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sur 1019 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
« La Moustache » commence et se termine par un coup de rasoir. Tout un programme, n'est-ce-pas ? le présupposé de départ est pourtant très simple, presque amusant dans son absurdité. Un soir, un homme décide de raser la moustache qu'il porte depuis dix ans, espérant ainsi prendre par surprise et amuser son épouse et ses amis. Une petite plaisanterie innocente a priori tout à fait dépourvue de conséquences. Problème : personne ne semble noter la disparition de ladite moustache. Aux questions répétées du personnage principal, tous apportent la même réponse extravagante : il n'a jamais porté de moustache de sa vie. Et la farce tourne à l'aigre… D'abord oscillant entre l'agacement et l'amusement, le personnage principal se laisse progressivement gagner par l'inquiétude. A l'inquiétude succède la peur. A la peur, la paranoïa.

Ni thriller, ni policier, ni fantastique, « La Moustache » est un roman à part, un de ceux qui vous prend à la gorge, fait monter dans votre oesophage une angoisse diffuse, indéfinie. Ce malaise est accentué par le style employé par l'auteur, très précis, très détaillé et rapportant chaque action de ses protagonistes avec une méticulosité presque maniaque. Dès le début du roman, on s'identifie facilement au personnage principal, on partage sa peur et sa confusion, le sentiment de trahison grandissant qu'il développe vis-à-vis de ses proches, mais cette identification même devient rapidement source de crainte. le doute s'installe progressivement : que se passe-t-il exactement ? Une farce sinistre ? Un complot ? Une distorsion improbable de la réalité ? Ou l'explication la plus vraisemblable et la plus terrifiante de toutes : la démence, la vraie, celle qui vous coupe des autres, vous ronge de l'intérieur, démence d'autant plus glaçante qu'elle s'appuie sur un comportement et un raisonnement rationnels.

« La Moustache » n'est pas un roman agréable à lire (et, comme l'affirmait une critique précédente, indubitablement pas un livre à terminer en mangeant. Aux trois quarts du bouquin, je caressais vaguement l'idée de regarder l'adaptation filmée avec Vincent Lindon et puis… ben non, peut-être pas, tout compte fait), mais tout de même un excellent roman. Il m'a marquée durablement et le malaise causé par la lecture a perduré longtemps après la dernière page tournée.
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Dans cette histoire fantastique, un homme décide de raser sa moustache. Ni sa femme, ni ses amis ne s'en aperçoivent. Ce qui commence par un canular tourne rapidement à la folie. Est-ce un complot ? Est-il paranoïaque ? J'ai été prise de malaise - où Emmanuel Carrère veut-il emmener son lecteur. Un vrai coup de poing donné de main de maître.
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Cher Emmanuel,
Comme tu peux le constater (oui on se tutoie car si tu ne me connais pas moi j'ai l'outrecuidance des lecteurs de penser que je te connais) je te lis dans le désordre. Maintenant je ne loupe aucune de tes sorties et je découvre, en attendant, les 1ers livres « d'avant » notre rencontre.
Je dois être honnête avec toi, ce que j'aime en te lisant c'est découvrir entre les lignes ta vie que tu nous partages. J'ai été frustrée du filtre qu'il t'a fallu mettre dans Yoga et si la lecture de ce roman « La Moustache » est agréable, j'adore ta vérité dans tes lignes et je n'ai pas besoin qu'elle soit habillée de fiction. J'ai lu récemment que c'est ton projet d'y revenir alors j'espère que tu changeras d'avis pour nous permettre à nouveau une rencontre avec la personne que tu es et qui me touche tant.
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La moustache, qu'elle soit extravagante à la Dali ou nazie à la Hitler, change le visage d'un homme.
Le narrateur moustachu décide, un soir, de faire une surprise à sa femme Agnès en rasant la sienne, juste avant d'aller chez des amis.
Comment va-t-elle réagir : Colère ? Étonnement ? Plaisir ?

Contre toute attente, elle ne remarque rien, ou fait mine ne rien remarquer. Indifférence totale.

Ce court roman jongle constamment entre la sincérité et la feinte.
Qu'est-ce qui est vrai ? Qu'est-ce qui est faux ?
Les blagues les plus courtes sont souvent les meilleures, alors quand il voit que sa femme continue d'ignorer son changement de look, il se vexe.
Mais même ses amis et collègues ne remarquent rien. Aurait-elle poussé la blague aussi loin ? Pourquoi ?
D'autant plus que d'autres éléments semblent avoir changé par rapport à ses souvenirs.
Il devient alors parano et se surprend à penser qu'il est peut-être en train de devenir fou ou qu'un complot se trame contre lui.
La fuite devient pour lui inévitable.

Emmanuel Carrère a su m'entraîner dans son histoire, et faire monter crescendo la tension et le suspense jusqu'à la chute surprenante.
Je dois admettre qu'au début je me suis demandée ce qu'il allait bien pouvoir raconter pour faire un roman complet à partir de cette situation.
Eh bien, il a réussi à m'embarquer dans son histoire sans ennui et en ayant même hâte de découvrir le mot de la fin.

L'auteur a lui-même adapté son roman au cinéma en 2005 dans le film du même nom, avec Vincent Lindon et Emmanuelle Devos.
Le roman m'a donné envie de voir le film.
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"La moustache" est, pour moi, une prouesse littéraire. L'histoire commence d'une manière si anodine, par un détail, un petit rien, mais qui va devenir la cause et la fin de tout. Une atmosphère angoissante est montée petit à petit, jusqu'à devenir une voie sans issue et se terminer par une fin glaçante. Emmanuel Carrère est un vrai génie!
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Un détail, juste un détail, et soudain tout bascule : le narrateur est-il devenu fou ou a-t-il basculé dans une autre réalité en supprimant sa moustache ? Des pans entiers de la réalité, de sa biographie, se désagrègent au fil des pages, à tel point qu'il finit par avoir peur qu'Agnès n'ait jamais existé, que lui n'ait jamais existé, que des pays n'aient jamais existé… Emmanuel Carrère touche ici à la quintessence du fantastique : l'irruption d'un événement surnaturel dans le monde réel qui provoque une hésitation du narrateur / lecteur qui ne sait s'il a basculé dans la folie ou dans une autre réalité. Dans ce monologue intérieur, tout est savamment orchestré, ce glissement du narrateur vers l'incompréhension, puis la terreur. Tout s'écroule autour de lui. Pas besoin pour cela d'effets sensationnels, d'êtres imaginaires, un détail, un seul, tout simple.

Splendide.
Lien : http://carnetsdesel.fr/la-mo..
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Ce livre est vraiment hors du commun. À peine installé dedans, on entre déjà dans un univers tout à fait dérangeant, agaçant, on veut comprendre et quand on croit avoir un élément de réponse, un nouvel événement vient tout chambouler.

Toute cette histoire à cause d'une simple moustache, quelques malheureux poils qui vont déstabiliser complètement la vie d'un homme qui jusque là était tout à fait normale, tranquille, saine... C'est très difficile de décrire ce que l'on ressent tout au long de la lecture. Pas une seule seconde on n'a le temps de s'ennuyer, pas une seule seconde ne on peut cesser de se demander ce qui se passe, ce qui va se passer, et surtout ce qui s'est passé, à quel moment tout a dégénéré, et pourquoi.


La seule chose que je reprocherais à ce livre c'est de laisser le lecteur, à la fin, dans son trouble, sans les réponses qu'il espérait. C'est fait exprès, je le sais bien. Mais c'est énervant... alors je cherche encore, mais je doute trouver un jour la réponse.

Juste un conseil, encore : si comme moi vous lisez dans un peu toutes les situations, évitez seulement de lire les dernières pages au petit déjeuner. C'est mal passé (ouais je suis assez sensible le matin).

À part ça, aucune contre-indication, dévorez-le jusqu'à la fin, il le vaut bien!
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Un jour, pensant faire sourire votre femme et vos amis, vous rasez la moustache que vous portiez depuis dix ans. Personne ne le remarque ou, pire, chacun feint de ne l'avoir pas remarqué, et c'est vous qui souriez jaune. Tellement jaune que, bientôt, vous ne souriez plus du tout. Vous insistez, on vous assure que vous n'avez jamais eu de moustache. Deviendriez-vous fou ? Voudrait-on vous le faire croire ? Ou quelque chose, dans l'ordre du monde, se serait-il détraqué à vos dépens ? L'histoire, en tout cas, finit forcément très mal et, d'interprétations impossibles en fuite irraisonnée, ne vous laisse aucune porte de sortie. Ou bien si, une, qu'ouvrent les dernières pages et qu'il est fortement déconseillé d'emprunter pour entrer dans le livre. Vous voici prévenu.
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J'ai adoré, plein de suspense et sans cesse de nouvelles questions, est-ce le narrateur qui est fou ou son entourage, qui a tort et qui a raison.
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Il est trés rare qu'un film soit une adaptation fidéle d'un livre. Quand cela se produit il faut saluer l'effort , ce qui est le cas ici . Cette histoire captive , intrigue , diffuse un malaise indescriptible , l' on est ici aux lisiéres du fantastique et pourtant ce roman n'est pas de base un ouvrage fantastique . Un voyage au coeurde la folie est proposé ici au lecteur captif qui voit cet homme qui s'évertue a comprendre ce qui vient perturber son quotidien ainsi ... L'ouvrage ici prése nt est certes trés court , il n'en est pas moins d'une efficacité rare ... Il est clair que le lecteur a le plus grand mal a se détacher de cette histoire remlarquablement bien tissée par un auteur qui mérite amplement le déplacement.
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