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EAN : 9782383611400
256 pages
Globe (01/09/2022)
3.67/5   40 notes
Résumé :
Riambel, Île Maurice. Derrière les plages de sable fin, c'est dans le bidonville qu'on appelle Africa Town que Noémie grandit. D'aussi loin qu'elle s'en souvienne, sa mère a toujours travaillé comme domestique dans l'une de ces maisons de l'autre côté de la route, au service d'une famille de Mauriciens blancs, les De Grandbourg.
Par une succession de vignettes, Priya Hein évoque une adolescence passée à la frontière entre deux mondes : celui des créoles du bi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Noémie vit à Riambel, dans un bidonville de la ville mauricienne, à une rue des maisons luxueuses des Blan, dont les DeGrandbourg, ceux pour qui sa mère travaille, et a toujours travaillé, comme domestique - Noémie viendra d'ailleurs l'aider en grandissant.

En séquences particulièrement brèves, l'autrice nous raconte la vie de l'enfant, puis de l'adolescente, enfin de l'adulte, dans les toutes dernières pages ; enfin, c'est plutôt Noémie elle-même qui se raconte, comme dans un journal intime. Ces séquences entremêlent quotidien doux-amer de sa protagoniste, de plus en plus doux malgré la misère et le racisme, jusqu'à la chute brutale vers l'amer le plus total dans les derniers chapitres, recettes de cuisine mauricienne, ou encore une double voix, l'une qui porte l'Histoire de ses ancêtres esclaves des champs de canne à sucre, l'autre qui est celle de Marie, son aînée, qui porte quant à elle l'Histoire du présent des descendants, à peine mieux lotis que les ancêtres - après tout, la mère est toujours domestique et considérée comme une esclave par ses patrons.

Un roman bref, mais intense, qui nous montre avec âpreté, sans pour autant être dénué d'une certaine beauté poétique dans la plume de Noémie, toute la réalité, qui nous paraît pourtant particulièrement anachronique, de l'Ile Maurice, où la domination blanche et le racisme ont encore de beaux jours devant eux.
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Tout ce que j'avais entendu de l'île Maurice était que c'était le pays de l'arc-en-ciel, de la multiculuralité, île ou se sont rejoints des population, des langues, des cultures et des religions d'Afrique, d'Asie et d'Europe. Par anticipation, j'avais supposé que ce beau monde vivait en harmonie.
Dans ce court roman percutant, il n'en est rien.
Priya Hein, Mauricienne installée en Europe depuis plusieurs décennies, revient sur son pays d'enfance à travers le portrait de Noémie, une jeune adolescente d'un village de pêcheurs, Riambel. Plus précisément, elle vit dans une cité, un "Kan kreol", un bidonville, un ghetto, comme vous voulez.
A deux pas de la cité, des résidences hôtelières, des boutiques touristiques, et surtout le "château", ancienne demeure colonialiste où plusieurs générations d'esclaves ont travaillé et engendré des bâtards, et où travaille aujourd'hui la mère de Noémie comme domestique.
Le vilage, son château, son église et ses plages reproduisent la ségrégation silencieuse, le racisme et un post esclavagisme à peine déguisé où les brimades sont communes.
Noémie en est plus que consciente mais à appris à se comporter comme il lui est demandé: baisser les yeux, ne pas se faire remarquer, malgré la révolte qui bouillonne en elle.
Le roman est composé de courts textes, parfois des poèmes, parfois des injonctions. Les premières pages - la relation de Noémie et de sa soeur au lagon, vital pour elles tout autant que l'air - sont magnifiques de beauté. Par la suite, j'ai moins adhéré à l'écriture parfois trop dans un pathos que j'ai trouvé maladroit.
Il a fallu, tout au long de cette lecture - qui reste courte - revoir mes préjugés sur cette île et accepter que ce néo-colonialisme, avec toute sa violence, existe encore bel et bien là où je ne l'avais pas soupçonné.
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Noemi, vit et grandit dans le bidonville d'Africa Town, juste en face des maisons des riches blancs. Un monde radicalement différent du sien mais familier pour ses ancêtres. Elle vient parfois aider sa mère qui travaille pour la famille de Grandbourg. C'est là qu'elle va se faire envouter par une paire d'yeux verts. Une histoire qui se répète pour des générations de femmes noires et créoles.

L'ile Maurice est souvent présentée comme un exemple en matière de paix et de cohabitation interethnique harmonieuse.
Priya Hein nous décrit une autre société, conservatrice et patriarcale, dans laquelle existe encore une hiérarchie raciale héritée du colonialisme et de l'esclavage. Un système qui a traversé les années et s'est montré tellement tenace qu'il a fini par s'installer dans les moeurs.
Une réalité mauricienne qui semble impossible, ou presque, de changer.

Par petites touches, avec pudeur, presque sans colère, Priya Hein nous raconte Maurice et son histoire. Une protestation poétique contre les structures de classes et d'ethnies qui existent depuis si longtemps.

Traduit par l'autrice et Haddiyyah Tegally
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Ne vous fiez pas aux couleurs chatoyantes de cette couverture.

Fixez plutôt votre oeil sur ces deux profils, face à face, sombres…

Noémie a 15 ans et vit à Riambel, une ville de l'Ile Maurice.

Elle habite du côté de la rue où les conditions sont rudes, où les métisses et les noirs enchaînent les difficultés. Ce sont des descendants d'esclaves qui, libérés de leurs chaînes, sont toujours coincés entre racisme et pauvreté.

De l'autre côté de la rue, les maisons des blancs.

Une rue qui sépare deux mondes différents.

Noémie aide sa mère dans son travail mais va franchir la ligne qui sépare deux mondes. Une erreur sans conséquence d'un côté de la rue mais fatale pour Noémie.

Ce roman, aux éditions Globe, est très réussi. L'autrice nous montre comment l'esclavage, aboli, continue d'influencer la vie des habitants de l'île Maurice, comment au final l'exploitation et le racisme sont toujours présents.

Malgré les livres, malgré les professeurs, malgré la mer, le destin de Noémie semble tracé, sans espoir d'une vie meilleure.

L'écriture est très belle, en retenue, alternant les époques. Les chapitres sont courts et sont autant de vignettes permettant de mieux comprendre la vie des mauriciens maintenant et avant.

J'ai trouvé le tout très poétique et très beau. L'autrice ne raconte pas tout, elle laisse des blancs, aérant le récit entre des recettes de cuisine ou des poèmes. J'ai été embarquée dans cette histoire du début à la fin.

Encore une réussite à saluer aux éditions Globe.
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Un livre remarqué par JMG le Clezio et Ananda Devi!!

Noémie vit son adolescence entre deux mondes: le sien, créole d'un bidonville mauricien et celui des blancs: "les maîtres" chez qui elle et sa mère sont domestiques, bien proche de l'esclavage. Elle sera victime du vieux maître. Sa soeur aînée, victime également se droguera jusqu'à la mort par overdose. Deux blancs sont sympathiques et ne considèrent pas les créoles comme du bétail.
Un des jeunes blancs va en apparence se comporter correctement mais il séduira Noémie avant de repartir en Australie, lui laissant un bébé à naître. Elle ne peut le garder.
Elle apprend le futur mariage de celui qu'elle aimait.
Comme l'écrit notre Nobel "tout l'art de ce roman est dans le sentiment de pudeur mêlé d'indignation" Ananda Devi parle d'une lecture essentielle sur l'héritage dévastateur de l'esclavage et ajoute que ce roman est écrit dans la plus belle prose qui soit.
Je souscris à ces prestigieux avis.

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critiques presse (1)
RadioFranceInternationale
17 octobre 2022
C’est au lent fracassement du rêve de Noémie que nous assistons dans les pages de Riambel. L’auteure se montre particulièrement habile pour raconter la dérive, la fuite en avant.
Lire la critique sur le site : RadioFranceInternationale
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Je me retourne pour voir une dernière fois le château du domaine des eux. je sens son lourd passé peser sur mes maigres épaules, m’oppressant. Je commence à le voir sous une lumière différente – beaucoup plus sombre que celle des histoires embellies vendues aux touristes crédules. Je me demande si certains de mes arrière-arrière-grands-parents travaillaient ici. S’il reste des traces de leur vie en dehors du bâtiments et de ma propre existence. Leurs vies et leurs âmes n’ont-elles pas été volées afin de construire ce site colonial grandiose ?
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J’ai développé une relation spéciale avec notre océan Indien. bercée jusqu’à l’endormissement par ses vagues. Enveloppée dans sa grande couverture bleue. Je suis une créature de l’océan. Sa fluidité ma définit. La mer coule dans mes veine. Palpitante. Elle me maintient en vie. Saine d’esprit.
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"Tout l’art de ce roman est dans le sentiment de pudeur mêlé d’indignation" - J.M.G Le Clézio prix Nobel de littérature
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