La maison qui marchait vers le large

Ce roman se passe à l'île Maurice, loin de tout lieu touristique et de tous les clichés (dans tous les sens du terme ...) !
L'histoire se déroule dans un quartier ancien de Port-Louis, devenu avec le temps de plus en plus pauvre, et habité à la fois par un vieil homme issu d'une famille de commerçants bourgeois progressivement ruinée et différents groupes de population (travailleurs plus ou moins pauvres, commerçants) qui s'y est installée par la suite. La narration nous emmène successivement dans la tête des différents protagonistes, et les événements (glissements de terrain suite à des pluies diluviennes - question d'actualité ... ?) nous apparaissent donc avec la subjectivité des uns et des autres, et les regards croisés des uns sur les autres. On y voit la grande pauvreté de ce quartier excentré où le tourisme de luxe n'est même pas entraperçu, la solidarité, les enjeux des différents groupes, un certain fonctionnement de la société et sa hiérarchie.
La langue de ce livre est très particulière, mêlée de créole, selon les personnages. Cela ralentit un peu la lecture par moments, mais donne un goût et un parfum supplémentaire au roman.
J'ai aimé ce roman pour le dépaysement qu'il procure, la vision "décalée" qu'il offre par rapport aux clichés d'un paradis du tourisme de masse (seule référence au tourisme = les paquebots dans le port .... pas un touriste en vue dans les pérégrinations des personnages), les personnages à la fois agaçants et attachants, tellement réels, la nature bien présente, la description que j'imagine réaliste de ce quartier ... je ne dirais pas que c'est un roman facile à lire, mais qu'il laisse des traces !