Mais qu'est-ce que le bonheur sinon le simple accord entre un être et l'existence qu'il mène ?
Il y a seulement de la malchance à n’être pas aimé : il y a du malheur à ne point aimer.
Au printemps, Tipasa est habitée par les dieux et les dieux parlent dans le soleil et l'odeur des absinthes, la mer cuirassée d'argent, le ciel bleu écru, les ruines couvertes de fleurs et la lumière à gros bouillons dans les amas de pierre.
Qu'est ce que le bonheur sinon le simple accord entre un être et l'existence qu'il mène? Et quel accord plus légitime peut unir l'homme à la vie sinon la double conscience de son désir de durée et son destin de mort? On y apprend du moins à ne compter sur rien et à considérer le présent comme la seule vérité qui nous soit donnée par "surcroît".
Il y a un temps pour vivre et un temps pour créer, ce qui est moins naturel. Il me suffit de vivre de tout mon corps et de témoigner de tout mon cœur. Vivre Tipasia, témoigner et l’œuvre d'art viendra ensuite.
J'ai grandi dans la mer et la pauvreté m'a été fastueuse, puis j'ai perdu la mer, tous les luxes alors m'ont paru gris, la misère intolérable. Depuis, j'attends. J'attends les navires du retour, la maison des eaux, le jour limpide. Je patiente, je suis poli de toutes mes forces. On me voit passer dans de belles rues savantes, j'admire les paysages, j'applaudis comme tout le monde, je donne la main, ce n'est pas moi qui parle. On me loue, je rêve un peu, on m'offense, je m'étonne à peine. Puis j'oublie et souris à qui m'outrage, ou je salue trop courtoisement celui que j'aime. Que faire si je n'ai de mémoire que pour une seule image ? On me somme enfin de dire qui je suis. "Rien encore, rien encore..."
Tombés de la cîme du ciel, des îlots de soleil rebondissent brutalement sur la campagne autour de nous. Tout se tait devant ce fracas et le Lubéron, là-bas, n’est qu’un énorme bloc de silence que j’écoute sans répit. Je tends l’oreille, on court vers moi dans le lointain, des amis invisibles m’appellent, ma joie grandit, la même qu’il y a des années.
De nouveau une égnime heureuse m’aide à tout comprendre.
L'été
La rivière et le fleuve passent, la mer passe et demeure.
C’est ainsi qu’il faudrait aimer ; fidèle et fugitif.
J’épouse la mer
La démesure est un incendie , selon Héraclite .L 'incendie gagne ,Nietzsche est dépassé .Ce n'est plus à coups de marteau que l 'Europe philosophe , mais à coups de de canon .
Ce n'est pas souvent qu'un homme se sent le cœur pur. Mais du moins à ce moment, son devoir est d'appeler vérité ce qui l'a si singulièrement purifié, même si cette vérité peut à d'autres sembler un blasphème.