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sur 1021 notes
Ca commence comme un vaudeville : le héros se rase la moustache pour surprendre sa femme et son entourage, et personne ne s'en aperçoit... ils prétendent même qu'il n'a jamais eu de moustache !

Mais ensuite, ça devient autrement plus dérangeant qu'un vaudeville : si personne ne ment ou ne joue la comédie, c'est qu'il y a un problème bien plus grave chez le héros ou autour de lui. Et il va s'enfoncer dans la spirale de la paranoïa et de la folie.

Grande fan de Carrère, j'ai retrouvé ici sa façon particulière de mêler au récit des considérations annexes, ainsi que son style pour décrire l'intimité d'un couple. Même s'il réussit fort bien à décrire l'enfer, j'ai quand même senti que c'était une oeuvre de jeune, moins aboutie que ses dernières.

Challenge Multi-Défis - item 46 : Un roman dont le personnage principal porte la barbe ou la moustache
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Dans ce roman, le mari d'Agnès, par blague et pour voir sa réaction, fait la surprise à sa femme de raser un jour la moustache qu'il porte depuis dix ans.
Sauf qu'elle ne réagit pas, ne remarque rien, et pire ...

Emmanuel Carrère, par cette intrigue apparemment simple, suscite en nous un malaise grandissant, de même que, par une écriture apparemment simple, il nous plonge dans un roman incroyable.
Nous voilà, lecteur, comme le personnage principal, constamment tiraillé, entre différentes hypothèses, différentes explications pour expliquer l'inexplicable...
Et c'est justement le tour de force ici de l'auteur : parvenir à presque supprimer la distance entre nous, lisant, et le protagoniste dont nous suivons le parcours physique et psychologique. Nous priver de nos repères et nous tenir captifs dans la pensée d'un autre.

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Je n'écris pas que des chroniques !
Découvrez mes deux romans :
"Le soleil ne brille pas pour tout le monde"
"Les Naufragés" (Coup de ❤ du jury 2023 du Carré des Ecrivains de Marseille)



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Paranoïdes poils

La moustache est un grand livre sur la paranoïa qui commence par une très bonne idée sur laquelle il n'y a plus qu'à dérouler le fil.

Quand le réel se délite, que le hiatus entre vos croyances et le commun concret se met à béer comme un gouffre, toutes les hypothèses, les explications, les complots vous assaillent. Pour une simple histoire de moustache, pierre angulaire de votre santé mentale, l'enquête sans fin commence et si elle ne trouve pas de résolution, la folie autodestructrice, comme un rasoir sur votre visage, vient s'emparer après l'exil de votre raison falsifiée.

Qui est responsable de cette moustache qui eut ou non jamais existé ? le cerveau malade du héros ou les affabulations d'un entourage hostile ligué contre lui. A-t-il véritablement porté un jour la moustache ? La question est sans réponse pour le lecteur mais lui a fait son choix, s'en est laissé envahir et détruire au lieu de l'abandonner au rencard des convictions folles et d'oublier cette mésaventure de l'esprit à tout jamais.

Le plus intéressant dans le livre est toute la partie où il cherche qui est responsable de la blague ou du mensonge et comment cela s'agence dans la ligue qui veut s'amuser de lui ou lui nuire. Il faut bien admettre qu'il y a de quoi devenir fou. Comment ne pas savoir si l'on portait ou non la moustache, quel est le maître de sa propre raison, vous ou les autres ?

Pour conclure, un petit roman qui ouvre des questions vertigineuses sur les curseurs sociaux, l'estime de soi et la confiance qui s'y rapporte, le jusqu'au boutisme de l'incompréhension et la précarité du basculement dans la folie.

Je ne sais pas ce que Carrère a voulu dire avec La moustache ! Si c'est un simple exercice de style ou si c'est quelque chose de plus élaborée. Je pencherais pour la seconde hypothèse.

Voici ce que m'inspire profondément le livre : le meilleur moyen de vivre mille vies est de n'en avoir aucune et après les avoir vécues se finir à l'alcool comme Patrick Juvet.




Samuel d'Halescourt
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D'un postulat absurde, Emmanuel Carrère tire un roman qui captive dès les premières lignes.
L'intrigue s'installe de manière insidieuse et on glisse doucement, à travers les yeux du personnage principal, dans un entonnoir psychologique.
Le récit est soutenu tout le long avec brio par une logique implacable et une écriture au diapason.
Seule la dernière partie, en décalage, peut laisser quelques regrets.
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Il a fallu m'y prendre à trois reprises avant de pouvoir franchir le seuil du second chapitre. L'histoire met un certain à se mettre en place, mais la narration d'Emmanuel Carrère retranscrit parfaitement les pensées déjantées du héros, de ses doutes, ses inquiétudes, ses hallucinations et paranoïas.
Si cette montée est franchement bien écrite, j'ai imaginé la fin très vite, et l'ai trouvée, même si elle est descriptive et qu'on imagine bien la scène, trop simple, trop brusque, en somme: trop facile.

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Un jour, pensant faire sourire votre femme et vos amis, vous rasez la moustache que vous portiez depuis dix ans. Personne ne le remarque ou, pire, chacun feint de ne l'avoir pas remarqué, et c'est vous qui souriez jaune. Tellement jaune que, bientôt, vous ne souriez plus du tout. Vous insistez, on vous assure que vous n'avez jamais eu de moustache. Deviendriez-vous fou ? Voudrait-on vous le faire croire ? Ou quelque chose, dans l'ordre du monde, se serait-il détraqué à vos dépens ? L'histoire, en tout cas, finit forcément très mal et, d'interprétations impossibles en fuite irraisonnée, ne vous laisse aucune porte de sortie. Ou bien si, une, qu'ouvrent les dernières pages et qu'il est fortement déconseillé d'emprunter pour entrer dans le livre. Vous voici prévenu.
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A quel moment commence la folie ? Quel est donc son déclencheur ? Ici tout semble partir de l'existence ou non d une moustache ! Simple détail qui devient pourtant pour notre héros le point de départ d'une spirale infernale.
Alors je me suis moi même laisser entraîner par de nombreux questionnements. Où cela allait t il
nous mener ? Complot ? Rêve ? Folie ? Mais je ne m'attendais pas à une fin si brutale et sans réponse !
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"La moustache" est, pour moi, une prouesse littéraire. L'histoire commence d'une manière si anodine, par un détail, un petit rien, mais qui va devenir la cause et la fin de tout. Une atmosphère angoissante est montée petit à petit, jusqu'à devenir une voie sans issue et se terminer par une fin glaçante. Emmanuel Carrère est un vrai génie!
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Le sujet abordé par Emmanuel Carrère m'a fait sourire, car il n'est effectivement pas rare que lorsqu'un homme supprime sa moustache, on se demande ce qui a changé chez lui sans pour autant s'apercevoir que c'est cet élément de sa physionomie qui lui fait défaut. Dans ce récit, c'est bien pire, et dès le début, je me suis sentie admirative de l'écriture d'Emmanuel Carrère qui part de trois fois rien pour donner naissance à un écrit de plus de cent pages, moi qui parfois me demande comment on fait pour se documenter quand on écrit un roman, la réponse ici est claire : on laisse divaguer sa pensée, on y ajoute une peu d'effet papillon et la magie opère.

Si l'idée de départ m'a fait sourire, je m'attendais à quelque chose de beaucoup moins dense. Et j'ai vraiment peiné en lisant ce roman, j'ai trouvé le sujet de départ complètement dilué et le récit est devenu dans mon esprit, un beau baratin, bien écrit certes, Emmanuel Carrère maîtrisant sans aucun doute, la pratique de la langue de Molière, mais trop éparpillé : l'auteur avait-il besoin de décrire le scénario du film que l'épouse du héros a regardé en l'attendant ? Et ce n'est qu'un exemple. L'auteur m'a donné à maintes reprises, l'impression de dévier, de sauter du coq à l'âne, de se répéter, de s'écouter écrire. J'avoue humblement avoir passé quelques pages parce que je trouvais cette lecture interminable.

La fin est surprenante et ne cadre pas avec l'ambiance du récit.

Lecture bien mitigée donc, je le regrette.
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je ne l'ai pas lu, mais j'ai vu le film hier soir, et comme d'habitude , voir le film m'a donné une furieuse envie de lire le livre, parce que, à de rares exceptions près, le livre et toujours mieux que film ! ah bon, il faut continuer un peu , alors cette histoire me parait très émouvante, c'est le drame de quelqu'un qui s'aperçoit que les êtres qu'il aime le plus ne font pas vraiment attention à lui, au point de ne pas remarquer qu'il a rasé sa moustache, qu'il avait depuis plus de 10 ans , et c'est vraiment, vraiment, tragique !
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