de Troyes ? On retrouve les défauts de style de son précédesseur et en même temps son petit côté moderne, qu'
Anne-Marie Cadot-Colin une fois encore s'efforce de retranscrire. Dans l'ensemble, c'est un livre du cycle du Graal chrétien ni meilleur ni pire que les autres. Un peu décousu, comme chacun d'entre eux, mais qui a surtout le mérite de nous expliquer l'origine de
Merlin.
Fallait-il préférer le Myriddin celte, le Lailoken versatile d'avant la version moyenâgeuse ? Il est vrai qu'on découvre le passé de son homologue médiéval et qu'apprendre les origines d'un personnage mystérieux lui fait perdre toujours un peu de son aura. Mais en revanche, le
Merlin médiéval n'en reste pas moins énigmatique : il sait tout, il est fils du diable et serviteur de Dieu à la fois, on ne sait jamais ses desseins exacts. Dans la postface, on apprend que
Cadot-Colin a voulu malgré tout rassembler les textes lui donnant une image positive ainsi qu'au roi Arthur : ne sont gardés du côté obscur du mythe arthurien que Mordred. Dommage ? Sans doute.
En tout cas, voir un roman du cycle légendaire se focaliser sur autre chose que les combats et les chevaliers, à défaut de magicbuilding, ça fait du bien. Et on apprend également l'avènement d'Arthur, ce qui est tout de même à savoir aussi. Enfin, on découvre la mort (?) de
Merlin l'Enchanteur, causée certes par un personnage apparaissant un peu trop tardivement dans le récit, mais qui a le mérite d'être émouvante. On en redemande.