Je serais heureux, moi, d'entrer dans des églises, d'y trouver des prêtres "mystiques", quitte à partir dans la connerie, mais, au moins, des gens qui vous soulèvent. C'est comme les poètes... Peu importe qu'ils aient tort ou raison, on s'en fout. Ce qu'on souhaite, ce sont des gens qui vous soulèvent.
(Extrait des entretiens avec Pierre Drachline)
Touriste : idiot de passage
Etat : gangstérisme officialisé
Amertume : vice de vieillard
La guerre n'est rien que le produit de l'ignorance des uns, de la crapulerie des autres et de la férocité de tous.
Elle avait un cou de cygne, des yeux de chatte, un regard d'aigle, une taille de guêpe, des jambes de gazelle, un tempérament de lion, un caractère de chien. Pourtant, ce n'était qu'une femme
Elles avaient aussi de longues robes longues
aux froissis de glacé frileux et agaçant
lentes fleurs de tissu qui passaient en glissant
dans les couloirs obscurs de nos soirées si longues
Comme des masques bleus leurs visages trop pâles
qu’enserrait la sévère écharpe des cheveux
troubles féminités de vapeurs orientales
il soufflait des vents chauds dans l’embrun de leurs yeux
Leurs bras étaient gantés de fourreaux de dentelle
menus serpents cerclés de fins bracelets d’or
les coussins des divans alanguissaient leurs corps
enfant j’étais alors follement épris d’elles
"Ou le siècle à venir sera celui du refus, ou il ne sera qu'espace carcéral."
Préface de Pierre Drachline à la nouvelle édition (disponible en e-book et nouvelle édition papier le 12 juin 2014 toujours aux éditions du Cherche midi, je viens juste de découvrir cette édition après avoir parlé de ces "Choses dites" et cette nouvelle préface est trop belle pour ne pas la partager)
Le temps des imposteurs
«Je ne lâcherai pas. Je m’incrusterai dans la Vie. Je déploierai toute ma volonté. Je n’ai pas fini d’être», notait Louis Calaferte dans ses «Carnets» de 1993
Promesse ô combien tenue ! Louis Calaferte, l’éveilleur de consciences, le citoyen de ses révoltes, ne s’est jamais absenté depuis sa disparition le 2 mai 1994. Publication de poèmes et de textes inédits, des derniers volumes de ses Carnets, pièces de théâtre montées par des troupes, et surtout de jeunes et nouveaux lecteurs s’enivrant de la découverte d’une oeuvre sur laquelle la poussière du temps ne se déposera pas.
Louis, si beau en ses colères d’homme libre, ne serait pas étonné de la volupté de la médiocrité où se vautrent moult de nos contemporains. Il avait senti la montée de ce qu’il appelait «les forces noires». La fascination progressive des esprits. Voici venu le temps des imposteurs ! La rumeur prime sur l’information. Les écrivants ont chassé les écrivains des librairies. L’idéologie de la dérision a pour corollaire le cynisme érigé en philosophie.
Face à l’oppression des îlotes, il ne faut céder sur rien. Lire Calaferte, c’est déjà Résister aux miasmes de l’époque. «Que cette pourriture du monde de l’argent et de l’inculture qui nous étouffe parte en poussière autout de nous.»
Vous avez laissé faire un monde de corruption.
Vous avez laissé faire un monde de mensonge.
Vous avez laissé faire un monde de lâcheté.
Vous avez laissé faire un monde d’ignorance.
Vous avez laissé faire un monde de routine.
Vous avez laissé faire un monde de pauvreté.
Vous avez laissé faire un monde de souteneurs.
Vous avez laissé faire un monde d’équarrisseurs.
On arrête.
On emprisonne.
On torture.
On assassine.
Et maintenant — qu’est-ce que vous espérez ?
Non, je ne suis pas mort, mais que ça ne vous empêche pas de m’envoyer des fleurs.