-Il y a des êtres qui justifient le monde, qui aident à vivre par leur seule présence.
-Oui, et ils meurent
Et il connut ainsi que la guerre n’est pas bonne, puisque vaincre un homme est aussi amer que d’en être vaincu (chapitre 6 bis - page 146).
Et il connu ainsi que la guerre n'est pas bonne, puisque vaincre un homme est aussi amer que d'en être vaincu.
On honore les hommes qui ont fait de grandes choses. Mais on devrait faire plus encore pour certains qui, malgré ce qu'ils étaient, ont su se retenir de commettre les plus grands forfaits.
La misère est une forteresse sans pont-levis.
Le travail dans ce quartier n'était pas une vertu, mais une nécessité qui, pour faire vivre, conduisait à la mort.
Dans les autres classes, on leur apprenait sans doute beaucoup de choses, mais un peu comme on gave les oies. On leur présentait une nourriture toute faite en les priant de vouloir bien l'avaler. Dans la classe de M. Germain, pour la première fois ils sentaient qu'ils existaient et qu'ils étaient l'objet de la plus haute considération : on les jugeait dignes de découvrir le monde.
Elle tenait son tablier d'une main, et essuyait ses yeux. "j'ai oublié...vous m'avez dit que vous donneriez des cours supplémentaires à Jacques. - Bien sur, dit M. Bernard. Et il ne va pas s'amuser croyez-moi. - Mais nous ne pourrons pas vous payer." M. Bernard la regardait attentivement. Il tenait Jacques par les épaules. "Ne vous en faites pas", et il secouait jacques, "il m'a déjà payé".
Mais le hasard n'est pas le plus mauvais aux choses de la culture, et, dévorant tout pêle-mêle, les deux goinfres avalaient le meilleur en même temps que le pire, sans se soucier d'ailleurs de rien, et ne retenant à peu près rien en effet, qu'une étrange et puissante émotion qui, à travers les semaines, les mois et les années, faisait naître et grandir en eux tout un univers d'images et de souvenirs irréductibles à la réalité où ils vivaient tous les jours, mais certainement moins présents pour ces instants ardents qui vivaient leurs rêves aussi violemment que leur vie.
[...]Il se tenait contre le flanc de son maître, respirant une dernière fois l'odeur d' eau de Cologne, collé contre la tiédeur chaleureuse de ce corps solide, et la grand-mère rayonnait devant les voisines. " Merci, Monsieur Bernard, merci ", disait-elle pendant que monsieur Bernard caressait la tête de l'enfant. Image0
Tu n'as plus besoin de moi, disait-il, tu auras des maîtres plus savants. Mais tu sais où je suis, viens me voir si tu as besoin que je t'aide. " Il partait et Jacques restait seul, perdu au milieu de ces femmes, puis il se précipitait à la fenêtre, regardant son maître qui le saluait une dernière fois et qui le laissait désormais seul, et, au lieu de la joie du succès, une immense peine d'enfant lui tordait le cœur, comme s'il savait d'avance qu'il venait par ce succès d'être arraché au monde innocent et chaleureux des pauvres, monde refermé sur lui-même comme une île dans la société mais où la misère tient lieu de famille et de solidarité, pour être jeté dans un monde inconnu, qui n'était pas le sien, où il ne pouvait croire que les maîtres fussent plus savants que celui-là dont le cœur savait tout, et il devrait désormais apprendre, comprendre sans aide, devenir un homme enfin sans le secours du seul homme qui lui avait porté secours, grandir et s'élever seul enfin, au prix le plus cher.[...]