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Citations sur Le Premier Homme (248)

[...] intelligente et supérieure à tant d’égards, peut-être justement parce qu’elle était vraiment intelligente et supérieure, elle refusait le monde tel qu’il était.
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Mais les traditions familiales n’ont souvent pas de fondement plus solide, et les ethnologues me font bien rire qui cherchent la raison de tant de rites mystérieux. Le vrai mystère, dans beaucoup de cas, c’est qu’il n’y a pas de raison du tout.
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Victoir Malan, qui avait fait toute sa carrière dans l’administration des douanes, avait pris sa retraite dans cette petite ville, qu’il n’avait pas choisie, mais dont il justifiait le choix après coup, en disant que rien ne venait le distraire de la méditation solitaire, ni l’excès de beauté, ni l’excès de laideur, ni la solitude elle-même. L’administration des choses et la direction des hommes lui avaient beaucoup appris, mais d’abord, apparemment, qu’on savait peu de choses.
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Et il le précéda vers les premières rangées de tombes, les unes modestes, les autres prétentieuses et laides, toutes couvertes de ce bric-à-brac de marbre et de perles qui déshonorerait n’importe quel lieu du monde.
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Les manuels étaient toujours ceux qui étaient en usage dans la métropole. Et ces enfants qui ne connaissaient que le sirocco, la poussière, les averses prodigieuses et brèves, le sable des plages et la mer en flammes sous le soleil, lisaient avec application, faisant sonner les virgules et les points, des récits pour eux mythiques où des enfants à bonnet et cache-nez de laine, les pieds chaussés de sabots, rentraient chez eux dans le froid glacé en traînant des fagots sur des chemins couverts de neige, jusqu'à ce qu'ils aperçoivent le toit enneigé de la maison où la cheminée qui fumait leur faisait savoir que la soupe aux pois cuisait dans l'âtre. Pour Jacques, ces récits étaient l'exotisme même. Il en rêvait, peuplait ses rédactions de descriptions d'un monde qu'il n'avait jamais vu, et ne cessait de questionner sa grand-mère sur une chute de neige qui avait eu lieu pendant une heure vingt ans auparavant sur la région d'Alger. Ces récits faisaient partie pour lui de la puissante poésie de l'école, qui s'alimentait aussi de l'odeur de vernis des règles et des plumiers, de la saveur délicieuse de la bretelle de son cartable qu'il mâchouillait longuement en peinant sur son travail, de l'odeur amère et rêche de l'encre violette, surtout lorsque son tour était venu d'emplir les encriers avec une énorme bouteille sombre dans le bouchon duquel un tube de verre coudé était enfoncé, et Jacques reniflait avec bonheur l'orifice du tube, du doux contact des pages lisses et glacées de certains livres, d'où montait aussi une bonne odeur d'imprimerie et de colle, et, les jours de pluie enfin, de cette odeur de laine mouillée qui montait des cabans de laine au fond de la salle et qui était comme la préfiguration de cet univers édénique où les enfants en sabots et en bonnet de laine couraient à travers la neige vers la maison chaude."
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Les manuels étaient toujours ceux qui étaient en usage dans la métropole. Et ces enfants qui ne connaissaient que le sirocco, la poussière, les averses prodigieuses et brèves, le sable des plages et la mer en flammes sous le soleil, lisaient avec application, faisant sonner les virgules et les points, des récits pour eux mythiques où des enfants à bonnet et cache-nez de laine, les pieds chaussés de sabots, rentraient chez eux dans le froid glacé en traînant des fagots sur des chemins couverts de neige, jusqu’à ce qu’ils aperçoivent le toit enneigé de la maison où la cheminée qui fumait leur faisait savoir que la soupe aux pois cuisait dans l’âtre.
Pour Jacques, ces récits étaient l’exotisme même.
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Et lui qui avait voulu échapper au pays sans nom, à la foule et à une famille sans nom, mais en qui quelqu’un obstinément n’avait cessé de réclamer l’obscurité et l’anonymat[…] cheminant dans la nuit sur la terre de l’oubli où chacun était le premier homme, où lui-même avait du s’élever seul, sans père […] t il lui avait fallu apprendre seul, grandir seul, en force, en puissance, trouver seul sa morale et sa vérité, à naître enfin comme un homme pour ensuite naître aux autres, aux femmes, comme tous les hommes nés dans ce pays et qui, un par un, essayaient d’apprendre à vivre sans racines et sans foi et qui tous ensemble aujourd’hui où ils risquaient l’anonymat définitif et la perte des seules traces sacrées de leur passage sur cette terre, les dalles illisibles que la nuit avait maintenant recouvertes dans le cimetière, devaient apprendre à naître aux autres, à l’immense cohue des conquérants maintenant évincés qui les avaient précédés sur cette terre et dont ils devaient reconnaître la fraternité de race et de destin. – page 180 et 181
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Dans certaines circonstances, un homme doit tout se permettre et tout détruire. Mais Comery avait crié comme pris de folie furieuse : “Non, un homme ça s’empêche. Voilà ce que c’est un homme, ou sinon…”. Et puis il s’était calmé. “Moi, avait-il dit, d’une voix sourde, je suis pauvre, je sors de l’orphelinat, on me met cet habit, on me traîne à la guerre, mais je m’empêche.” - page 66
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