Marie Caillet, dix-huit ans, et une plume qui envoûte dès les premières pages. La qualité de la rédaction, le soin apporté aux descriptions, le vocabulaire, les images qui se dégagent de la narration, tout est méticuleux sans en devenir pour autant indigeste. Les personnages sont complexes et efficaces. Ils ont chacun leurs propres démons, leurs raisons d'agir ainsi et pas autrement. Certains sont plus attachants que d'autres comme dans tout roman et le duo infernal Mydria-Orest est plein d'énergie, de réparties et d'intérêt grandissant. L'auteure nous transporte dans un univers qui lui est propre, répondant aux piliers du genre de la Fantasy sans en perdre son originalité. On découvre ainsi le royaume d'Edrilion tombé aux mains de l'ennemi, sa magie ancienne s'éteignant lentement avec lui.
Mydria est l'unique héritière de la prestigieuse lignée des Darcer qui était à la tête du royaume deux siècles auparavant. Si elle venait à mourir, la dynastie légitime serait définitivement réduite à néant. Elle n'apprend ses véritables origines que tardivement, et en cherchant à échapper à son destin, elle s'y précipite finalement tête la première. Comme toute jeune fille de bonne fille (ses parents adoptifs appartiennent à l'une des familles les plus nanties du pays), elle est trop sûre d'elle, un brin arrogante, capricieuse et naïve à la fois. Elle ne supporte pas la critique, la résistance, elle pense toujours avoir raison et la crise d'adolescence dans laquelle elle semble encore être plongée n'arrange guère le phénomène. Pourtant, elle n'est pas bête. Elle élabore elle aussi des intrigues, pour aller toujours plus loin, grimper toujours plus haut dans la hiérarchie du pouvoir. Elle a soif de tout, même si l'on peut alors se demander les raisons d'une si haute ambition chez une jeune fille d'à peine seize ans.
Quand son univers bascule, elle se retrouve directement confrontée à la réalité du monde, loin du cocon l'ayant bercée depuis sa plus tendre enfance. Elle ne va pourtant pas perdre sa morgue, une fois les premiers clashs affrontés entre sa place au manoir des Siartt et celle que le « petit peuple » semble lui accorder. À jouer aux ingrates rebelles, elle va se retrouver dans la pire des situations, prisonnière d'une Guilde de voleurs et d'assassins qui en ont après le trésor de ses ancêtres… et sûrement plus encore ! Méprisée, malmenée, invectivée, contrainte d'agir sous la menace, elle va vivre un long cauchemar avant de développer un certain syndrome de Stockholm et s'attacher petit à petit à certains membres de leur groupe parti à l'aventure.
L'ensemble est toutefois bien géré. On évite ainsi les grosses caricatures puisque My est souvent elle-même agacée par ces liens qu'elle semble vouloir développer. Elle tient à imposer son indépendance, à crier son refus de coopérer, tout en cherchant désespérément leur compagnie, un moyen de s'attirer leurs bonnes grâces. Elle cherche à s'enfuir quand elle n'a aucune chance de réussite, reste lorsque la porte est grande ouverte. Elle est pétrie de contradictions, un peu perdue dans tout ce qui lui arrive. On lui mettrait bien parfois quelques claques, quand elle laisse transparaître sa suffisance, ses caprices et ses comportements impulsifs, mais Orest est toujours là pour la remettre froidement à sa place.
La petite troupe va ainsi affronter des territoires inexplorés et dangereux, aller aux devants de mystères et de monstres ancestraux, d'une magie qu'elle connaît mal et aborde donc d'un mauvais angle, en en payant bien souvent de lourdes conséquences. le périple s'étire un peu en longueur vers la fin, cela commençait à légèrement me lasser. Mais heureusement, le final s'est alors mis en place et a relancé tout mon intérêt pour la quête de Mydria aux ailes de papillon.
Malgré le travail de relecture et de correction dont a dû bénéficier l'ouvrage, j'ai été un peu fâchée de voir à plusieurs reprises un personnage intervenant dans les dialogues de la seconde partie alors qu'il n'était plus de ce monde depuis plusieurs chapitres.
La conclusion de ce premier tome se fait magistrale et angoissante à souhait. Je ne savais pas du tout quel tournant allait prendre l'histoire, sur quelle note allait s'éteindre le dénouement, et j'ai été soulagée de constater que Marie Caillet était parvenue à éviter les écueils d'un happy end trop flagrant après de telles péripéties.
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