Bon, je crois que je vais faire le deuil des écrits de
Georgia Caldera après les avoir grandement apprécié il y a une petite dizaine d'années. Je pense que je laisserai une dernière chance à ses récits imaginaires mais pour ce qui est des romances, c'est fini.
Je vais essayer d'expliquer au mieux mon ressenti. Ce qui m'a agacée dans cette lecture, c'est le postulat a priori féministe du personnage principal. L'autrice nous montre une femme qui veut prouver au monde que l'on peut être heureuse seule et que l'on n'a pas besoin d'être en couple pour trouver le bonheur. Mais, à la fin de l'histoire, le personnage de Romy va remettre en cause ces faux-semblants et avouer qu'en fait, elle se mentait à elle-même. Pourquoi pas, c'est une évolution plausible. Mais voilà, ce qui me dérange c'est que cette évolution me pousse à lire le message suivant : les femmes qui, dans la vraie vie, déclarent et affirment à tue-tête être heureuses seules ne font en fait que se mentir à elles-mêmes. Moi, c'est ce que je lis et cela m'agace profondément. Vous savez c'est comme le non qui veut dire oui. Parfois, dans certaines situations, c'est vrai (le fameux « Tu veux reprendre du dessert ? Non, c'est bon merci. Tu es sûre ? Bon allez une petite part alors ») mais parfois ça ne l'est pas également. Et bien là c'est pareil, parfois des personnes seront comme Romy- se disant heureuses seules mais qui en fait ne le sont pas vraiment- mais parfois elles seront réellement heureuses en étant célibataires. Si, si c'est vrai. Et là, le fait que l'autrice martèle sans cesse que sa Romy est une féministe (dans le sens, refuser tout ce qui vient de l'homme) ultra-indépendante pour mieux démontrer que cet apparent bonheur n'était que factice par la suite, fausse complètement l'idée même que l'on puisse sincèrement être heureux/se seul/e. Sans avoir besoin de se justifier. Alors oui, j'aurais préféré lire l'histoire d'une femme qui n'a pas de problème avec le fait d'être célibataire mais qui ne s'empêche pas pour autant de vivre une histoire avec un homme si cela matche avec lui. J'aurais aimé lire l'histoire d'une femme indépendante qui ne cherche pas à tout prix à ce caser mais qui ne se cache pas derrière des prétextes fallacieux pour s'empêcher de se mettre en couple pour ne pas « casser » son image de « femme forte » auprès de son entourage. Oui, se mettre en couple n'est pas une faiblesse et l'on peut tout à fait être une femme indépendante même quand l'on est en couple. Voilà le message que j'aurais aimé déceler dans ma lecture. Mais là, j'ai eu l'impression d'avoir le droit à la mise en récit qui cautionne la fameuse messe basse qui se dit entre filles en couple qui parlent de leur pote célib' « elle dit qu'elle est heureuse seule mais je suis sûre que c'est pour garder la face en société et que ce n'est pas vrai ». Il est ressorti de ma lecture une désagréable impression que ce roman cautionnait cet adage, donc...
Bref, j'aurais préféré que l'autrice, sous couvert de donner une touche actuelle à sa romance on ne plus classique, se passe de ces relents soi-disant féministes pour construire son personnage principal.
Autre chose aussi, je pense qu'à un moment il faut arrêter de présenter sans cesse dans les romans chick-lit des soirées entre filles alcoolisées qui permettent de « surmonter » des problèmes. Cette glamourisation de l'alcool dans ce type de littérature commence vraiment à me saouler (sans mauvais jeux de mots). Merci donc aux auteur/ices de montrer qu'il est possible de s'amuser et d'avoir des discussions/confessions personnelles entre ami/es sans pour autant se noyer dans l'alcool.
En somme, j'ai écrit un pavé sur ce qui était pour moi le point noir de cette romance. Mais celui-ci ne sera peut-être qu'un détail sans conséquence pour certains qui n'auront pas la même lecture de l'évolution du personnage que moi. Mais voilà, j'ai parfois tendance à me focaliser sur les détails qui me gênent et le fait qu'il soit ici répété à longueur du roman n'aide pas à l'oublier…Bref, mis à part cela, on a une romance entre deux êtres cabossés qui apprennent à se connaître et à s'apprécier. Rien de bien neuf sous le soleil, donc. Mais je pense sincèrement que j'aurais plus apprécié cette histoire banale sans les petites réflexions pseudo-féministes qui émaillent le récit.
Donc, comme dit en début de critique, j'arrête les romances de Gerogia Caldera mais je retenterai une ou deux lectures de ses oeuvres imaginaires, genre qui m'avait fait aimer les histoires racontées par cette autrice. On croise les doigts pour que ça le fasse…