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Benjamin Marra (Illustrateur)
EAN : 9781534311749
64 pages
Image Comics (26/03/2019)
4/5   1 notes
Résumé :
The year is 26 C.E. A young Nazarean carpenter is having some trouble adjusting to the violent world around him -- and finding his place within it. He knows he's different... he just doesn't know why. Not yet, anyway. A bloody, two-fisted tale of historical heroic fiction brought to you by JOE CASEY (SEX, ANNUAL, MCMLXXV) and BENJAMIN MARRA (Night Business, Terror Assaulter O.M.W.A.T.).
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome contient une histoire complète indépendante de toute autre. Ce récit est initialement paru en 2019, sans prépublication. Il est écrit par Joe Casey, dessiné et encré par Benjamin Marra, avec une mise en couleurs réalisée par Brad Simpson. le design de l'ouvrage a été conçu par Sonia Harris, et le lettrage réalisé par Rus Wooton. Dans l'introduction d'une page, les auteurs précisent qu'il ne s'agit pas d'une reconstitution historique, ou religieuse. Ils ont effectué des recherches préalables, mais ont choisi d'appliquer quelques simplifications, à commencer par un langage unifié (l'araméen). Ils écrivent noir sur blanc (l'inverse en l'occurrence, des lettres blanches sur une page noire) que leur récit n'est pas dépendant de l'existence ou non d'un individu nommé Jésus. Ce tome comprend également une note des auteurs d'un peu plus d'une page revenant sur le fait que les comics permettent d'aborder tous les sujets possibles et imaginables. La page précédant l'histoire présente une carte situant les villes de Jérusalem, Bethléem, Bethabara, Sepphoris, Nazareth et Macheronte.

En 26 de notre ère, à Sepphoris la capitale de la Galilée, Jésus est en train de se recueillir plutôt que de travailler au chantier du palais. Simon vient le trouver pour lui dire qu'il doit se remettre à l'ouvrage. Il lui répond que ses migraines sont de retour, plus fortes que jamais. Il leur rappelle qu'ils sont venus là depuis Nazareth parce qu'il y a du travail rémunéré. Mais il ne voit pas pourquoi il devrait consacrer sa vie à bâtir une construction à la gloire d'un empereur romain. À Jérusalem, le nouveau préfet de Judée est en train d'entrer en ville pour prendre ses fonctions : Ponce Pilate, succédant à Valérius Gratus. Il se dirige vers le temple pour rencontrer Caïphe le grand prêtre du Temple de Jérusalem. Il souhaite en effet mettre un terme très rapide aux prêches des faux prophètes et des soi-disant messies. La nuit tombée, les travailleurs vont dormir dans un camp de fortune, n'ayant plus la force de faire le trajet retour vers leur ville. Mais les nuits de Jésus sont agitées car il est en proie à des cauchemars douloureux dans lesquels des démons se battent contre la divinité, le conflit entre l'amour et la haine. Les autres n'ayant pas ces cauchemars, il estime que cela le rend différent, et il se demande si ces cauchemars ne sont pas des paroles proférées par il ne sait qui.

Réveillé par ses cauchemars, Jésus se lève et retourne dans Sepphoris. Il est conscient des injustices sociales perpétuées par la bureaucratie romaine. Alors qu'il se tient dans un théâtre en plein air, un gros lézard s'adresse à lui. Jésus se demande s'il est encore en train de rêver. le lézard lui répond que c'est à Jésus de décider ce qui est vrai et ce qui ne l'est pas. Alors que Jésus évoque les prophètes qui entendent une voix divine, le lézard indique qu'il s'agit de charlatans religieux uniquement dans la partie pour faire des affaires, mêmes les Zélotes ne sont en fait intéressés que par leurs objectifs politiques. Il lui dit que la vérité qu'il cherche est en lui. le lendemain, Jésus ne rejoint pas ses compagnons au chantier. Il s'installe en position de tailleur pour méditer, pour étudier la rage qui est en lui, mais aussi la confusion et l'illumination. Il entreprend de voyager jusqu'à la rivière du Jourdain. Sur ses rives, il assiste à un baptême réalisé par Jean le Baptiste. Ce dernier sent immédiatement sa présence. Jean le Baptiste rentre avec lui dans Bethabara pour lui expliquer la raison de ses actions. Après l'avoir écouté, Jésus voit une femme s'avancer vers lui : Marie de Magdala.

En découvrant cette bande dessinée, le lecteur perçoit tout de suite les signes d'un ouvrage de type underground : jaune vif de la couverture, plusieurs images pour composer la couverture avec des couleurs délavées par endroit, police de caractère évoquant celles utilisées pour les titres de films de genre exploitation dans les années 1970. Au fur et à mesure, il relève d'autres signes, à commencer par une forme de naïveté dans les dessins, lui faisant se demander si l'artiste maîtrise bien son métier, ou s'il s'agit d'un amateur. Jésus porte le même pantalon du début jusqu'à la fin, toujours pied nu. Ponce Pilate apparaît systématiquement en armure d'apparat. Les autres personnages portent des vêtements génériques, possiblement d'époque, mais sans assurance. Quand il y en a, les décors semblent en carton-pâte. Quand Jésus se tient devant la ville de Sepphoris, le dessinateur représente un groupement de maisons déposées au petit bonheur sur une surface désertique, sans distinction entre les maisons (elles sont toutes construites sur le même modèle), sans logique d'urbanisme. 50% des cases sont dépourvues d'arrière-plan. le lecteur sourit franchement quand il voit que le corps de Jésus est celui d'un individu à la musculature bien découplée, qu'il ne porte pas de chemise ce qui permet d'admirer ses pectoraux et qu'il ressemble fortement à Bruce Lee. Il adopte d'ailleurs des postures évoquant l'acteur, aussi bien quand il se bat à main nue, que quand il se met en position de méditation. le lecteur relève également que le scénariste confond Bethabara avec Béthanie-au-delà-du-Jourdain, et Marie de Magdala avec Marie de Béthanie. Pourtant…

Pourtant, malgré des cases frisant parfois l'amateurisme et les imprécisions sur les éléments bibliques, le lecteur se rend compte qu'il accepte bien volontiers de suivre les auteurs dans leur récit. Joe Casey n'en est pas à son premier récit étrange : il est également l'auteur d'une série de superhéros dont le thème est annoncé dans le titre Sex avec Piotr Kowalski, d'un superhéros à la morale très personnelle Butcher Baker The Righteous Maker avec Mike Huddleston, ou encore d'une série prenant les récits cosmiques de Jack Kirby comme un genre à part entière Godland avec Tom Scioli. de même, Benjamin Marra est l'auteur de plusieurs récits jouant sur des conventions de genre représentées au premier degré pour un décalage analytique, comme Terror Assaulter: O.m.w.o.t. (One Man War on Terror), American Blood,Night Business. En outre, dans la postface, ils indiquent que leur intention est de revenir à forme narrative plus libre pour retrouver l'inventivité de défricheurs dans les comics, citant plusieurs oeuvres dont Brought to Light: Shadowplay (1989) par Bill Sienkiewicz & Alan Moore.

De fait, derrière l'usage de conventions de genre inattendues (à commencer par celles du Kung-Fu), le lecteur se rend compte que les auteurs évoquent le parcours de Jésus, en s'attachant à montrer comment il a pu devenir un meneur religieux de première importance, suivi par des disciples et par le peuple. Casey & Marra se livrent à un exercice délicat dans lequel le lecteur connaît déjà le résultat (l'avènement du Messie), où ils montrent comment il en arrive là. Mine de rien, ils évoquent (très) rapidement le contexte de l'époque, en particulier l'existence de nombreux prophètes et de messies. Ils s'attachent au questionnement intérieur de Jésus, le scénariste faisant usage du commentaire de Simon reconstituant à posteriori l'évolution de la pensée de Jésus, ou mettant en scène des allégories comme ce lézard qui parle. S'il parvient à dépasser l'apparence naïve des dessins, le lecteur se rend compte qu'il peut aussi envisager la narration visuelle comme une interprétation imagée de ce que ressent Jésus, de sa façon d'envisager les choses. Avec ce point de vue, la narration visuelle fait plus sens. Effectivement, elle rend visible les conflits intérieurs qui agitent l'esprit de Jésus. Il ne s'agit plus de réaliser une reconstitution historique fidèle, mais de rendre apparents des états d'esprit, une forme populaire d'art naïf (même si des fois le lecteur se dit que le dessinateur serait bien en peine de réaliser des dessins plus techniques).

Avec ce point de vue, le récit fait sens : Jésus se forge progressivement une conviction intime sur les inégalités sociales qu'il voit tous les jours, sur la nature de la tourmente qui agit son esprit. Joe Casey se garde bien de porter un jugement sur la réalité de la présence divine, mais il se garde bien également de railler Jean le Baptiste ou Jésus, ou même de prendre un ton moqueur. Au regard des positions d'art martial utilisées pendant les 2 combats physiques, les convictions des 2 hommes ne sont pas plus incongrues. L'approche politique fait sens : Jésus refuse d'accepter que la domination des romains en Judée condamne le peuple à la pérennité des injustices. Il devient logique et légitime que Jésus se révolte en utilisant la force à 2 reprises. Lorsqu'il se retrouve face à Jean le Baptiste dans la forteresse de Macheronte, Jésus se retrouve à nouveau face aux convictions de Jean le Baptiste, à sa révolte non-violente. le lecteur y voit les prémices de la nouvelle foi professée par Jésus par la suite.

Peut-être attiré par les auteurs, le lecteur sait en voyant la couverture et le titre qu'il va plonger dans un récit marqué par une forme désuète, utilisant des conventions de genre naïves, et mettant en scène Jésus de manière peu conventionnelle. Effectivement, Benjamin Marra réalise des dessins naïfs, au point parfois de faire se questionner le lecteur sur le niveau réel de l'artiste. le scénario transforme Jésus en un combattant à main nue, extraordinaire, une sorte de guerrier maîtrisant un art martial et enclin à la méditation. Sous réserve qu'il accepte ces formes de surréalisme et qu'il accepte que les auteurs manient sciemment le symbolisme, le lecteur se rend compte que les Marra & Casey mettent en scène un questionnement pertinent : comment Jésus a-t-il pu avoir la conviction qu'il était un prophète légitime ? Comment a-t-il pu convaincre une partie significative de la population quant à l'honnêteté de ses convictions, l'intelligence de ses propos ? Cette lecture est à réserver à des lecteurs consentants par une forme volontairement naïve, pour mieux dérouler un propos réfléchi.
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