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EAN : SIE292314_273
Éditions Montaigne (30/11/-1)
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Résumé :
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Bruits de Fenny Sterenborg

Je me suis réveillé ce matin
avec les bruits de la ville se
fondant dans mon rêve
Une fierté de lions
rugissant de colère
La circulation, ça devait être

Un chasseur criant quelque chose
mais j'ai probablement entendu un vendeur de rue
Pendant un instant, silence total
puis un coup de feu retentit le sauvage
Peut-être le pot d'échappement d'une voiture cassé
ou le pistolet jouet d'un enfant

Les bruits deviennent lentement familiers alors
que je sors de mon rêve
J'entends les voisins entrer à
travers les murs
et je bâille à la lueur de l'aube

Le vieil homme d'en bas
comme chaque le matin
écoute la radio
Les enfants d'en haut
crient à pleins poumons
et il y a des gens qui trébuchent dans le couloir
alors qu'ils se promènent

Mais du jeune couple d'à côté
se battent généralement, pas un son
Se sont-ils finalement réconciliés
ou enfin rompus
comme s'ils étaient liés

Tout à coup, les gens dans le couloir crient et courent
J'entends la panique dans leurs voix
et se dépêcher de sortir du lit
Alors que je regarde à travers le judas,
je vois le gars d'à côté
sa chemise, rouge sang
et dans sa main un pistolet

15 juin 2006
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Hans Tentije


Adlersflügel


Ceci, ceci est la lumière de cet après-midi d’août : de celui-ci.
N’offrant de place qu’à peu de noms, d’un vert et d’un rose passés, pend ici la carte du pays, juste au-dessous de la poitrine surchargée de médailles de l’ancien chef de l’État, toujours adoré tant d’années après sa mort. Dans une cage cabossée, aux fines mailles de fer, reposent les ailes d’un ventilateur. Des timbres-poste de différente valeur, en vrac ou en feuilles, sont éparpillés sur le plateau du bureau au revêtement tacheté, boursouflé, tout abîmé – comme si, impatients, voire avides quelque peu, ils avaient déjà commencé leur voyage, envoyés comme ça, sans destination ni tampon, par la fraîcheur apportée par le vent.
Dehors, les mouches tournent autour des yeux des chevaux qui attendent, les guêpes autour du fruit gâté. La sueur perle sur le front du guichetier. Ses lèvres ont l’air bleues, comme s’il en avait humecté un crayon encre. Pourtant il remplit un formulaire avec un stylo à bille, – hésitant parfois, avec des gestes, comme pour un essai d’écriture, évitent encore de justesse le papier.
Le dernier reste de notion du temps s’écoule par les fils, les fils du téléphone entre les poteaux courbes, à peine écorcés, le long des routes qui mènent à cet endroit en Bosnie-Herzégovine – il coule lentement hors de ce bureau de poste.
Et me voici de nouveau dans le vert bouteille du seul timbre-poste que j’aie autrefois possédé de l’ancien État vassal, protectorat ou quoi que ce soit d’autre : rétrospectivement, j’aperçois quelqu’un qui, tenant sa mule chargée par la bride, descend le sentier de la montagne. Il porte des bottes couleur bistre, une large tunique noire. Sa tête et celle de sa bête de somme sont toutes deux pitoyablement défigurées par les grandes lettres du contre-timbre MILITÄRPOST.
Je l’avais mis dans mon album sous la rubrique Allemagne et timbres-poste du Deutsche Reich – parmi les cas aussi difficiles à cataloguer que ceux de la Sowjetische Besatzungszone ou de la Saarland à 15 ou 20 Fr. Quelle erreur. Hercegovina. J’ai sans doute épelé comme c’était écrit, murmuré syllabe après syllabe : Her-ze-go-wi-na…
Ce n’est qu’au moment où le guichetier amène à lui d’une main le tampon encreur et, de l’autre, prend ma lettre, que je remarque l’armoire un peu engoncée dans un coin – un coffre-fort blessé, brun roussi, couleur terre d’ombre. Il devait jadis avoir l’air de bois, mais aujourd’hui sa couche de peinture le trahit presque immédiatement. Ainsi d’ailleurs que l’inscription au relief aigu et mordant gravée sur la porte : M. ADLERSFLÜGEL – WIEN. Tout ce qui s’est évanoui, les missives des Habsbourgs, la poussière des guerres mondiales, les bâtons de cire de la dernière prise du pouvoir s’y cachent pour toujours.
Elle ne te parviendra probablement jamais, me dis-je, cette lettre de moi. Parce que tout courrier est sans doute traité ici comme poste restante – ce qui veut dire qu’elle disparaîtra dès que j’aurai tourné le dos et sera désormais gardée, d’une année à l’autre, derrière le brun tourmenté de cette porte-là.
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Riekus Waskowsky

La leçon d’anatomie
Ce matin, à l’Hôtel-Dieu Wilhelmine, nous avons
à l’occasion du jubilé de la Radio Ouvrière
disséqué un vrai socialiste à l’ancienne.
C’est fou tout ce qui a bien pu sortir :
drapeaux rouges à moitié pourris, chants de lutte,
fraternités internationales et solidarité,
Centrale de la Jeunesse Ouvrière, une partie de caca
et les six volumes d’histoire de P. Quack (d’occasion).
À la place des cerveaux nous avons trouvé : « Un rap
port inquiétant sur le déclin de l’intérêt des jeu
nes générations pour la soc-dém »


Das alte Königsberg

Sur l’esplanade devant l’Université
une fontaine aujourd’hui (mais c’est quoi aujourd’hui ?) tarie
et là tout près sous les arbres la pierre tombale
de Aegidius Ernest Hunnius, fils de etc, etc,
qui le 14 mai 1634 par l’arme cruelle
d’un homme inutile fut blessé
et le 21 du même mois dans la constante
invocation de son Rédempteur à 1 heure de l’après-midi
à l’âge de 19 ans, 4 mois et 24 jours,
rendit l’âme à son Créateur.
Attendant le jour du Jugement.

D’ailleurs, le centenaire de l’Université de Königsberg fut
aussi une belle aventure.
– Non seulement nous étions tous très ivres, mais en plus
nous écoutions des discours professoraux
en grec, en hébreu, en chaldéen et en syrien.
Ensuite, il y eut un poème par deux fois jubilaire,
composé par le Professeur d’Art Poétique de l’époque :
dr. Michel Daegidius.
3 (la première opération de l’estomac – 9 juillet 1635)
Ce jour-là, Andreas Grünheide, de Grünwald
non loin de Landsberg, était bien solidement attaché sur une planche.
Et Daniel Schwalbe, qui en tant que dentiste en Prusse
jouissait d’une grande renommée, ouvrit avec habileté la paroi de l’estomac.
Ensuite, avec l’aide de Dieu et une aiguille courbe
on attrapa le couteau avalé et on le montra à l’assistance.
« Ja, das ist mein Messer ! » rief freudig der Patient.

Près du vieil hôtel de ville de Kneiphof
pend encore toujours sous l’escalier le vérin,
avec lequel Johannes Wegner, anno 1550,
le mardi après le jour des Rois
frappa à mort père et mère.
Et comme
Eschine dit qu’un État ne vaut rien
quand il est sans pouvoir contre les criminels,
on a traîné Johannes Wegner à travers toute la ville
puis sur la grand-place de Kneiphof,
on l’a mis en pièces avec des tenailles rougies au feu.
Le bourreau s’appelait Adam Prang.
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Hanny Michaelis, née le 19 décembre 1922 à Amsterdam. À partir de l’été 1942, elle a dû vivre cachée à cause de la persécution des Juifs, tandis que ses parents étaient exterminés au camp de Sobibor. Son premier recueil paraît en 1949. Son œuvre est réunie en un volume, Verzamelde gedichten (Poèmes complets, 1996). Elle est morte le 11 juin 2007 à Amsterdam.

« Involontairement… »
Involontairement, presque
sans le remarquer,
je t’ai incorporé
à la musique qui ne te touche pas,
à la langue que tu ne parles
et ne comprends pas, à moi
que tu n’aimes pas.

« Je ne sais pas… »
Je ne sais pas
s’il y a des mots
qui peuvent faire leur l’odeur
de ta peau, la lumière vive
dans tes yeux, la chaleur
qui surgit en moi dès
que tu me touches, la sensation
hérissée de tes cheveux
au bout de mes doigts,
la peau à la fragilité de pétale
de tes paupières sous
mes lèvres.
S’il y avait des mots pour cela,
je pourrais rapidement tout
fixer sur le papier
pour quand tu n’es pas là
(ce qui arrive souvent).

« Aimer quelqu’un… »
Aimer quelqu’un.
Autrefois, je pensais
que je savais ce que c’était.
C’est pourquoi j’osais dire
que je le faisais.
Aujourd’hui, je ne peux
même plus le penser sans
mauvaise conscience.

« Philosophant brillamment… »
Philosophant brillamment
sur la vie, j’ai laissé
brûler les pommes de terre.
Une preuve indéniable
d’émancipation.

« En route vers une chambre… »
En route vers une chambre
pleine d’étrangers, je passe devant la maison
de quelqu’un que j’ai connu.
Derrière les fenêtres illuminées
son tableau préféré
est accroché encore au même endroit
comme si, il y a des années,
sous un soleil de mars,
entre des peupliers encore nus,
je n’avais pas vu descendre dans la terre
le cercueil et ce qui restait de lui.
Ce moment a fait un nœud
dans mon existence que depuis longtemps
je ne ressens plus. Même le visage
qui a été si souvent présent
devant mes yeux, s’est insensiblement
enseveli sous de gros volumes de temps.
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Hans Tentije (Johann Krämer), né le 23 décembre 1944 à Beverwijk. Professeur de lycée. Il est un des rares poètes aux Pays-Bas à pratiquer avec quelque régularité le « poème en prose ». De 1982 à 1988, il a été rédacteur de la revue Raster, dans laquelle il a publié ses traductions de poèmes de S. Beckett et Y. Bonnefoy.

À la surface
Intemporel semblait le chant qui passait par leurs fils. Ils rétrécissaient les distances, ils agrandissaient le lointain en donnant plus de perspective au paysage. Plus tard que la chaussée qu’ils suivaient, toujours un peu plus tard, ils disparaissaient de la vue.
Avec nos lance-pierres, nous ne tirions pas sur les oiseaux, mais sur les isolateurs de porcelaine. Au bout de quelques mois, il fallait toujours en remplacer un certain nombre. Alors venaient des hommes qui grimpaient jusqu’en haut des poteaux goudronnés avec leurs chaussures munies d’un croissant de fer aux dents pointues. Ils frappaient tour à tour le bois de ces collets de fer. C’était une grimpée pénible, extrêmement lente, qui ralentissait les après-midi. Jamais le chant ne devait se taire.
Je suis descendu. Parallèlement au chemin sont allongés à peu près six poteaux télégraphiques, tout récemment abattus. Les derniers des environs. Ils répandent une odeur de goudron longtemps conservée. Quelques mètres plus loin, je trouve dans l’herbe des godets de porcelaine jetés en tas. Certains avec des brûlures, le collier double et serré du fil de cuivre encore autour du cou. Ils sont plus lourds que je n’aurais cru. J’en bourre le plus possible la sacoche de ma bicyclette.
La poignée que je tiens ensuite n’est autre que celle d’un lance-pierre. Je sens la pochette de cuir, la forme du caillou, j’étire longuement l’élastique du bocal à conserve.
C’est seulement quand je lâche, qu’est coupée pour de bon la communication entre passé et présent.
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