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No Mercy tome 2 sur 2
EAN : 9781632156907
168 pages
Image Comics (14/06/2016)
5/5   1 notes
Résumé :
Lost in Central America after an accident, nine teens begin to find their way home... and into more trouble.
Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à No mercy 1 (épisodes 1 à 4) qu'il faut impérativement avoir lu avant, l'auteure ayant précisé que les 9 premiers épisodes forment l'équivalent d'une saison. Il comprend les épisodes 5 à 9, initialement parus en 2015/2016, réalisés par la même équipe que les précédents, à savoir Alex de Campi (scénario), Carla Speed McNeil (dessins et encrage) et Jen Manley Lee (mise en couleurs).

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- Épisodes 5 à 8 - Braulio (le frère de soeur Inès) a récupéré 3 des étudiants américains (Anthony Uluski, le sourd, Kira et Try) sur le lieu où ils avaient échoué après l'accident de leur bus. Juste au-dessus de cet endroit, Tiffani réussit à finir de gravir la paroi à pic et à accéder à la route depuis laquelle le car a basculé dans le vide. Deshawn, blessé, est arrêté à mi-hauteur n'ayant pas la force de terminer l'ascension. 2 voitures finissent par s'arrêter, et Tiffani se retrouve entourée par un groupe 5 individus malintentionnés. Travis et Gina continuent de progresser lentement dans ce désert rocheux en espérant atteindre une ville. Mais Gina se rend compte que la boussole de Travis est en toc et pas fiable. En outre elle perd connaissance du fait de ses blessures, laissant Travis complètement paniqué, incapable de prendre une initiative.

Chad et Charlene ont réussi à rallier la ville de Rio Blanco par leurs propres moyens et ils prennent une chambre dans un hôtel, puis contactent leurs parents à partir d'un cybercafé. le responsable du consulat local essaye de répondre aux demandes des parents, de centraliser les informations, de veiller à la santé des étudiants récupérés et de localiser les manquants, y compris en glissant quelques bakchichs au sein de la pègre dans cette région gangrénée par le trafic de drogue et les clans. D'ailleurs une famille essaye de localiser et de récupérer le chargement de poudre blanche qui voyageait dans le même bus que les étudiants.

Le lecteur curieux avait découvert un premier tome qui établissait clairement le point de départ : un autocar comprenant des locaux et un groupe d'étudiants américains (devant rentrer à l'université à la fin de l'été) chute dans un ravin. Les étudiants avaient survécu pour la plupart et avaient été amenés à se séparer, entre les blessés ne pouvant pas bouger, et 2 groupes étant chacun parti de son côté (sans pouvoir se mettre d'accord). Petit à petit, il avait découvert la dynamique du récit : ces étudiants ne forment pas un groupe soudé, chacun d'entre eux gère avec plus ou moins d'aisance une névrose, et la région n'est politiquement pas sûre. le retour vers la civilisation s'avère donc compliqué, et même compromis. Les dessins de Carla Speed McNeil (auteur complète de la série Finder) étaient parfois un peu naïfs, mais portaient bien la narration.

Comme dans le premier tome, Jenn Manley Lee accomplit un impressionnant travail de mise en couleurs pour les décors. Elles semblent avoir été appliquées sous une forme d'aquarelle simple, accentuant ainsi le volume de chaque forme, et donnant l'impression de rendre compte de la luminosité avec ses variations en fonction de l'orientation des surfaces. Pour les personnages et les vêtements, il s'agit majoritairement d'aplats d'une couleur unie, rehaussé par un ombrage partiel de la surface, ou par une teinte avoisinante, là encore sur une partie de la surface, ajoutant une forme de modelé.

En surface, les cases présentent donc une apparence réaliste et détaillée, grâce à la mise en couleurs. À la lecture de chaque page, le lecteur constate que la représentation de quelques visages peut être un peu fruste, sans que cela ne soit systématique. En particulier, les traits des visages sont simplifiés de manière significative, avec des expressions plus ou moins convaincantes en fonction des personnages et des séquences. Cela n'obère pas la sensation d'immersion, mais cela dénote parfois avec le reste d'une case. Carla Speed McNeil campe des personnages avec des morphologies normales et variées, sans exagération anatomique, ni pour les personnages de sexe masculin, ni pour les personnages de sexe féminin.

Les tenues vestimentaires sont variées et apportent des informations sur la personnalité de celui qui les porte, sans être exagérées. Les coiffures et les natures de cheveux (plus ou moins raides ou bouclés) participent également d'un large éventail, sans que la singularité ne devienne systématique. le langage corporel de chaque protagoniste est expressif et parlant, apportant des informations sur l'état d'esprit de chacun. En particulier le lecteur ressent la montée d'angoisse chez Tiffani quand elle se retrouve entourée par ces individus peu avenants. Il a le même mouvement de recul apeuré quand l'un d'eux tend la main vers elle.

La dessinatrice fait exister le désert minéral avec conviction. le lecteur peut voir la roche ocre, ses reliefs, et la luminosité attestant de la force de l'astre solaire. le ruban d'asphalte en haut de la falaise est représenté avec un degré de simplification tel qu'il en devient factice et simpliste. Globalement, l'artiste arrive à convaincre le lecteur de l'existence de chaque endroit, qu'il s'agisse de la rue principale d'un village isolé, d'une route de terre en pleine forêt, de constructions à 1 étage, ou de simples huttes en bois, voire de tentes. le lecteur peut donc partager les émotions des personnages, allant du soulagement pour ceux qui retrouvent la civilisation, à la peur de ceux qui se retrouvent dans un campement en pleine forêt, en passant par les bouffées de colère face au comportement cavalier voire agressif de certains autochtones.

Les dessins de Carla Speed McNeil (complétés par les couleurs de Jenn Manley Lee) transcrivent une large gamme d'émotions sur la base des lieux et des comportements survenant au cours de l'intrigue. Pourtant le lecteur est sur ses gardes car il se souvient que les auteures ont indiqué que le récit est à ranger dans le genre thriller, suspense, voir angoisse. Ces étudiants sont livrés à eux-mêmes, coupés du soutien de leurs parents, de la sécurité procurée par leur carte de crédit et leur téléphone portable (qui n'a plus de batterie), ne parlant pas la langue du pays (l'espagnol), au milieu d'une société nettement moins démocratique que les États-Unis, dont une partie de la population se livre au trafic de drogue, sous l'égide de différentes familles.

Le scénario maintient un haut niveau de suspense car le lecteur ne peut pas anticiper quelle situation va empirer, quelle autre va aller en s'améliorant, et même si ces évolutions sont bien ce qu'elles semblent être (bonne ou mauvaise). Par exemple, le lecteur se réjouit de voir que Tiffani a atteint la route en lacet, mais il déchante tout de suite en voyant les individus descendre de voiture. En outre, les jeunes gens concernés ont eux-mêmes des réactions imprévisibles, qu'il s'agisse de celui dont la coolitude n'est que façade savamment cultivée, ou celui qui accompagne sans hésitation un trio en goguette prêt à expérimenter avec des champignons psilocybes (ça ne peut pas bien se passer).

Alex de Campi sait faire apparaître, avec une sensibilité respectueuse, les névroses de chaque jeune adulte, sans pour autant condamner leur comportement. Elle montre les manifestations du manque de confiance en soi, du manque d'estime de soi, des efforts pour paraître en société, de l'angoisse de devoir être adulte et autonome, sans plus bénéficier du soutien de maman et papa. Cette dimension ressort quand le jeune adulte est livré à lui-même, et par contraste quand l'un d'entre eux retrouve la sécurité (toute relative) de la protection parentale.

En plus de cette dimension psychologique prêtant à des comportements non maîtrisés, la scénariste intègre de manière naturelle les usages des nouvelles technologies de l'information. Il y a bien sûr le désarroi des individus ayant perdu leur portable, ou dont la batterie est à zéro, mais aussi la force d'une connexion internet retrouvée. Il ne s'agit pas seulement de rétablir le lien avec un parent ou un ami, une connexion permet également de déclencher des mesures d'aide, de géolocaliser les personnes, de donner des conseils. Elle permet aussi d'envoyer des photographies (pas forcément flatteuses), et visionner des vidéos pas forcément consenties, renforçant le thème du paraître et du qu'en-dira-t-on.

Ces 4 épisodes forment une deuxième moitié de récit montrant que les créatrices ont conçu un point de départ accrocheur et prometteur dont elles savent tirer parti en jouant sur les nuances des différentes combinaisons possibles, entre passer de Charybde en Scylla, ou au contraire retrouver une civilisation salvatrice. Les quelques fluctuations dans la qualité des dessins sont compensées par la qualité du travail de mise en couleurs, ainsi que par le maintien à l'écart d'une narration trop virile ou trop testostéronée. 5 étoiles.

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- Épisode 9 - En fait Charlene (l'une des étudiantes) a déjà effectué un séjour au Mataguey, (pays fictif d'Amérique Centrale) mais dans des circonstances très différentes. Ses parents l'avaient placée dans un centre de traitement résidentiel pour adolescents (dirigé par un dénommé Fred Mueller).

En commençant cet épisode, le lecteur prend conscience qu'il s'est déjà attaché au personnage de Charlene, et à ses différences comportementales. Il est donc dans des dispositions favorables pour découvrir ce pan de son histoire personnelle. En outre, ce séjour a une incidence directe sur le récit au temps présent. Au fur et à mesure qu'il progresse dans l'épisode, il se rend compte à quel point les dessins de Carla Speed McNeil portent la sensibilité de l'artiste, dans ses nuances, et à quel point ce récit repose sur la justesse de cette sensibilité. Alex de Campi évite également la surenchère dans les mauvais traitements, en mettant en lumière surtout un processus pour réintégrer des adolescentes particulières (chacune à leur manière) dans la normalité de la société, pour les faire se conformer aux contraintes sociales du milieu de leur parent.

Le lecteur est à la fois préparé à ces épreuves psychologiques, et à la fois touché par les sentiments mis en jeu, et les valeurs sociales correspondantes. Les auteures réussissent à rester dans les conventions d'un récit de genre, tout en préservant l'intégrité et la force de leur point de vue sur les méthodes de tels établissements.
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