Le Protectorat de l'ombrelle est une série coup de coeur, un ovni littéraire de par son style teinté d'une délicieuse ironie, et l'intérêt qu'elle suscite ne diminue pas avec le temps. Au contraire, il ne fait que se renforcer, d'autant plus que
Gail Carriger n'a pas son pareil pour créer des personnages attachants, grâce à des descriptions mi-affectueuses mi-moqueuses. du grand art en mots, au service d'un Londres victorien totalement loufoque, avec ses créatures surnaturelles qui malmènent les convenances pour notre plus grand plaisir.
Au fil des tomes, nous avions appris à chérir la relation entre Alexia et son gros mari, hirsute les soirs de pleine lune, eh bien, sachez que dans cet opus, c'est un peu la consécration de leur couple. Un Conall, on en voudrait toutes un à demeure, quitte à devoir supporter sa capacité pulmonaire hors norme, qu'il utilise avec entrain. Que ne ferait-on pas pour profiter de l'amour tendre d'un tel homme, qui vous parle avec un accent écossais, et dont les manières maladroites deviennent touchantes ?
Contrairement aux précédents livres, on ne voyage pas, on reste dans ce bon vieux Londres, dépoussiéré par une
Gail Carriger à l'imagination hallucinante. L'intrigue repose cette fois sur l'entourage proche de notre
Sans Âme, ce qui fait qu'on passe gentiment chacun de ses amis ou connaissances à la loupe. Et cela donne par moments des scènes émotionnelles, tout en pudeur, auxquelles on ne s'attend pas, et qui ont, de ce fait, encore plus d'impact sur nos petits coeurs. On retrouve avec bonheur tout ce petit monde, qui supporte les humeurs d'une Lady Maccon enceinte jusqu'au cou, qui n'en peut plus de la réduction de sa mobilité causée par son « désagrément embryonnaire ». Ce bébé, on l'attend avec fébrilité depuis le tome précédent, qui nous laissait entrevoir sa nature particulière. Mais avec les fantômes qui font des leurs en chuchotant des complots ourdis contre la reine, on n'a pas vraiment le temps de penser à une soirée layette.
C'est un tome qui bouge beaucoup malgré l'état de notre Muljah, qui fait passer son devoir avant son propre bien-être, au grand désespoir de son mari qui grogne dans tous les sens. Des compromis improbables doivent être pris pour faire face à cette naissance inédite, des amours contrariés se compliquent, tandis qu'on mène l'enquête pour découvrir qui veut tuer la reine. En terme d'enquête, chapeau à l'auteure, qui nous mène pas le bout du nez jusqu'au bout, faisant pleuvoir au passage des révélations surprenantes. Entre contraintes domestiques et retours sur le passé de certains personnages clefs, cet opus n'est pas avare en sensations. On sourit toujours grâce à un Lord Akeldama passé maître dans l'art du « surnommage » aigu, qui nous régale avec sa présence haute en couleurs, et il nous arrive même de verser une petite larme pour un certain Beta, qui fait décidément honneur à son titre…
Je vous laisse le plaisir de découvrir tout cela dans ce quatrième opus, plus intimiste, qui permet d'apprendre bon nombre de choses sur la petite troupe qui suit Alexia depuis le début. L'action cocasse est toujours de mise, et la fin de Sans Coeur ne manque pas de piquant. Je vous arrête tout de suite, cela n'a rien avoir avec quelques porcs-épics zombies… À déguster sans modération. Comme le bon thé, on en redemande sans jamais arriver à satiété. Vivement le prochain et dernier tome !
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