Ce soir-là, je commence à croire aux miracles.
Rien n'a changé, et pourtant tout est différent... grâce à un garçon aux ailes d'ange.
Quand quelqu'un remarque notre existence après une longue période d'invisibilité, on est forcément reconnaissant. J'essaye de me convaincre que c'est l'explication de mon trouble. Car je ne peux pas être en train de craquer pour un garçon qui déchire ses cahiers et met le feu aux tables.
Ce serait une très mauvaise idée.
J’ouvre la bouche pour répondre, mais aucun mot n’en sort. Le professeur frappe sur son bureau pour réclamer le silence. Je me laisse tomber sur une chaise du premier rang, tremblante, les yeux pleins de larmes.
Et puis la chance, ça se partage. Plus on la propage, plus on en reçoit en retour.
Nos dernières affaires ont été empaquetées. Maman court dans tut l’appartement, un plumeau à la main, pour s’assurer qu’il soit parfait avant l’arrivée des prochains locataires. Kazia, assise sur sa valise, serre contre elle le vieux lapin tricoté par Grand-mère en retenant ses larmes.
Même la cathédrale est affreuse. On dirait un cornet de glace renversé sur le trottoir, ou un vaisseau spatial échoué en plein ville. On est à des millions d’années des élégants clochers de Cracovie.
" - La chance, ça se partage. Plus on la propage, plus on en reçoit en retour."
Partir n’était pas la solution. On ne peut pas fuir la réalité, n’est-ce pas ? Le mieux, c’est de l’affronter aussi bravement que possible.
Elle a raison. Je me suis autorisée à croire aux miracles, alors que ça n'existe pas. Je suis quoi pour Dan ? Une fille qui ne connaît ni sa langue, ni ses règles, ni la loi de la jungle. Une fille sans importance, invisible, vite oubliée
- Je ne peux pas te faire confiance. Tu essaies de mettre le feu au collège, et une minute plus tard tu as des ailes d'anges et des gâteaux. Et après, plus rien !
- Je suis compliqué. ça te pose un problème ?