Citations sur Le roman de Molly N. (8)
Elle a jeté de l'acide tout autour d'elle, un océan aussi grand que le Pacifique, et tous ses projets vont s'y dissoudre.
Février 2015 :
Je ,m'appelle Molly Norris.
Je me cache depuis cinq ans.
J'écris pour ne pas devenir folle.
J'écris pour me taire.
J'écris pour rester invisible.
J'écris parce que je suis seule.
J'écris parce que je ne suis plus jamais seule.
J'écris parce que, là, cette nuit, à coté de moi, une femme dort dans la chambre, la main posée sur son flingue, prête à dégainer au moindre bruit.
J'écris parce que ce que je redoutais s'est produit ici ; en France, à Paris, dans le 11e arrondissement.
J'écris parce que chaque cellule de mon corps, de mon cerveau, est infiltrée par la trouille.
J'écris parce qu'ils sont là. D'une certaine façon, ils sont là, au pied de l'immeuble, dans ma chambre, dans ma tête, depuis cinq ans.
J'écris parce que, il y a cinq ans, un jour de printemps, l'année de la mort de Molly, j'ai commis le dessin le plus niais et le plus dangereux que j'aie jamais réalisé.
Et, de là où je suis, dont personne ne saura rien, j'écris - sur un ordinateur protégé - avant de refaire mes valises, pour la dix-huitième fois, si ma mémoire est bonne.
Je m'appelle Molly N., et je suis une âme errante.
Choisis toutes les formes, tous les temples, toutes les cérémonies que tu veux pour t'approcher de Dieu.
Mais que les unes et les autres ne soient pas prétextes à des querelles.
Les querelles ne te conduiront pas vers Dieu, elles te feront régresser vers l'état de sauvagerie.
Quand au FBI, il a si bien "nettoyé" le profil de Molly que, outre l’affaire des caricatures, il ne reste vraiment rien. Un contour, des photographies, quelques dessins, et une seule certitude : une femme menacée de mort respire quelque part.
« Vivre, conclut le chercheur, non sans lyrisme, c’est avoir réussi, pendant un temps, à ne pas déclencher son autodestruction. »
Je m’appelle Molly N., et je suis une âme errante.
Chaque fantôme choisit son créateur, le hameçonne, le taraude, clins d’œil, chiquenaudes, petites tapes sur l’épaule - ce que nous, nous pensons être des indices -, puis l’habite. Obstiné, il ne le lâchera pas, conscient du fait que sa seule sépulture, c’est l’écriture. Il n’aura la paix, dans sa course blanche, que le jour où il pourra se réfugier entre les quatre murs d’un livre.
Elle a apprit récemment que les Japonais, ces princes de la délicatesse, avaient un mot pour ce délicieux sentiment de sécurité que procuraient les milliers de livres : le tsundoku.