Suicide , meurtre , enlèvement , fugue ? Amandine a disparu , laissant seuls Henry son mari et ses trois filles en bas âge .
L'enquête est confiée à un jeune policier , Yoann , qui souffre d'une rupture récente avec une fille qu'il adorait . L'ennui , c'est que cette enquête démarre avec un retard de 8 jours , et , entre-temps , beaucoup de preuves ont pu disparaître .
Heureusement , le policier , considéré comme le meilleur dans son domaine , est coriace .
Grâce à un chien policier , il refait le parcours de la jeune femme jusqu'au bord du lac , où , là , sa trace s'arrête . S'agit-il d'une agression , d'un enlèvement ou d'une noyade ? Rien ne permet de l'affirmer .
Dans le cas de disparition , la police s'intéresse , avec raison , aux proches de la victime , le mari , Henry en l'occurrence . Derrière la façade d'un prof de lycée exemplaire , particulièrement aimé par ses élèves et respecté par ses collègues , se cache un pervers narcissique de haute volée , insoupçonnable .
Très rapidement , de grosses failles apparaissent heureusement dans son système de défense :
- il a signalé la disparition de son épouse avec quelques jours de retard
- il affirme que sa femme était dépressive et soignait sa maladie avec des antidépresseurs prescrits par son père Victor Moulin , médecin
- ce qui est gênant , c'est que son père est comme un légume depuis 6 mois avec une sonde dans le bras
- ce qui est encore plus gênant , c'est que les médicaments ont été payés avec la carte bancaire du même Victor
- autre fait encore plus accablant : jamais , selon ses proches , Amandine n'aurait abandonné ses trois filles
- enfin , les membres de sa famille et ses proches ne croient en aucune manière à la thèse de la dépression invoquée par le mari
En tout état de cause , cette histoire d'antidépresseurs met un terme total à la version de l'innocence du mari . Usurpation d'identité , faux et usage de faux , ça la fout un peu mal de la part d'un homme au-dessus de tout soupçon .
Ce qui fait l'intérêt de ce roman (ce thriller psychologique , peut-on dire ) , c'est qu'il mêle deux choses différentes , une enquête policière rondement menée , en dépit du petit nombre d'indices , et la description d'un pervers narcissique et de son profil psychologique .
Pour quelqu'un d'assez ignare comme ma pomme dans le domaine de la psychologie , j'ai appris beaucoup d'éléments sur la façon dont le pervers narcissique prend possession de sa victime et s'assure une complète impunité vis-à-vis des services de police et de la justice .
En exerçant continuellement des violences psychologiques verbales , précisément "
les blessures du silence" , l'agresseur reste au-dessus de tout soupçon , il est quasi impossible à la victime de prouver quoi que ce soit , surtout quand il s'agit d'un homme (ou d'une femme) protégé par une auréole de professeur de lettres agrégé , un homme de culture .
D'ailleurs , les victimes de violences psychologiques sont globalement déboutées par la justice , il leur est impossible de prouver aux juges l'entreprise de sape morale , de dénigrement perpétuel et de manipulations , entre autres faire souffler le chaud et le froid pour mieux assujettir la victime .
En définitive , je me suis souvent identifié au personnage d'Amandine , j'ai été pris d'empathie pour cette femme qui ne méritait en aucun cas le sort que lui a réservé son mari manipulateur .
Merci donc à Babelio et aux éditions Albin Michel de m'avoir fait découvrir le talent de cette autrice (oui , je sais , ça n'est pas dans le dictionnaire !)