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3,82

sur 1263 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Après avoir lu, et aimé, le chevalier inexistant, j'ai trouvé ce court roman de Calvino bien agréable.
Conte philosophique comme il sait en faire, l'auteur nous emporte dans un pays imaginaire où Médard de Terralba revient de la guerre fendu en deux parties.
Revient d'abord la moitié obscure, qui répand la mort et la terreur, fendant en deux tout ce qui se trouve sur son chemin, puis arrive l'autre partie, bonne et dévouée, recueillie et soignée par des ermites.
On voit,ici comme ailleurs, que la méchanceté absolue, tout comme la bonté absolue, sont inhumaines.
Une lecture distrayante.
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Dix-huitième siècle. le vicomte génois Médard de Terralba rejoint l'armée du Saint-Empire romain germanique en guerre contre les Turcs. Toute l'absurdité de la bataille est démontrée d'une manière cinglante à travers cet évènement : le vicomte, frappé par un boulet de canon, finit en bouillie. Mais peut-être devrait-on parler de semi-compote… ?


« Quand on retira le drap qui couvrait le vicomte, on vit son corps effroyablement mutilé. Non seulement il lui manquait un bras et une jambe, mais tout ce qu'il y avait de thorax et d'abdomen entre ce bras et cette jambe avait été emporté, pulvérisé par ce coup de canon à bout portant. Pour la tête, il n'en restait qu'un oeil, une oreille, une joue, la moitié du menton et la moitié du front : de l'autre moitié, il ne subsistait qu'une bouillie. Pour résumer, il ne demeurait plus qu'une moitié de lui, la moitié droite, du reste parfaitement conservée, sans une égratignure, à part l'énorme déchirure qui l'avait séparée de la moitié gauche réduite en miettes. »



En effet, le vicomte Médard, plus absurde que la guerre, a été scindé en deux parties strictement symétriques. L'une, a priori irrécupérable, est laissée à l'abandon. L'autre fera l'objet des soins acharnés de médecins d'abord passionnés par la biologie avant d'être dévoués à la cause humaine : c'est pourquoi ils passeront tout leur temps à réparer la moitié récupérable de Médard au détriment de petits blessés moins stimulants, qui finiront bon gré mal gré par rendre l'âme. A l'issue de ces soins, la moitié se relève, triomphante. Dispensée de guerre, elle retourne à Terralba et montre sa nouvelle nature : mauvaise, elle dispense sa cruauté sans distinction d'âge ni de sexe. Il semblerait que ce soit la mauvaise moitié de Médard qui ait survécu…

Le récit est pris en charge par le neveu de Médard, un orphelin un peu vagabond qui, par son statut même, permet au lecteur de prendre conscience des répercussions engendrées par les méfaits du vicomte sur l'ensemble du territoire de Terralba. La jeunesse du narrateur, dont l'âge ne dépasse pas la dizaine d'années au moment des faits, permet de porter sur les évènements un regard innocent qui frôle souvent la naïveté. Les actes, de quelque cruauté qu'ils soient, sont décrits avec un détachement et une neutralité qui feraient presque passer le jeune neveu pour un maître de l'humour noir. Toutefois, son innocence permet aussi d'atteindre à des emportements de bonheur sincères et à un humanisme primordial, dénué de toute considération cynique portant sur l'être humain. A ce moment-là, l'écriture se teinte d'imaginaire et devient plus poétique.

La vie à Terralba, centrée autour des péripéties engendrées par le vicomte, prend un tournant lorsque celui-ci tombe amoureux de Paméla, une bergère bonne vivante pour qui les sentiments amoureux sont un constituant de la vie au même titre que les travaux agricoles ou que le repos dans le pré. Se marier avec la cruauté même ne semble pas être le gage d'un avenir réussi… Mais l'hésitation ne tarde pas à se faire sentir lorsque de plus en plus de villageois témoignent de ce fait incroyable : le vicomte se montre parfois bon. L'amour métamorphoserait-il notre homme ? Que non ! La réalité est encore plus fantastique : la deuxième moitié du vicomte, que tout le monde croyait disparue, est revenue à Terralba.

Le récit prend une tournure symbolique et met en scène l'affrontement de la force du bien contre celle du mal. La confrontation n'est pas immédiatement directe : elle se met en place à travers les répercussions des actes de chaque moitié sur la vie des villageois, qui pâtissent plus que jamais de cette cohabitation des deux moitiés dans un même lieu. Elle finira dans un affrontement concret qui se cristallise autour de la possession de Paméla.

Malgré l'interprétation symbolique évidente de cette confrontation, on ne peut pas dire que la lecture du Vicomte Pourfendu soit vraiment marquante. La forme du conte est en partie responsable du caractère anecdotique d'une intrigue pourtant originale et qui aurait pu donner lieu à des approfondissements plus intéressants. La singularité de l'écriture, à la fois cruelle et enchantée, truffée de passages burlesques qui prêtent à sourire, ne parvient pas à compenser la banalité d'une conclusion moralisante qui étonne surtout pas son évidence. Malgré le caractère anecdotique de l'intrigue, il n'empêche que la lecture du Vicomte Pourfendu laisse le souvenir d'un divertissement stimulant qui donne envie d'aller creuser plus loin dans l'oeuvre d'Italo Calvino.
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Je retrouve Italo Calvino que j’avais découvert dans les années 80. Je me souviens encore que des amis m’avaient offert Si par une nuit d’hiver un voyageur, roman étonnant ! J’ai lu ensuite Cosmicomics. Ce n’est que très récemment que j’ai eu envie de lire soit Les villes invisibles, soit l’un des romans de la Trilogie « Nos ancêtres », à savoir Le vicomte pourfendu (1952), Le baron perché (1957) ou Le chevalier inexistant (1959). J’ai donc choisi de faire connaissance avec ce vicomte.

C'est l’histoire du vicomte Médard, qui va dès la page 22 se faire couper en deux par un boulet de canon. Son corps, ou ce qu’il en reste, un bras, une jambe, un demi-visage, une moitié d’homme, est soigné et rendu à la vie par des médecins enthousiasmés par un cas aussi rare. Mais lorsque le vicomte revient sur ses terres, en son château, plus que son apparence fragmentaire, c’est sa méchanceté sans fond qui frappe le plus son entourage. Ce qu’il inflige autour de lui est pire que ce qu’il a eu le temps de voir sur le champ de bataille, c’est peu dire.
Il peut arriver dans la vie de se sentir incomplet, notamment à l’adolescence, ou lorsque l’on se retrouve seul après un deuil ou une séparation, le vicomte Médard a, lui, vraiment perdu la moitié de lui-même au combat, et il ne reste que la mauvaise part. Ce qu’il va en faire, il vous faudra lire le livre pour le savoir !
L’histoire, narrée par le neveu tout jeune et innocent de Médard, est un tourbillon de péripéties menées de main de maître par Italo Calvino. La méchanceté immense incarnée par le vicomte, l’imagination et l’humour sans bornes de l’auteur, les nombreuses références à l’univers du conte, les surprises que révèle la fin du texte, tout m’a plu dans ce court roman, que je recommande à qui veut découvrir l’auteur italien.
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Premier conte de la trilogie. Notre narrateur retrouve son oncle revenant de guerre, enfin plutôt, la moitié de son oncle, fendu aux combats dans le sens de la longueur. Il a bien changé cet oncle devenu méchant. Jusqu'au jour où son autre moitié revient aussi, elle gentille. Quelle moitié fait l'homme ? Qui va l'emporter même pourrait-on imaginer ? Si tant est que l'une doive l'emporter : rien n'est tout blanc ni tout noir. La gentillesse peut aussi avoir ses excès. Notre célèbre auteur italien fait ici oeuvre fantastique originale et légère. Je me dis qu'il aurait pu aller plus loin, approfondir encore... Mais c'est un conte, dont le succès n'est plus à faire. Continuons la suite...
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D'Italo Calvino, j'avais apprécié le Baron perché, tant est si bien que j'en ai fait, dans Babelio, l'un des livres à emmener sur une île déserte.

J'avais déjà lu son Vicomte pourfendu que je n'avais pas inscrit dans ma bibliothèque, par oubli. L'erreur est corrigée.

Ce récit court est un joli conte philosophique qui amène à la réflexion sur le bien et le mal qui est en toute chose et notamment en chaque individu. Notre côté mauvais est défini par les valeurs de l'éducation reçue et par la société. Nous savons le définir et c'est en toute connaissance de cause que nous l'appliquons. Seul un mensonge envers nous rassure les pêcheurs que nous sommes. Mais le bien, la bonté, la gentillesse ne peut être que favorable prônent les religions notamment. du moins c'est ce que nous croyons. Ne disons nous pas que l'enfer est pavé de bonnes intentions. C'est ce que Calvino démontre dans ce conte.

Le monde ne serait pas meilleur si nous étions tous des gentils. le monde est un juste équilibre que nous devons trouver dans toutes les facettes qui nous composent. « En étant un homme entier, ni méchant, ni bon, il [le vicomte] [avait] l'expérience de l'une et de l'autre moitié […] aussi devait-il être sage [p.121] ». Ainsi conclut Calvino.
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Le Vicomte pourfendu est un conte philosophique que mon fils, en classe de seconde générale, doit lire pendant les vacances. Comme d'habitude, je n'ai pas pu m'empêcher de le lui piquer !
La lecture est facile malgré l'écriture soutenue et la richesse du vocabulaire.
Ce conte, original et farfelu, alterne horreur et comique. L'auteur a un humour noir très poussé. le récit est rempli d'ironie et de sous-entendus. Au début de l'histoire, le Vicomte Médard me fait penser à Candide découvrant l'horreur des champs de bataille.
Durant la guerre, Médard a été fendu par un boulet de canon, en un côté mauvais et un côté bon.
De retour à Terralba, chaque moitié du Vicomte prône à sa manière sa philosophie de la vie. L'une, le Mal en pourfendant les choses et les êtres vivants, l'autre le Bien aidant les blessés et les plus démunis. Mais lorsque le Mal et le Bien se rencontrent...c'est le désordre dans l' esprit des habitants !
Le passage sur les lépreux est excellent.
En résumé, le Vicomte pourfendu est un symbole de la double nature de l'être humain, tel le yin et le yang.
La jolie morale que l'on peut en tirer est que l'on a tous deux côtés, un bon et un mauvais, il faut les accepter, vivre avec et apprendre à les maîtriser en trouvant le juste milieu, l'équilibre...
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Un conte peu banal qui allie cynisme et humour avec le récit d'une bataille entre un chevalier génois et l'armée turque.
Après une blessure qui le pourfend en deux, le Vicomte de Terralba ne perd pas contenance et poursuit sa vie et ses rêves dans une ambiance Dr Jekyll et Mr Hyde tant ses deux parties sont à l'opposé l'une de l'autre.
Un homme tantôt drôle et sympathique , Tantôt cruel et vindicatif, qui laisse son entourage pantois .
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Le vicomte Médard de Terralba va combattre les Turcs en cette période de guerre sainte. Mais ce n'est qu'une moitié de lui qui revient du champ de bataille, une moitié mauvaise, qui coupe tout ce qu'elle voit en deux, qui essaie d'empoisonner son neveu en lui offrant un panier de champignons vénéneux, de se faire épouser par la belle Paméla en faisant pression sur ses parents influençables...
Heureusement, un jour , la bonne moitié revient: mais ce n'est pas forcément que du bon qu'elle amène.
Un conte amusant et plein d'inventions sur la notion de bien et de mal, facile à lire et léger.
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Je suis déçue par cette lecture. de part sa réputation, je m'attendais à une histoire rocambolesque. Mais que nenni.
Un conte philosophique sur la dualité entre le bien et le mal, et le fait que ce soit cette mixité qui définisse l'être humain.
L'écriture est plaisante et fluide, l'idée de départ est originale, mais pas assez fouillée, et la moralité est tellement prévisible.
Je me suis profondément ennuyée. Je n'ai adhéré ni au récit, ni aux personnages. Il m'aura fallut quatre jours pour finir cette courte histoire, dont trois à me décider d'en reprendre la lecture.
Je comprend malgré tout que ce livre soit abordé au lycée, ce sujet peut soulever bien des débats...
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Un plaisant conte sur le thème de la dualité du bien et du mal qui se cachent en chacun de nous, un moment divertissant...
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