Aussi est-il logique que la femme cherche instinctivement les moyens de conserver,sinon sa beaute,du moins ce qui lui en reste.La coquetterie de certaines vieilles dames est une chose qui nous parait charmante mais qui,dans la realite,n'est qu'un drame chez des femmes qui s'obstinent a ne pas vouloir vieillir
L'homme est ainsi fait,cher monsieur,qu'il a une horreur instinctive de la laideur physique et qu'il a beaucoup de mal a en supporter la vue meme quand il ne fait que la rencontrer au hasard et lorsqu'elle ne l'atteint pas directement
Guy des cars a une imagination débordante dans la majorité de ses livres et des histoires qui sortent de l'ordinaire. La tricheuse n'échappe pas à la règle. Une petite critique le dénouement du livre est prévisible à 80 % une centaine de pages avant la fin. J'aurais bien aimé un peu plus tard.
Ida avait triché en virtuose non seulement avec les êtres humains mais aussi avec la vie, à laquelle elle avait trop demandé pendant les dernières semaines, et avec la mort dont elleavait devancé l’appel. Tout n’avait été chez elle que tricherie : l’accent anglo-saxon très net qu’elle s’était ingéniée à prendre, une fois rajeunie, pour marquer une différence sensible avec cette femme de cinquante ans qu’elle reniait et qui, elle, parlait admirablement sa langue natale… l’écriture qu’elle avait su camoufler : celle d’Ida était large et voluptueuse, celle d’Edith, menue et raisonnée… Dans tous ces détails, qui avaient eu leur importance pour compléter l’illusion, Ida avait su se montrer une grande artiste ! Quelle étonnante comédienne elle aurait fait !
Jamais tricheuse n’avait atteint à pareille maîtrise.
La coquetterie de certaines vieilles dames est une chose qui nous paraît charmante mais qui, dans la réalité, n’est qu’un drame chez des femmes qui s’obstinent à ne pas vouloir vieillir : elles continuent à s’habiller selon une mode qui leur rappelle l’époque où elles rayonnaient de jeunesse et elles en deviennent parfois ridicules. Il est d’ailleurs réconfortant de penser que, passé un certain âge avancé, une femme ne se voit plus vieillir… Seulement il y a l’âge critique où la femme a la pleine conscience de ce qui l’attend : c’est l’époque où elle est la plus malheureuse.
Je vous ai dit aussi que les Américaines étaient de grandes sentimentales… Elles rêvent toutes, plus ou moins, de faire la conquête d’un Européen. C’est assez stupide mais c’est ainsi : dans l’âme ou le cœur d’une jeune fille yankee, il doit exister un coin très secret où se cache le désir de connaître un jour le grand amour avec un Latin… Je dois être faite dans le même moule que mes sœurs romanesques !
Elle devait cacher le plus longtemps possible sa fille qui deviendrait, de jour en jour, la plus redoutable des rivales. Pour la mère affolée, Edith était dangereuse : ne lui avait-elle pas tout pris en y ajoutant le seul attrait dont elle ne pourrait plus jamais se parer : la jeunesse ?
La seule explication possible était que la mère avait préféré cacher à tout le monde son secret plutôt que de se vieillir par un tel aveu. Ida, qui ne cherchait qu’à plaire et pour qui la vie n’avait pas d’autre sens, devait être désespérée à la pensée que sa propre enfant – dont un destin inexorable avait fait sa réplique exacte avec les années en moins – talonnerait de plus en plus sa féminité qu’elle croyait irremplaçable.
"Elle avait triché en virtuose non seulement avec les êtres humains mais aussi avec la vie, à laquelle elle avait trop demandé, et avec la mort dont elle avait devancé l'appel"
- Guy Des Cars (la tricheuse)
L’inexorable loi de la nature remettait les choses en place en poussant la jeunesse vers les bras de la jeunesse…