J'avance d'un pas, le bras tendu. Les gouttes lourdes et tièdes s'écrasent sur ma peau et foncent ma robe. Maxon éclate de rire, puis il me pousse. La pluie gifle mon visage et, une fraction de seconde, j'ai le souffle coupé. Je fais volte-face et j'attrape Maxon, qui fait semblant de se débattre. En un clin d'œil nous sommes trempés comme des soupes. Il me tire vers la porte, un peu à l'abri.
- Regardez.
Je me retourne, mon regard se perd au loin et je contemple la ville qui s'étire à perte de vue. Angeles. Le labyrinthe des rues, la géométrie des bâtiments, la variété des couleurs - même sous des trombes d'eau, le spectacle est impressionnant.
- Je refuse d'abandonner cette ville aux mains des Renégats, America. Je ne sais pas s'ils ont fait beaucoup de victimes, mais je sens que mon père me cache des choses. Il craint que j'annule la Sélection.
Elle sort ma robe de la housse. Une robe toute simple et… noir corbeau. Une robe de deuil. J'éclate en sanglots, un peu par réflexe.
- Mademoiselle ? s'inquiète Mary.
- Quelqu'un est mort ? Qui ?
Anne, toujours solide comme un roc, essuie mes larmes.
- Personne n'est mort, lâche-t-elle d'une voix qui n'admet aucune réplique. Souvenez-vous-en quand tout sera fini. Personne n'est mort aujourd'hui.
Sans la moindre explication supplémentaire, elle m'envoie prendre mon bain.
- Maxon, pardon. Excuse-moi ; c'est une erreur. Je te le jure. Je t'aime !
- De tous les mensonges que tu m'as servis, c'est celui qui me fait le plus souffrir.
- J'abandonne. Excuse-moi, America, tu as été d'une patience d'ange, mais je ne peux pas supporter de m'entendre maltraiter ce pauvre piano. On dirait qu'il est malade.
- À l'agonie, plutôt.
"Je n'ai pas l'intention de te couvrir de cadeaux. Enfin si, c'est mon intention, mais ce n'est pas le but ultime. Je vais t'aimer comme aucun homme n'a jamais aimé une femme, mille fois plus que dans tes rêves les plus fous. Cela, je t'en fais la promesse."
Brise-moi le cœur, murmure-t-il. Brise-le cent fois si ça te chante. De toute façon il a toujours été à toi
« Je sais que tu as un roi devant toi, mais que cela soit bien clair entre nous : ce n’est pas un ordre que je te donne. C’est une requête, une prière. Je t’implore : fais de moi l’homme le plus heureux sur cette terre. Fais-moi l’honneur de devenir ma femme. »
« Brise moi le cœur, murmure-t-il. Brise-le cent fois si ça te chante. De toute façon il a toujours été à toi. »
« Si les choses n’étaient pas aussi compliquées, j’aurai déjà annulé la Sélection depuis longtemps. Mes sentiments ne sont plus un mystère pour moi. Peut-être est-ce irréfléchi de ma part de me lancer ainsi tête baissée, mais je suis certain que je serai heureux avec vous. »
« Le ciel est bleu, le soleil brille et Aspen aime America. Ainsi va le monde. Plaisanterie à part, il n’y a que toi dans mon cœur. Je n’arrive pas à m’imaginer avec une autre fille. Pourtant, j’essaie de me préparer à ton départ, au cas où… sans succès. »