J'ai pris la main d'Amanda comme je touchais jadis la peau de Matthew et comme je touche maintenant la joue humide de son fils. Les machines ne sentent rien, pense-t-on généralement. Les âmes ne possèdent aucune chimie, et le temps ne finit jamais. Notre peau comprend quatre millions de récepteurs. Voilà tout ce que je sais. Je t'aime. Je te tiens. Tu me manques à jamais. Mysterium Tremendum. J'embrasse tes orteils.
L'effroi et l'émerveillement face à l'univers.
Il m'a dit que les larmes produites par les émotions sont d'une composition chimique différente de celle des larmes dont nous avons besoin aux fins de lubrification. Ainsi, a-t-il expliqué, mes honteux petits mouchoirs contenaient maintenant une hormone participant au processus de satisfaction sexuelle, et une autre qui faisait diminuer le stress ; avec, enfin, un puissant anti-douleur naturel.
"Comment l'appelle-t-on ? ai-je demandé.
- La leucine encéphalique", a-t-il souri. J'en ai pris note.
Nous sommes arrogants dans notre ignorance.
Ce n'est pas parce qu'on est obsessionnel qu'on est fou, ai-je pensé.
"Il nous manque, à nous tous, ma chère. Pas comme à vous. Mais c'était mon ami. Depuis trente ans.
- Oui, je sais. Il vous adorait. Je suis désolée.
-Non, non. Pardonnez-moi."
Désolé, désolé, désolé. Comme on était anglais !
(...) sur un tableau de liège il y avait juste la photo d'un arbre dans Southwold et celle d'une rue déserte de Beccles, et la véritable signification des ces images n'était connue que de nous deux. Nous un.
J'ai pensé pendant des années que l'horlogerie devait calmer toutes les tempêtes qui grondent dans votre poitrine. Je le pensais, j'y croyais, je me trompais complètement.
Tout devenait à la fois plus vif et plus lointain. Comment Matthew était-il mort ? Comment avait-il `pu` mourir ?
J'ai foncé à mon atelier, j'ai tapé "Matthew Tindall" sur Google, et il n'y avait rien de nouveau sur lui. Mais dans ma boîte aux lettres un e-mail m'a mis du baume au cœur : il l'avait envoyé la veille à seize heures. « J'embrasse tes orteils. » Je l'ai marqué comme "non lu".
"Ce n'est pas parce qu'on est obsessionnel qu'on est fou [...]."