Citations sur L'Écorchée (197)
Une obsession est le résultat d'une routine qui dégénère. Comme si l'esprit se grippait et reproduisait le même geste à l'infini, lui attribuant un sens unique et, surtout, quasi vital. Pourtant, ce "quasi" contient la possibilité d'interrompre la réitération, libérant l'individu de l'esclavage psychologique de sa propre lubie.
Tu ne sais rien du tout. Mila est attirée par l'obscurité comme un enfant par la confiture. Dans son enfance elle a vécu des choses terribles - que toi ni moi ne pourrons jamais imaginer, grâce à Dieu. elle avait deux façon de s'en sortir : céder à la terreur pour le reste de sa vie, ou bien l'utiliser comme une ressource. Comme ces rescapés de guerre qui veulent retourner au front. La peur de mourir crée une dépendance.
Elle avait ressenti une sensation familière en remettant les pieds sur une scène de crime, en contact direct avec les signes du mal.
Les gens qui regardaient les journaux télévisés croyaient savoir, mais ils n’avaient pas idée de ce que signifiait se retrouver devant le cadavre d’une victime d’assassinat. Il arrive toujours quelque chose d’étrange aux policiers, une sorte de processus naturel, ils y passent tous. Au début, on ressent du dégoût. Puis on s’habitue. Enfin, cela devient une dépendance.
Au départ on associe la mort à la peur – d’être tué, de tuer, de voir des gens assassinés. Ensuite l’idée s’immisce comme un mauvais gène dans la chaîne ADN. Il se réplique et finit par faire partie de soi. Alors la mort est la seule chose qui nous fait nous sentir vivants. Pour Mila, c’était l’héritage de l’affaire du Chuchoteur. Mais pas le seul.
L’enfant a rapporté qu’ils avaient remarqué un homme, immobile, derrière la porte-fenêtre, mais qu’au début personne n’avait compris la raison de sa présence.
Au départ il n’y a pas eu de panique, pensa Mila. Ils ont simplement cessé de parler pour le regarder. Dans les situations de danger, la réaction la plus courante n’est pas la peur, c’est l’incrédulité
Pendant des années, le matricule figurant sur l'étiquette accrochée à son casier avait été son nom. Cette nuit, cela allait peut être changer. Le gardien des morts actionna le levier pour procéder à l'ouverture du casier.
Le dormeur allait être réveillé.
Un jour, au parc, un enfant s'était écorché le genou et avait fondu en larmes. Alice s'était approchée et, sans dire un mot, elle avait ramassé ses larmes avec ses doigts. D'abord celles qui avaient coulé par terre, puis sur ses vêtements, et enfin sur ses joues. Une par une, elle les déposait dans un mouchoir. Au début l'enfant n'y avait pas prêté attention, puis il l'avait regardée avec stupeur. Au fur et à mesure qu'il la regardait, il avait arrêté de pleurer. Alors elle lui avait souri et s'était éloignée avec son trésor de larmes.
La violence d'un tueur à la chaine est cyclique. Chaque cycle dure environ douze heures et se divise en trois stades : calme, incubation et explosion. Le premier advient après I'assaut initial. Le tueur éprouve un sentiment temporaire de satisfaction, suivi d'une nouvelle phase de couvaison: la haine se mêle à la rage. Les deux sentiments se comportent comme des éléments chimiques. Isolés, ils ne sont pas nécessairement nocifs mais, combinés, ils constituent un mélange hautement instable. Le troisième stade est alors inévitable : la mort, la seule conclusion possible.
Quand l'ennemi nous bat, au lieu de réagir nous nous occupons de cacher notre faiblesse .
Si aujourd’hui est égal à hier , pourquoi demain devrait -il être différent ?
C'est cela, un enfant,
Un nouveau sens, complètement différent des cinq autres,
Qui offre une perception inimaginable de ce qui nous entoure.
Et soudain, tout ce qui implique la chair de notre chair, nous concerne Directement.