Le roman de Molly N.

Ce roman est inspiré d'une histoire vraie. Dès le prologue, on est happés par cette histoire si mystérieuse. On a une alternance entre l'histoire de Molly et celle de l'auteure sur les traces de celle-ci. C'est l'histoire d'une descente aux enfers, celle de Molly mais aussi les recherches d'une auteure et journaliste qui va en découvrir plus qu'elle ne le croît... Peut-on refaire sa vie ailleurs, faire table rase du passé? Il est vraiment frustrant de ne pas savoir où est actuellement Molly ou ce qu'elle est devenue mais je suis ravie de l'histoire fournie par l'auteure qui est vraiment réaliste. La liberté d'expression est un vaste thème mais si important. Peut-on parler de tout sous couvert d'humour? Sophie Carquain rend un bel hommage aux artistes quels qu'ils soient et montre que la liberté sous toutes ses formes peut être utopiste. (...)

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Avril 2010. Il suffit parfois d'un rien pour qu'une vie bascule à jamais. D'un dessin par exemple. Molly Norris en sait quelque chose. En ce mois d'avril, cette journaliste et caricaturiste de Seattle découvre avec effarement que les créateurs de South Park sont menacés de mort par les terroristes islamistes. Leur crime? Avoir déguisé le prophète Mahomet en ours dans l'un de leurs épisodes. Molly et sa fille, Grace, âgée de quinze ans, s'insurgent; la liberté d'expression est en danger. Révoltée, Molly décide alors d'envoyer un message à plusieurs blogueurs avec ce qu'elle pense être un joli pied de nez: et si chacun dessinait le prophète à sa convenance? le concours de caricatures aurait lieu le 20 mai. Cette blague devient malheureusement très sérieuse et virale. Une page Facebook est créée, les blogueurs trouvent l'idée géniale et relayent l'information à tout-va. En quelques jours, des milliers, des millions de vues. le visage de Molly est exposé partout. Elle devient autant adulée que haïe.

Est-elle un génie d'avoir voulu défendre la liberté d'expression ou est-elle totalement inconsciente d'avoir voulu lancer ce concours de caricatures? Une fatwa est déclarée. Molly a signé son arrêt de mort. Son nom apparaît sur la liste des personnalités à abattre. Un matin de juillet 2010, Molly reçoit un appel. le FBI lui annonce qu'elle fait partie du projet Wispect, normalement destiné aux témoins de meurtres. Elle doit disparaître. C'est ça ou la mort. Mais cette disparition n'est-elle pas elle aussi une forme de mort? Molly Norris est morte. La jeune femme doit prendre une nouvelle identité, vivre dans un nouveau lieu, tout effacer de sa vie. Un fantôme toujours vivant que Sophie Carquain dépeint dans cet ouvrage.

7 janvier 2015. Les attentats. Charlie Hebdo. Sophie Carquain est à son bureau lorsqu'elle découvre la tuerie du journal satirique. Peu de temps après, CNN publie un article avec la photo de Molly Norris et relate l'affaire des caricatures. Aimantée par la photo de cette jeune femme, l'auteure décide de se documenter sur elle. Dès lors, Molly s' impose à elle comme une évidence. Un besoin même: Sophie doit écrire sur Molly. L'idée du roman est née. Il faudra quatre années à l'auteure pour achever ce roman. le fantôme de Molly est tenace et ne la lâche pas.

Ce roman inspiré de cette histoire vraie compte trois parties. Une première qui se base sur les faits réels; les prémices de l'affaire de la caricature, les menaces, la disparition de Molly. Les deux suivantes sont romancées. Sophie Carquain imagine où Molly pourrait se trouver et quelle serait sa nouvelle vie.

Dès les premières pages, je me suis posée de nombreuses questions, que j'ai d'ailleurs posées à l'auteure. L'auteure a-t-elle imaginé Molly à Paris car elle était certaine qu'elle n'y était pas? Sait-elle où elle est? Comment prend-on la décision d'écrire un roman sur une personne qui doit rester cachée? En écrivant ce roman, allait-elle la mettre en danger?

On suit d'ailleurs avec intérêt son cheminement personnel et ses réflexions. L'auteure se pose des questions (que l'on se pose aussi), doute et explique ses choix concernant l'écriture, le sujet. Avec franchise, ce que j'ai beaucoup aimé et une certaine neutralité. Elle n'émet d'ailleurs aucun jugement, ne dénonce pas, n'encense pas. Une parfaite alliance de l'audace et de la pudeur. Elle relate également sa rencontre avec une officier de sécurité chargée de protéger des personnalités menacées et remonte le fil des attentats de 2009 jusqu'à novembre 2015. Édifiant.

Ce roman bouleverse, terrifie, questionne. Je ne connaissais pas du tout Molly Norris. Mais comme Sophie Carquain, j'ai été aimantée, absorbée par cette histoire. Ce roman sort du lot, ne ressemble à rien de ce que j'ai pu déjà lire. Il est à la fois tellement original dans son sujet et sa construction et tellement glaçant. Sophie Carquain a parfaitement réussi à romancer cette histoire et à me captiver.

Je conseille?

C'était très difficile d'écrire une chronique sur un roman tel que celui-ci. Allais-je réussir à transcrire ce que j'ai ressenti en le lisant? J'avais tellement de choses à dire et en même temps je ne savais pas si ce que je pouvais écrire allait être assez fort pour décrire le festival d'émotions et de sentiments que j'ai ressenti. Quels mots utiliser pour décrire cette histoire de Molly N. ? OVNI? Claque? Ce roman n'a pas son pareil. Il est puissant, bouleversant, captivant, glaçant. Sophie Carquain a su parfaitement franchir la frontière perméable du réel et de la fiction. Ce roman rend hommage à ceux qui défendent la liberté d'expression et qui sont menacés. « le roman de Molly N. » est une magnifique ode à la liberté. Et une vraie pépite! Une chose est certaine, il ne vous laissera pas indifférent.
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De mes dix années passées à Paris, dans cette décennie qui vient à peine de s'écouler, j'ai subi deux traumatismes, qui ont marqué au fer rouge mon âme et mon coeur – comme tout à chacun me direz vous. le premier, les attentats de Charlie Hebdo. L'incompréhension, tout d'abord. L'effarement par la suite. La peur pour finir. Qui s'est estompée peu à peu, sans véritablement s'en aller. Nous étions devenus Charlie. le second, le 13 Novembre. Choc sismique. La peur refaisant surface à chaque regard, chaque bruit, chaque pas dans la rue. La peur de vivre chevillée au corps. En un mot la terreur.

La liberté d'expression, la liberté de vivre comme bon nous semble. C'est ainsi qu'il y a dix ans la caricaturiste Molly Norris s'est insurgée pour la liberté des ses pairs, au travers d'un de ses dessins, qui a été relayé dans le monde, via les réseaux sociaux. Ils sont fabuleux autant que dangereux. Et c'est dans ce second cas que la jeune femme s'est vue dépossédée de son dessin et de son humour, qui a été relayée voire déformée pour transmettre des messages bien moins consensuels. Et que sa vie a basculée. Sophie Carquain revient sur ces quelques semaines d'une vie somme toute normale qui a basculé dans la clandestinité la plus totale, dans le roman de Molly N.: « Pour ses amis et sa famille, Molly N. a disparu en septembre 2010. Plus aucun signe d'elle. Menacée de mort par une fatwa suite à un concours de caricatures du prophète Mahomet, la cartoonist de Seattle a dû intégrer le programme de protection de témoins du FBI, changer de ville, de nom, d'identité. Comment renaître à l'autre bout du monde ? Comment vivre sous haute protection ? Cela fera bientôt dix ans qu'elle a disparu. Fascinée par cette histoire, dont elle entend parler le 7 janvier 2015, jour de l'attentat contre Charlie Hebdo, Sophie Carquain décide d'en faire un roman.«

Le roman de Molly N. a cela d'intéressant qu'il est une oeuvre fictive et non un témoignage. Basée sur la disparition d'une femme il y a 10 ans, dont on ne sait si elle vit encore ou non. Dont on se demande comment elle peut vivre – ou survivre – en ayant renoncer à celle qu'elle était. Pour simplement jouir de cette vie qui est sienne, mais qu'elle ne peut plus réellement vivre comme tel.

Comment peut on perdre le contrôle de ce qui nous définit sans se perdre soi même ? Comment apprend on a vivre dans la terreur quand son ombre devient un agent armé et que tout lien d'amitité naissante peut se muer en menace potentielle ? Comment fait on le deuil d'une personne vivante, celle que nous étions dans une vie antérieure ?

Sophie Carquain essaie de répondre à ses questions avec un postulat de journaliste, factuel et sans pathos. Mettant en parallèles les attentats terroristes qui ont défigurées Paris en perspective de la vie (fantasmée) de Molly. En outre, l'alternance de la vie de Molly et du journal de Sophie nous plonge dans un monde nébuleux, dont la frontière entre la vérité et le romancé nous semble être plus que jamais poreux.

Cette lecture du roman de Molly N. m'a beaucoup fait réfléchir quant à cette liberté qui nous guide, mais qui peut nous consumer également, impunément et ce malgré nous. Car corrompu par l'irrespect et la méchanceté, qui gangrène ces réseaux dits sociaux, qui tendent à faire de nous des asociaux liberticides.

Bonne lecture à vous !

Molly Norris est caricaturiste. Elle vit à Seattle avec Grace, sa fille adolescente et son chien, Rachel. Un jour de 2010, Molly prend la décision de réagir face aux menaces faites aux créateurs du dessin animé South Park qui ont mis en scène Mahomet. Elle lance alors un concours de dessins représentants le Prophète. Mais très vite, elle réalise que les réactions la dépassent totalement. Victime de menaces puis d'une fatwa, elle doit se résoudre à accepter la protection du FBI et à entrer dans le programme de protection des témoins. Elle disparaît alors totalement de la vie de ses proches et de ses amis, changeant de nom, de métier, de pays.

Sophie Carquain s'empare de ce destin pour en faire un roman. Car bien évidemment, nous ne savons pas réellement où se trouve Molly et ce qui s'est passé depuis qu'elle a été “fantômisée” par le FBI. C'est donc à la fois à un travail d'imagination et à un travail journalistique et d'enquête que s'est livrée l'auteure pour nous raconter cette vie irrémédiablement changée.

Tout est crédible dans ce récit et on oublie parfois que ce n'est pas la vraie vie de Molly qui nous est racontée. Elle-même journaliste, Sophie Carquain ne pouvait être que passionnée par cette histoire qui lui a été révélée alors que la France était sous le choc de l'attentat meurtrier de Charlie Hebdo. C'est au cours de l'un des reportages qui défilent à la télévision que lui apparaît le visage de la dessinatrice et qu'elle apprend que celle-ci est sur une liste de personnes à abattre. Celle-là même où figurait le nom de Charb.

Sophie Carquain a rencontré, ou essayé de rencontrer, les amis de Molly pour obtenir des témoignages, mais aussi des gardes du corps pour comprendre le rôle de ces anges gardiens chargés de la sécurité des personnalités menacées. le récit est donc un mélange de faits réels et d'un travail d'imagination pour essayer de comprendre ce que peut ressentir quelqu'un qui se trouve totalement dépassé par un engagement qui lui paraissait juste et qui l'a conduit à vivre dans la crainte constante et la clandestinité.

On ressent ici parfaitement ce que peut être l'angoisse d'une personne dont la vie est menacée en permanence et qui doit rester sur le qui-vive pour ne pas risquer de dévoiler sa véritable identité. D'autant qu'à l'ère du numérique et des réseaux sociaux, cela relève d'une véritable gageure pour n'apparaître nulle part !

C'est aussi un très bel hommage rendu à ceux qui se battent pour la liberté d'expression, pour ceux qui l'ont payé de leur vie, pour ceux qui sont encore aujourd'hui menacés et qui ont choisi de vivre à visage découvert.

Ce livre est inspiré de la vie de la caricaturiste américaine, Molly Norris.
Depuis la bombe que son dessin à fait, en 2010, elle a dû se disparaitre.
Quitter ses proches, son animal et son pays où elle avait tous ses repères, c'est aussi une nouvelle vie, un nouveau travail et des nouveaux amis sur qui elle ne pourra pas trop se livrer.
L'auteur nous raconte son histoire avant, puis après sous sa fausse identité mais il y a aussi des enquêtes et des interviews très intéressantes avec sa protection rapproché.
On peut découvrir leurs nouvelles vies à toutes les trois dans leur nouveau foyer, Molly, sa fille et la personne chargée de leur protection 24h / 24h.
Il y a dans ce roman beaucoup de passages sur des actes de terrorismes que nous ne pourrons jamais oublier, des moments joyeux, tristes et des moments de paniques face à la découverte de leurs véritables identités. Il y a des moments très émouvants, des instants de complicités entre la mère et sa fille qui se comprennent de mieux en mieux avec le temps.
En me retrouvant dans ce roman avec Molly, j'ai pu ressentir la frayeur et la peur qui terrifient toutes ces personnes qui vivent dans le danger permanent.
La peur de perdre la vie où la vie d'un proche.
Juste parce qu'elles ont le courage d'exprimer leurs opinions, de dire des choses qui plaisent pas et d'être libre de penser, des personnes sont affichées comme des cibles à abattre.
Pendant un moment quand Molly a peur pour sa vie, elle donne l'impression de paniquer et de faire tout en sorte pour réparer cette énorme connerie qu'elle pense avoir faite. « Trop tard »
Mais, elle n'est pas seule et c'est fait !
Alors, elles devront en payer les conséquences face aux représailles qui peuvent tomber n'importe quand.
C'est a partir de ce moment que je commence à suffoquer en lisant ce récit très prenant.
Les personnes qui disent ce qu'elles pensent et qui dérangent sont toujours misent à l'écart dans nos sociétés hélas.
Des personnes qui croient encore à la liberté qui devient si rare par moment sont encore prêtes à se battre pour les droits de l'homme.
Les droits de l'homme et des femmes qui dans certains pays n'existent pas.
Ce roman est assez effrayant et je pense qu'on est obligé d'ouvrir les yeux sur ce qu'il se passe actuellement, sur ce monde qui change, sur ce mal terrible qui menace nos libertés.
Le terrorisme c'est comme une pieuvre qui étant ses tentacules partout, c'est un mal invisible qui survient quand on ne s'y attend pas.
Il est la terreur, la peur et il est sournois, ce mal atteint souvent des gens innocents qui n'ont rien demandé de plus que de vivre et de pouvoir respirer.

Roman qui raconte une histoire vraie, mais aussi des passages romancés, je pense qu'il n'est pas nécessaire chers lecteurs de faire des recherches,vous ne trouverez rien.
Félicitation à l'auteure de ce roman et pour son travail de recherches, c'était passionnant.
Je vous conseille de découvrir cette histoire qui marque les esprits, il ne faut rien oublier et surtout rester libre, continuer de vivre et continuer de se battre face à la haine.


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